Football

SOS, la VAR a besoin d’aide

VAR (Video Assistant Referee), trois lettres mais que de problèmes ! Voici plus d’un an et demi que l’assistance vidéo a définitivement été adoptée et dire qu’elle n’a pas totalement convaincu est un euphémisme. Critiquée de toute part, elle fait plus que jamais débat. Les Olympistes vous proposent donc de décrypter ses problèmes et d’y apporter quelques pistes pour l’améliorer.  

Vidéo, football, pour beaucoup, l’histoire d’amour entre ces deux-là était inévitable. S’apporter mutuellement en gardant son autonomie, tel était le contrat de mariage. Arrivée dans un football qui accordait de plus en plus d’importance aux (nombreuses) erreurs d’arbitrage, l’assistance vidéo (VAR) était censée clarifier, vérifier, déminer. Quelques mois plus tard rien n’aura été aussi facile que prévu. Qu’on soit pro ou anti-vidéo, les faits sont là : la VAR déçoit. Elle ne clarifie pas les situations, elle les floute. Elle vérifie quand bon lui semble et crée de nouveaux litiges. Tout n’est pas à jeter, loin de là, mais l’utilisation qui en est faite est loin d’être à la hauteur des attentes.

Dans les locaux de la VAR. Crédit : AFP

Des interventions trop longues

Les problèmes sont nombreux mais il faut bien commencer quelque part et comment ne pas parler de la longueur des interventions. Si vous regardez régulièrement un match de foot, vous vous êtes forcément déjà dit : « mais pourquoi c’est aussi long ! ». Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul à vous le demander. Sur de nombreuses actions, la situation paraît claire après un ou deux ralentis, et pourtant, les arbitres vidéo mettent plusieurs minutes à se décider. Des temps morts inutiles qui hachent le jeu. Nous pouvons y ajouter les moments où l’arbitre principal va consulter les images lui-même sur l’écran de bord de terrain. Des moments creux souvent évitables, qui demanderaient une plus grande communication entre l’arbitre principal et l’arbitre vidéo.

Nos solutions : Pas de miracles sur ce point si ce n’est une meilleure communication entre les arbitres et un peu moins de frilosité au moment de prendre des décisions. Ceci étant dit, pourquoi ne pas abolir l’écran au bord du terrain et diffuser les images sur les grands écrans comme cela se fait au rugby ? Ceci introduirait une transparence qui manque terriblement dans les stades et permettrait aux arbitres vidéo et central de se mettre d’accord en regardant les images conjointement.

Quand vérifier les actions…

Au-delà de la durée des interventions, la nature des appels à la vidéo pose aussi question. Rappelons que la VAR ne peut intervenir que dans 4 cas : pour annuler un but, accorder ou annuler un penalty, expulser un joueur, corriger une erreur d’identité. Mais même avec ces restrictions, une question se pose souvent : pourquoi faire appel à la vidéo ici et pas là ? De nombreux exemples nous viennent en tête pour parler de ces situations comme le pénalty plus que litigieux lors de Barça-OL la saison dernière qui n’a même pas été revu par la vidéo. Ou à l’inverse la vérification tardive de la main de Presnel Kimpembe face à United sur une action ou il n’y avait à priori pas « d’erreur manifeste ». Comme le dit très bien Bruno Derrien, ancien arbitre international : « Tout est devenu illisible et il y a parfois deux poids, deux mesures entre ceux qui se déplacent voir un écran et les autres ».

Jason Denayer et Luis Suarez avant le contact litigieux amenant un pénalty. Crédit : Josep LAGO/AFP

Nos solutions : Ce problème est plus dû à des erreurs des assistants vidéo ou à des problèmes techniques qu’au système d’application de la VAR. Des erreurs toutefois trop nombreuses qui minent la crédibilité de l’assistance vidéo et qui doivent être résolues au plus vite.

…et jusqu’à quand ?

Autre question sans réponse : jusqu’à quand la VAR peut-elle signaler une faute ? Lors d’une faute non signalée la VAR peut revenir sur les faits après coup mais rien n’est clair en ce qui concerne les limites de ce retour en arrière. Ce qui donne des situations confuses. Souvenez vous du pénalty et du carton rouge de Thibaut Courtois annulé lors de Real-PSG pour une poussette d’Idrissa Gueye au début de l’action. Ou au contraire, la faute non sifflée sur Ikoné lors du match entre le LOSC et le PSG qui a amené à un but parisien. Nos confrères du Monde ont recueilli les propos de l’ancien arbitre Sébastien Moreira qui résume bien la situation : « Il est possible d’aller jusqu’au début de la phase offensive, même si parfois, c’est limite. Avec une équipe comme Barcelone, où l’action peut commencer cinq minutes avant, quand est-ce qu’on prend le début de l’action ? Ça fait partie du bon sens». Une situation floue qui induit de nombreux litiges.

Nos solutions : Ici, une clarification des Lois du Jeu s’impose. Le flou artistique englobant cette situation est problématique et la FIFA doit trancher sur les modalités du retour en arrière. En cas de faute flagrante non signalée, l’assistant vidéo devrait pouvoir faire arrêter l’action et revenir à la faute (impossible aujourd’hui). En cas de faute plus légère, il faudra attendre la fin de l’action, et là, à l’arbitre de juger .

