Hier soir, les Olympistes se sont déplacés à Roubaix pour vous faire vivre le Perche en Or 2023, et ça en valait le coup. Le champion d’Asie Ernest Obiena a surclassé ses concurrents en effaçant 5m82, au terme d’une soirée riche en émotions.
Pour tous les perchistes, sans exception, présents ce soir, le Perche en Or est une compétition de début de saison. Chacun cherche ses marques, ses repères techniques et avance vers ce qui doit être le meilleur de sa forme. Pour cela, les athlètes masculins, ainsi que les athlètes féminines, se sont donné rendez-vous au Stab vélodrome de Roubaix, et non à Tourcoing comme l’année dernière, la salle étant en travaux.
Des Français mitigés…
Le concours commence mal pour quelques-uns de nos frenchies, très mal même. C’est le cas d’Alioune Sène, qui manque ses trois essais à 5m25, sa première barre. Zéro pointé pour lui, toujours insuffisant pour lui ôter le sourire. Romain Gavillon franchit quant à lui cette hauteur, mais n’ira pas plus loin. Pour continuer la liste des frustrés du soir, on se doit de citer Thibaut Collet, stoppé en plein vol à 5m55, après une pourtant très belle entrée dans le concours, et une belle performance la semaine passée à Reno (USA), à 5m81. « C’est le début de saison, des compet’ de réglage », rassure l’entraîneur Philippe D’encausse. « On prend des informations sur les courses d’élan, sur les perches, pour savoir ce qu’il faudra appuyer à l’entraînement » explique Romain Gavillon.
« Il faudrait que les perches soient un peu plus grosses pour être bien, mais on va dire que ça correspond à la forme de début de saison pour l’instant. On va se servir de cette compétition pour améliorer les prochaines. » affirme Romain Gavillon.
Il y a une amertume logique dans les paroles de certains perchistes. Ils le savent, le début de saison est pénible, le corps est une machine longue à remettre en route en plein hiver. Ils ne sautent en effet pas encore tous sur des élans complets, ni avec des perches trop grosses. La montée en puissance se fera donc progressivement, tout au long du Perche Elite tour.
…mais aussi prometteurs
Si certains repartent déçus, d’autres peuvent se féliciter. C’est le cas de l’autre frère Collet, Matthieu. Son concours connaît des hauts et des bas. Il se fait peur mais valide 5m40, 5m55 et enfin 5m65. Tout cela au troisième et dernier essai. Ethan Cormont, manifestement le Français le plus à l’aise sous sa perche ce soir, débute lui aussi très bien sa saison avec un saut à 5m65. Ils n’ont pas à rougir. Ils ont fait très bonne figure face aux internationaux présents ce soir. C’est l’exemple de la paire chinoise : Huang et Yao. Deux physiques parfaits, très secs, élancés. Et des sauts splendides pour un début de saison, plus engagés et dans l’axe que le reste du casting de ce soir.
Les projecteurs étaient aussi sur le vainqueur du Star Perche de Bordeaux : Robin Emig, 21 ans. Il bat son record deux fois ce soir (5m65), et cela sur seulement douze foulées. « Robin a une marge de progression énorme, un vrai talent, assure Philippe D’Encausse, on lui souhaite de sauter le plus haut possible ». Le groupe de l’entraîneur français continue quant à lui de progresser « On a eu du bien et du moins bien. Certains sont passés à côté mais ça fait partie du jeu. On a un groupe conséquent qui se tire vers le haut. »
L’avion Obiena
5m55 a fait le tri parmi les perchistes, et 5m75 encore plus. Les concurrents s’émiettent et ils ne sont que deux à tenter 5m82. Le Chinois Jie Yao, et l’incroyable Philippin Ernest Obiena. Un duel au sommet. Yao s’attaque au record de Chine, sans succès. Obiena passe sereinement cette barre, au premier essai. Il échoue ensuite à 5m90, de quoi tempérer sa victoire :
« Je suis content de l’emporter, mais pas de mes sauts. J’ai perdu beaucoup d’énergie en manquant mes deux premiers essais à 5m75. Cette énergie m’a manqué dans mes tentatives à 5m90. »
Sa victoire est aussi relativisée par la présence d’athlètes ukrainiens, ce soir encore impactés par la guerre que l’on ne vous raconte plus, et la mort d’un de leur compatriote décathlonien il y a quelques jours. La fête est troublée et la grande famille de l’athlétisme endeuillée. « Mon entraîneur Vitaly Petrov est ukrainien, et les Ukrainiens sont forts. Je ne suis pas assez légitime pour parler à leur place, mais je me sens mal. Ils doivent porter le poids de leur camarade tué là-bas. Ces soirées perche peuvent leur permettre d’oublier tout ce stress le temps d’une soirée, mais ils sont ensuite rattrapés par la réalité »
Les Olympistes 