Sport en Nord Handball

Handball D1 : « Tout reste à faire pour décrocher le maintien »

11ème de la Ligue Butagaz Energie (D1 féminine handball) à 6 matchs de la fin de saison, les joueuses de Saint-Amand vont devoir se battre jusqu’au bout pour assurer leur maintien. Les promues auront à cœur de ne pas gâcher leur saison lors de cette fin d’exercice 2022-2023. Louison Boisorieux, meilleure buteuse de l’équipe, nous confie son ressenti sur sa saison d’un point de vue personnel et collectif.

La joie des joueuses de Saint Amand après leur match nul contre Besançon. Crédit photo : Nicolas H

Dans un championnat compliqué, perturbé par les problèmes financiers de certaines équipes, les joueuses de Saint-Amand ont pour l’instant réussi à se classer à une onzième place synonyme de maintien. Avec un bilan de trois victoires, un match nul et quatorze défaites, l’équipe du Hainaut devance pour le moment Mérignac (sanctionné de cinq points pour des défauts financiers), Toulon et Bourg-de-Péage qui est forfait général suite à la faillite du club. Avec deux descentes sur les quatorze équipes engagées, il faudra au moins rester devant Toulon pour prolonger l’aventure en première division, et ne pas redescendre directement à l’échelon inférieur. Malgré une saison plutôt difficile, on se souvient évidemment de l’exploit réalisé début décembre face à Brest, l’un des gros du championnat.

A 27 ans, Louison Boisorieux réalise sa première saison pleine en première division, et l’on peut dire que c’est une belle réussite. Avec 90 buts inscrits en 18 matchs, elle est la meilleure buteuse de l’équipe cette saison. Elle se classe même au quatrième rang du classement des buteuses de Ligue Butagaz Energie. La native de Clamecy (Nièvre) nous raconte son adaptation au championnat, son parcours et revient sur les problèmes économiques que rencontre son sport.

Sa première saison en D1

Vous réalisez votre première saison pleine en 1ère division, et vous êtes la 4ème meilleure buteuse du championnat. Vous attendiez-vous à une telle acclimatation dès votre première saison ?

Pas aussi bien. Je m’attendais à être bien car je connaissais déjà quelques filles et je savais qu’on allait bien s’entendre. Mais au niveau purement sportif, je ne m’attendais pas à être aussi vite à ce niveau-là, même si on peut évidemment toujours faire mieux !

A 27 ans, vous semblez être aujourd’hui à votre meilleur niveau, est-ce le cas ?

Ah non ! Personnellement je pense que l’on progresse tout le temps, que l’on se bonifie chaque année en rencontrant de nouvelles coéquipières, de nouveaux coachs et de nouvelles manières de travailler. Je pense qu’une fois que je ne pourrai plus progresser, j’arrêterai. Je suis vraiment bien en ce moment, mais il y a toujours moyen de s’améliorer en restant dans un cadre et un environnement professionnel.

Louison Boisorieux, meilleur buteuse de Saint Amand. Crédit photo : LFH

Au niveau collectif, vous êtes 11ème du championnat et le maintien semble à votre portée. Êtes-vous satisfaite de la saison au niveau collectif ?

Pour moi, le maintien n’est vraiment pas assuré, même si on a bien œuvré pendant la période de janvier-février pour s’en rapprocher. Après, on doit encore jouer des concurrents directs (ndlr : Mérignac et Celles) en championnat. Au niveau des points, tout reste à faire donc on va devoir continuer à travailler sérieusement jusqu’à la fin de saison pour décrocher ce maintien.

Collectivement la saison est plutôt réussie car nous sommes une équipe qui monte et notre objectif était de finir le plus haut au classement, donc c’est plutôt bon pour l’instant. Le fait que Bourg-de-Péage ne soit plus dans la course permet aussi d’avoir plus de chances de se maintenir.

Vous êtes actuellement dans une période de coupure, notamment dû à la trêve internationale, ce qui fait que vous n’avez pas joué depuis le 24 mars. Comment abordez-vous la rencontre primordiale contre Mérignac le 18 avril, à la maison ?

C’est effectivement un match très très important. On a d’abord eu quelques jours de vacances, ce qui nous a permis de couper un peu. On a trois joueuses internationales donc qui ne sont pas avec nous pour le moment. On a repris vraiment physiquement cette semaine avec beaucoup de musculation et de travail sur piste, et on va maintenant avoir un peu moins de deux semaines pour vraiment se remettre en route, faire les derniers petits réglages et bénéficier du retour de nos internationales.

Son parcours

On peut dire que vous faites partie des joueuses qui explosent un peu sur le tard. Comment l’expliquez-vous et que ressortez-vous de vos nombreuses saisons en D2 ?

Ça n’a pas vraiment été un choix, car après le centre de formation je n’ai pas eu la possibilité de signer en première division, en tout cas pas au poste d’arrière, donc j’ai pris la décision d’aller m’aguerrir en deuxième division. Ça a au final été un très bon choix, j’ai pu évoluer dans différents clubs en passant à chaque fois dans une équipe un peu plus compétitive et structurée. J’ai pu voir beaucoup de choses dans cette deuxième division, et je pense que ça ne peut qu’être bénéfique d’avoir plusieurs expériences. J’ai pu avoir beaucoup de temps de jeu, et je pense que c’était un meilleur choix que de rester dans une équipe de D1 mais avec très peu de temps sur le terrain.

