Ce dimanche 20 novembre a eu lieu le dernier match de la tournée d’automne de l’équipe de France de rugby à XV. Cette victoire signe la fin des matchs amicaux avant le retour à la compétition en février pour le Tournoi des Six Nations. Elle place aussi les Bleus dans une position de favoris pour les grandes compétitions à venir, notamment la Coupe du Monde 2023. C’est l’évolution fulgurante d’une équipe qui il y a de ça quelques années jouait devant des stades rarement remplis et commençait les compétitions avec le statut d’outsider. Elle qui se retrouve maintenant au sommet du rugby mondial.
Une tournée d’Automne sans accros
Trois matchs, trois victoires. Les Bleus invaincus rentrent dans l’histoire. Un scénario de rêve, réalisé par cette équipe française. Et pourtant, le premier match contre l’Australie est compliqué. Retour sur cette équipe qui n’avait plus joué ensemble depuis leur Grand Chelem au Six Nations, face à une autre qui venait d’enchaîner plusieurs mois ensemble. Un temps d’adaptation était nécessaire pour retrouver les automatismes: ils sont plusieurs fois menés au score. C’est grâce à un travail collectif bien construit, et à des individualités comme Antoine Dupont ou Julien Marchand que les Bleus ont réussi à faire la différence jusqu’au coup de sifflet final. Score final 30-29, et une victoire qui permet à l’équipe d’égaler le record d’invincibilité dans l’histoire du XV de France, avec 11 victoires d’affilée.
Le deuxième match est attendu mais surtout redouté. L’adversaire n’est autre que le champion du monde en titre, l’Afrique du Sud, connu pour son jeu agressif et percutant. Les Français savaient à quoi s’attendre, ils se sont préparés au mieux, mais rien n’aurait pu les préparer à ça. Les Springbocks sont réduits à 14 à cause d’un premier carton rouge dès la onzième minute. Côté français, à la quarante-huitième minute, Antoine Dupont écope du premier carton rouge de sa carrière professionnelle. Le capitaine sort en laissant son brassard à Charles Ollivon. Les revoilà à 14 contre 14. Le match se finit à 13 contre 14, après un carton jaune encaissé par les Sud-africains dans les dix dernières minutes. Un match agressif, en démontre les 5 protocoles commotions nécessaires pendant la partie, et les nombreuses pénalités concédées par les deux équipes. Les Bleus sont menés au score de la 50ème à la 74ème minute de jeu. L’essai de Sipili Falatea délivre le XV de France et tous les supporters du Stade Vélodrome. Le match se finit sur le score de 30-26, notamment grâce à l’excellent travail de Thomas Ramos. Son travail au pied lors des pénalités ou des transformation est décisif. L’incroyable entrée en milieu de match de Macalou, l’est aussi, défensivement comme offensivement.
Pour le dernier match de cette tournée, les Français sont à Toulouse, terre de rugby, pour affronter les Japonais. Equipe plus disciplinée que les Springboks, mais aussi moins redoutée. Et pourtant, la première percée est japonaise dans les premières minutes après le coup d’envoi. Les Bleus se reprennent vite et maîtrisent ce match. Des joueurs qui interviennent normalement en milieu de match pour remplacer les cadres sont présents dès le début, en l’absence de certains. C’est le cas de Maxime Lucu, qui réalise un très bon match en contrôle. Avec cette victoire 35-17, les joueurs obtiennent leur 13ème succès d’affilé. Le record continue avec près d’un an et demi d’invincibilité, leur dernière défaite remontant à juillet 2021 en Australie.
Le XV et ses supporters: une osmose retrouvée
Les supporters commençaient à penser qu’ils ne retrouveraient jamais une équipe de France triomphante. Les stades se vidaient, et la passion se cachait derrière les défaites à répétition et un « French flair » disparu. Depuis 2015, et le fiasco de la coupe du monde, le XV de France a connu trois entraineurs différents. Guy Novès est l’entraineur des Bleus de 2015, jusqu’à décembre 2017. Il est limogé par la Fédération Française de Rugby suite à de trop mauvais résultats à la tête de l’équipe. En vingt-et-un matchs: un match nul et 13 défaites pour seulement 7 victoires. Pour lui succéder, Jacques Brunel, de 2017 à 2019. Deux ans de résultats décevants, deux quatrième places dans le Tournoi des Six Nations, un bilan de 10 petites victoires en 23 matchs. Ce n’est pas suffisant. Mais qui pourrait bien réussir à reconstruire le XV de France et lui redonner son prestige?
Fabien Galthié devient officiellement le sélectionneur de l’équipe de France après la Coupe du Monde 2019 avec comme projet de construire un groupe soudé, lui faire retrouver son niveau et permettre aux joueurs de redorer le blason du rugby français. Et il faut dire que ça a plutôt bien fonctionné jusqu’à présent. Depuis maintenant trois ans, les Bleus n’ont connu que 6 défaites, et pas une seule depuis le 17 juillet 2021. Entre temps, les Français ont réalisé un Grand Chelem au tournoi des Six Nations 2022 et sont montés à la deuxième place du classement World Rugby. Ils sont rentrés dans l’histoire du rugby français avec leur 13 victoires consécutives. Ils ont défait les champions du monde en titre ainsi que la montagne néozélandaise, pour se hisser au rang de favoris pour la prochaine grande compétition: la Coupe du Monde 2023 qui se déroulera en France. Le groupe en place est solide, malgré l’absence de certains joueurs qui avaient été décisifs en début d’année pour le Grand Chelem, les joueurs appelés pour les remplacer ne déçoivent pas. Depuis 2019, Fabien Galthié a fait appel à pas moins de 78 joueurs différents pour tenter de construire le meilleur groupe possible et trouver les meilleurs options et combinaisons. Un nombre important de joueurs qui représente un large panel de possibilité et qui est une chance pour le sélectionneur lorsque chacun a sa place et connaît son rôle dans ce groupe France.
Les Bleus ont fait le travail sur le terrain. Dans les tribunes, les supporters se sont eux aussi remobilisés au cours de ces trois dernières années. Les stades sont remplis à chaque match et les joueurs acclamés à chaque apparition. Devant leurs écrans, les spectateurs sont nombreux et font battre des records d’audience. Après des pics à 10 millions de spectateurs pendant le tournoi des VI nations, cet automne, les trois rencontres amicales ont regroupé un total de 20,4 millions de supporters devant leurs postes. 5,5 millions de français se sont branchés pour regarder le match contre les Sud-africains avec un pic d’audience à 7,1 millions. Du jamais vu pour un match amical du rugby français, et les joueurs en sont reconnaissants. Beaucoup d’émotions à chaque matchs, des supporters présents à tout moments, même lorsque l’équipe est en difficulté. On a aussi eu droit à des marseillaises à couper le souffle, retentissantes avant chaque rencontre. Les Bleus ont retrouvé leur « French flair » et leur public, et c’est tout ce qui leur manquait pour viser le sommet.
Les Olympistes 