Le meeting indoor de Liévin s’est tenu hier, mercredi 15 février, dans une salle comble et à l’ambiance électrique. Pour cette nouvelle étape du circuit international en salle, les meilleurs sprinteurs et hurdlers étaient réunis. Retour sur le 60m et le 60m haies aux startlists dignes d’un Championnat du monde.
Si vous n’avez pas pu vous rendre à Liévin, que votre télé ne fonctionnait pas, ou pire encore, que vous avez cligné des yeux pendant l’une des folles séries de sprint de ce soir, pas de panique. Les Olympistes vous font revivre les victoires de Ferdinand Omanyala et de Grant Holloway.
Le retour de Jacobs sur 60m
On commence évidemment par ce qui se veut l’épreuve reine de cette soirée : le 60m plat. Un seul but : parcourir les 60 mètres qui séparent les starting-blocks de la ligne d’arrivée le plus vite possible. Les athlètes l’ont bien compris et ont été rapides. Très rapides. La première série est explosive. Il n’y a rien à faire face au champion kenyan Ferdinand Omanyala. Avec le meilleur temps de réaction au départ, il n’est jamais rattrapé et emporte largement sa série en 6″58. Les deux tricolores, Mateo Paolo et Jeff Erius, ce dernier un peu déçu, se classent 5ème et 6ème de cette première course. Insuffisant pour ensuite se frotter aux meilleurs en finale. « C’était ma première fois au meeting de Liévin, déclare Jeff Erius, je paye un enchainement de compétitions en un laps de temps très court (ndlr : une semaine). Je paye aussi une mauvaise sortie de blocks alors que les sensations sont bonnes, c’est dommage mais on va régler ça avant les France Elite de ce week-end et je pense que ça devrait aller. ».
La deuxième série est moins rapide, mais pas moins impressionnante. Pour cause, le Champion olympique du 100m Marcel Jacobs se tient au couloir central, visage fermé. Il remporte sans surprise sa course, avec un temps de 6″64. Les Français sont plus heureux dans les pas de Jacobs. Aymeric Priam et Meba-Mickael Zézé se classent 3ème et 4ème, accédant ainsi à la finale. « Je suis content d’être en finale, mais le temps ce n’est pas encore ça, je peux mieux faire. Je suis content de mon temps de réaction, mais au niveau technique dans ma poussée j’ai fait quelques erreurs. Je dois les corriger en finale pour accrocher le Champion olympique et faire descendre mon temps. »
Une finale à la hauteur de nos espérances
La finale s’annonçait fulgurante, et elle a tenu toutes ses promesses. Après un départ puissant, les vainqueurs des séries sont au coude-à-coude, jusqu’à ce que Ferdinand Omanyala face la différence sur la fin de course, se permettant même une grimace en passant la ligne, en 6″54. C’est pour lui un record personnel, et national. A. Priam se classe 7ème, et l’autre tricolore M. Zézé 6ème. « Pas de sensation, pas le résultat espéré. Il faut améliorer le départ, le relâchement et surtout la forme en vue des Championnats de France. Il faut un départ plus dynamique, plus explosif et avec plus d’intentions vers l’avant. Je ne demande qu’à faire des grandes compétitions comme celles-ci […] avec un tel casting… Ça ne me crispe pas forcément de courir contre Jacobs. Ça fait des années que je cours contre lui, c’est un adversaire comme un autre, sauf qu’il court de plus en plus vite et qu’il a un titre de Champion olympique en plus. »
60m Haies : PML insatisfait, Holloway tonitruant
Le 60m et le 60m H ont jonglé avec l’attention des spectateurs, assurant le spectacle au fil de la soirée. Comme pour le 60m plat, deux séries et une finale au programme. Et là aussi, les meilleurs sont au rendez-vous. Côté français, ça passe en finale, avec Just Kwaou-Mathey 3ème de sa série, et Pascal Martinot-Lagarde 4ème, qualifié au temps (7″73). Mais le plus gros client est dans la série d’après : Grant Holloway, recordman du monde (7″39), remporte sa course en 7″40.
« Je suis toujours challengé, je n’ai pas la casquette de patron incontestable. Peut-être que sans cette émulation positive j’irais moins vite, ils veulent me pousser à la retraite et ça fait du bien. » Pascal Martinot-Lagarde
La finale se déroule comme attendue. Holloway arrive le premier sur la première haie. La machine est lancée. Ses concurrents ne voient que ses talons jusqu’à la ligne d’arrivée, et ne parviennent même pas à les accrocher. Malgré de « bonnes sensations » il explique qu’il doit « un peu mieux sortir des blocks, et continuer de travailler quelques aspect techniques ». Pour le reste il maîtrise : « je sais franchir des haies depuis que je suis jeune ».
La bonne nouvelle reste la troisième place de Pascal Martinot-Lagarde. Une troisième place qui ne le contente pas totalement : « Je voulais une montée en puissance pour aujourd’hui en vue des championnats de France, mais j’attendais une meilleure forme. Je ne suis pas défaitiste, mais pas satisfait… c’est un 12/20 aujourd’hui. Grant Holloway est tonitruant, il est imprenable depuis 5ans. J’estime que j’ai fait de la figuration aujourd’hui face à lui, alors que d’habitude j’arrive à gratter un talon ». Le Français a en ligne de mire les Championnats d’Europe, et se servira de cette course pour s’y préparer.
« Je réagis bien à la pression. Liévin c’est un évènement que j’attends. J’ai besoin de me prendre des claques parce qu’aujourd’hui, les claques, elles ne me font plus mal. Je n’arrive pas à réagir sur les défaites et à me remettre dans le dur. En championnats j’y arrive car je suis dos au mur, alors qu’en meeting je m’en fiche de perdre, alors que là j’ai envie de retrouver une rage et la gagne ». Cette gagne c’est ce qui lui manque, mais elle n’est pas très loin. PML enchaînera les compétitions en 2023, pour atteindre ses objectifs un par un et arriver aux JO 2024 en grande forme.
Les Olympistes 