Il y a t-il un moment où vous avez pensé que vous n’y arriverez pas ?

Je ne me suis jamais dit que je n’y arriverai pas. Après, il faut savoir que quand on est en deuxième division, si l’on est pas dans la meilleure équipe du championnat, c’est très très dur de faire la passerelle. Les clubs de première division regardent très peu la deuxième division, c’est clairement une ligue sous-coté car de nombreuses joueuses mériteraient de jouer à l’échelon supérieur, mais c’est très compliqué de faire cette fameuse passerelle. J’ai eu la chance de signer dans une équipe qui montait, sans ça la transition est très compliqué.

Vous avez signé un contrat de deux ans à Saint Amand, il vous reste donc un an de contrat. Quels sont vos objectifs pour la saison prochaine ?

J’ai signé deux ans donc la question ne se pose pas pour l’an prochain, je resterai à Saint-Amand. L’objectif était de se maintenir la première année et de confirmer la deuxième, donc je pense que ça peut être très intéressant, si on arrive à se maintenir, de voir ce que l’on peut faire la saison prochaine.

Quelles sont vos objectifs pour la suite de votre carrière ?

Mon premier rêve était d’être professionnelle. Aujourd’hui je le suis donc je suis déjà très contente de ça. J’ai pas vraiment d’objectifs précis, je veux continuer de m’amuser dans ce que je fais car c’est un métier de passion avant tout. Si je n’ai plus le plaisir d’aller à l’entraînement le matin ça ne sert plus à rien. J’ai envie de continuer jusqu’au jour où je n’aurais plus envie de faire les différents sacrifices que demande le sport de haut niveau.

Un contexte économique fragile

On a vu deux clubs faire faillite à la fin de l’année dernière (Fleury et Bourg de Péage), et l’équipe de Mérignac a eu des points de pénalité. Comment expliquez-vous cette situation alors que ce sont quand même des clubs de D1 ?

C’est vraiment assez compliqué, et on voit que ça peut arriver à tout le monde. Actuellement, même en D2 masculine on a un club qui est en train de couler en N1, trois autres qui ont reçu des points de pénalité. On est vraiment dans un sport où c’est compliqué, il est bien moins médiatisé que d’autres sports, ce qui attire forcément moins de sponsors. Les clubs se fixent aussi sur des promesses de sponsoring, de mécénats, de subventions et si ces promesses sont retirées le club peut se retrouver vite dans une situation compromettante s’il a déjà engagé des dépenses. Il y aussi des clubs, comme BDP (Bourg-de-Péage), qui achète au-dessus de leurs moyens donc forcément après c’est dangereux. Je sais qu’ici à Saint-Amand tout cela est bien pris en compte, le club n’achète pas au-dessus de ses moyens. Je pense qu’aujourd’hui pour les joueuses il est important de s’assurer des finances du club dans lequel on s’engage, avoir la certitude que les comptes soient sains et bien gérés.

Au niveau de la diffusion des matchs, comment cela se passe-t-il ?

Les matchs sont diffusés sur une plateforme qui s’appelle HandballTV. Il faut donc s’y abonner, mais même une fois abonné tous les matchs ne sont pas diffusés, ce qui est assez énervant. Par exemple, nous ne sommes pas diffusés à domicile car dans notre salle on ne voit pas seulement les lignes de handball. Le seul match où l’on a été diffusé, c’est quand Sport en France (ndlr : chaîne de télévision du Comité national olympique et sportif français) est venu avec son sol, qui passe mieux à la télévision. C’est notamment un axe de progression pour le hand français, permettre à toutes les équipes d’avoir le même sol. Quand on voit parfois que les équipes de France sont diffusées sur des chaînes gratuites qu’à partir des huitièmes de finale, ou très peu diffusées, surtout pour les filles, ça m’énerve forcément. J’aimerais bien que ce soit un peu plus diffusé sur des chaînes publiques pour avoir un peu plus de visibilité, ça c’est sûr.

Alors que l’équipe de France est reconnue mondialement, comment expliquez-vous que le championnat soit en difficulté comme ça, et qu’il y ait une telle hétérogénéité dans le championnat entre Metz, Brest, Nantes et les autres ?

Honnêtement ça je n’en sais pas grand-chose (rires). Il y a toujours des clubs qui ont le bon sponsor, certains ont les mêmes que le club de foot donc ça génère forcément plus d’argent. A Saint-Amand, nous sommes une petite ville de 15 000 habitants avec deux équipes en première division, avec l’équipe de basket féminine, ce qui est déjà assez fou.


On retrouvera les filles de Saint-Amand le 18 avril dans leur salle Maurice Hugot, pour affronter Mérignac. Elles lanceront leur sprint final de 6 matchs qui les emmènera jusqu’à fin mai, où elles espèrent fêter leur maintien avec leurs supporters.

Crédit photo : @SaintAmandHand
Josué Charlos

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