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Le jour où… Boris Onischenko devint Le Tricheur

Le Pentathlon moderne est l’un des sports « mineurs » méconnus en France. Cependant, ce sport est présent aux Jeux Olympiques depuis l’Antiquité et réinventé par Pierre de Coubertin. Ce sport allie, comme son nom l’indique, cinq sports : l’escrime, la natation, l’équitation, le tir et la course à pied (ces deux derniers, aujourd’hui, sont fusionnés à l’image du biathlon). Ce sport rassemble les épreuves pour être un bon soldat.

L’Histoire que Les Olympistes vont vous comter se déroule le 19 juillet 1976, lors des Jeux Olympiques de Montréal. Certains sportifs, lors des Olympiades, écrivent les légendes des différents sports grâce à des prestations mémorables (Jesse Owens en 1936, Carl Lewis ou encore Michael Phelps). Boris Onischenko, quant à lui, est rentré dans l’histoire de la plus malsaine des façons : la Triche ! Mais avant de raconter l’événement du 19 juillet 1976, replongeons nous un peu plus loin…

Boris Onischenko, un illustre athlète

Boris Onischenko était un athlète soviétique connu, médaillé et admiré. Il était considéré comme le meilleur pentathlète de l’URSS, qui jouait les premiers rôles à chaque Jeux Olympiques. Car oui, pour se montrer aux yeux du grand public, il faut être performant lors de la Grande Messe du sport. Boris Onischenko l’avait très bien compris.

Son histoire commença à s’écrire aux Jeux de Mexico de 1968. On vous a déjà parlé de ces Jeux, qui peuvent être considérés comme les plus historiques (podium de Smith et Carlos, ou la révolution Fosburry). A Mexico, l’athlète soviétique participe à ses premiers Jeux Olympiques, mais ne semble pas en subir la pression. Il remporte alors la médaille d’argent lors de l’épreuve par équipes. Le Pentathlon moderne possède une épreuve par équipe où chaque pays sélectionne trois coureurs. Boris va devenir rapidement l’atout numéro un de la sélection soviétique. Quatre années plus tard, à Munich, revoilà Boris Onischenko et l’URSS. Cette fois-ci, le membre du KGB a la volonté de vaincre en équipe et en individuel. Résultat ? L’or avec l’URSS et ses deux autres compagnons, l’argent en individuel. Onischenko est alors la figure du Pentathlon moderne, pouvant redonner un semblant d’intérêt international à ce sport de « second plan ».

Boris a même sa carte Panini !
Crédit Photo : Last Sticker

Même si, dans ce sport, la clé du succès est la polyvalence, Boris reste un escrimeur de talent. L’athlète soviétique manie le fleuret à la perfection, capable de surclasser n’importe quel concurrent. C’est d’ailleurs grâce à ce talent qu’il offre une avance considérable à l’équipe d’URSS.

1976 ou l’art de la triche ?

Que s’est-il passé, la journée du 19 juillet 1976 ? Le record du monde de 100 mètres dos masculin en natation ? Oui, l’Américain John Naber met fin au règne de l’Allemand de l’Est, Roland Matthes. Mais l’histoire de Boris Onischenko reste encore, tout comme son sport, au second plan. Ce 19 juillet 1976, les spectateurs canadiens ont la chance d’assister à la plus grande tricherie de l’Histoire du sport. Outre tous les produits dopants, aujourd’hui fréquemment utilisés par de nombreux « athlètes », Boris Onischenko va s’illustrer par une technique de triche alliant inventivité et technologie.

Ce jour-là se déroulent les épreuves d’escrime de l’épreuve par équipes de Pentathlon moderne. Avant 1996, les épreuves se déroulaient sur cinq jours. Aujourd’hui, afin de dynamiser le sport, les épreuves se concentrent en une seule journée. A l’issue de la première épreuve de tir au pistolet, les Soviétiques se classent quatrième juste derrière les Britanniques. Mais l’URSS a encore espoir de monter sur le podium car l’épreuve fétiche de son capitaine se présente.

Lors de cette épreuve, les différentes nations s’affrontent une à une, dans un duel à une touche, c’est-à-dire, le premier touché perd. Le but est d’éliminer les trois concurrents adverses pour remporter la partie. L’une des premières rencontres oppose les Soviétiques (Boris Onischenko, Pavel Lednev et Boris Mosolov) à la délégation britannique composée de la star Jeremy Fox, ainsi que de ses compatriotes Adrian Parker et Robert Nightingale. L’histoire vaudrait que Boris ait parlé à Fox avant la partie et lui aurait dit :

« Jim, je suis vraiment désolé » – Boris Onischenko, juillet 1976

Tout le monde attend l’exploit soviétique et du capitaine Boris Onischenko. Et cela ne tarde pas, le lieutenant-colonel du KGB expédie le Britannique Adrian Parker en un seul assaut. Jeremy Fox se dira, avoir été étonné de la vitesse de la première manche. Viens donc le tour du match, tant attendu Fox-Onischenko. Et là, stupeur ! Le Britannique esquive le coup de fleuret du soviétique, mais la table de marque des jurys signalent que Fox est touché. Les anglais se révoltent. Les arbitres, perplexes, confisquent l’arme du soviétique.

Boris
Examination du fleuret truqué
Crédit Photo : L’Olympisme inattendu

Au bout de quelques heures, le verdict tombe. L’arme du soviétique contenait un petit interrupteur électronique, pouvant allumer la table de marques des arbitres sans que le fleuret n’ait touché. Boris Onischenko actionnait l’interrupteur pour expédier les différents matchs d’une vitesse éclaire. La supercherie a été démasquée et la délégation soviétique est directement disqualifiée des épreuves Olympiques.

L’ironie de cette histoire reste que Boris Onischenko était un escrimeur hors pair. Il n’a pas eu de mal de battre les Britanniques avec le fleuret de remplacement que les arbitres lui avaient proposé après la confiscation de son arme.

La suite

D’un point de vu personnel, l’après-tricherie pour Boris Onischenko, surnommé dès l’annonce de la supercherie « Boris Le Tricheur », n’est pas tout rose. Éliminé des Jeux Olympiques de 1976, il est banni de manière définitive de toute compétition olympique. Ses propres coéquipiers, furieux, l’expulsent de l’hôtel de la délégation soviétique. L’Armée rouge le renvoie également, sur les ordres de Léonid Brejnev. Certaines légendes estimeraient même qu’il ait finit ses jours dans un Goulag sibérien (ceci est à prendre avec précaution).

Du côté du Pentathlon moderne et même de l’escrime, l’héritage est beaucoup plus important. Les contrôles des armes personnelles vont s’accroître drastiquement et devenir systématiques avant chaque rencontre. Dans les phases finales des grandes compétitions, ce ne sont plus avec leurs propres armes que les escrimeurs combattent, mais avec des armes fournies par les arbitres.

La tristesse ou le dégoût de soi ?
Crédit Photo : Learnodo Newtonic

Cette histoire reste méconnue, même si le magazine britannique, The Observer, a classé Boris Onischenko comme le plus grand tricheur de l’histoire du sport. L’Histoire du sport se forme également dans des désillusions. Pierre de Coubertin voulait réaffirmer la beauté de ce sport, Onischenko l’a enterrée.

Crédit Photo : Media Storehouse
Thomas FRAISSE

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