Des hors-jeux à s’en arracher les cheveux

L’un des problèmes les plus flagrant est là : la gestion du cas des hors-jeux. Une question (plutôt) simple à vue de nez, et qui posait finalement peu de problèmes il y a quelques années. L’arbitre central ne pouvait compter que sur ses assistants qui levaient leurs drapeaux lorsqu’ils décelaient une position illicite. Les erreurs étaient possibles, réelles mais plutôt rares et les situations claires. Aujourd’hui rien n’est moins évident. Les situations les plus litigieuses sont vues et revues à la loupe pendant de nombreuses minutes, disséquées grâce à des révélateurs pas toujours irréprochables. On en vient à annuler des buts pour des hors-jeux calculés au millimètre. Le tout avec des caméras filmant à 24 images par secondes. Plus qu’un détail quand on sait qu’un joueur en pleine course aura le temps de parcourir plusieurs centimètres entre 2 images. Ce qui soulève un autre problème : le manque de moyens technologiques. Tout cela donne des situations à la limite de l’absurde. On en oublierait presque un concept pourtant essentiel : 2 joueurs peuvent être considérés sur la même ligne.

Crédit : beinsport.com

Nos solutions : Pour en finir avec les polémiques grandissantes autour du hors-jeu, plusieurs solutions sont possibles. Les instances ont récemment envisagé une zone de tolérance, mais elle ne ferait que repousser le problème de quelques centimètres. Nous privilégions donc deux autres solutions : la première serait de se doter de moyens technologiques bien supérieurs. Notamment en positionnant des capteurs 120 images par secondes de chaque cotés du terrain. Ce qui permettrait d’analyser en temps réel les positions des joueurs et qui transmettrait un éventuel hors-jeu à l’arbitre assistant. Une sorte de goal-line technology spécial hors-jeu. Une solution qui réglerait quasi-définitivement le problème des hors-jeux mais qui pourrait s’avérer coûteuse et difficile à mettre en place. Nous proposons donc une autre solution beaucoup plus simple : réintroduire la notion de 2 joueurs sur la même ligne. Arrêtons les zooms multiples et les traits en pointillés en prolongement du corps. S’il est possible de déceler le hors-jeu à l’œil nu avec un simple révélateur alors la position est signalée. Sinon, priorité au jeu. Rien de plus simple et pourtant, cela permettrait de remettre un peu de sens dans tout ça.

Des mains à la limite de l’absurde

Autre point qui fait bien souvent hurler les amateurs du ballon rond : la gestion des mains. De plus en plus, les arbitres reviennent sur des mains qui n’avaient vraisemblablement rien de répréhensible. La main de Sissoko en finale de Ligue des Champions, celle de Kimpembe face à United ou celle de Perisic en finale de Coupe du Monde sont de ces exemples qui consternent les fans de foot. Car oui, un joueur peu toucher le ballon de la main sans qu’une faute soit signalée. L’intentionnalité, la position de la main ou encore la distance entre le ballon et la main au départ de l’action sont autant de paramètres à prendre en compte. Mais avec l’apparition de la VAR, une sorte de paranoïa est apparue chez les arbitres et les mains dites « involontaires » sont de plus en plus signalée. Mais le vrai problème est la différence d’interprétation énorme entre les arbitres. La même main est bien souvent traitée de nombreuses façons différentes et les équipes ressentent des injustices grandissantes.

La main de Kimpembe a coûté l’élimination au PSG en 2019. Crédit : AFP / FRANCK FIFE

Nos solutions : Encore une fois, le flou qui règne autour des mains vient de la règle. Comment espérer un traitement uniforme avec des indications aussi large sur le sujet. Une tentative de précision de la règle a bien été lancée cette saison, mais tout est encore loin d’être suffisant. Désormais, toutes les mains amenant à un but ou une occasion de but seront sanctionnées. Un pas de plus vers une pénalisation de toutes les mains, ce qui irait totalement contre l’esprit du jeu. Messieurs les arbitres, prenez vos responsabilités et (ré)apprenez à juger l’intentionnalité de la main. Ajoutons le fait que c’est l’arbitre central qui devrait être le premier juge de cette situation et que l’assistant vidéo ne devrait intervenir qu’en cas d’«erreur manifeste» comme le précise la règle, ce qui est loin d’être le cas.

Finalement, on remarque que les problèmes liés à la VAR viennent bien souvent des interprétations multiples du corps arbitral. Réaffirmons alors le rôle de l’arbitre principal, et remettons chacun à sa place : l’assistant est là pour assister et l’arbitre pour arbitrer. Remettons avant tout l’esprit du jeu au centre des décisions et le football ne s’en portera que mieux.

Enfin, apprenons à prendre un peu de distance avec les polémiques arbitrales. Mettons de côté les analyses interminables, les débats sans fin et (parfois) notre mauvaise foi, pour se concentrer sur le foot. C’est pour ça qu’on aime ce sport.

Crédits photo à la une : Martin BUREAU / AFP
Marius Joly

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