Un record de plus pour le Serbe. Ce dimanche, il a remporté son sixième Masters, égalant le record de Roger Federer. Il est, du même coup, devenu le joueur le plus âgé à remporter ce prestigieux tournoi, à l’âge de 35 ans. Une victoire qui ne fait pas vraiment office de surprise. Djokovic faisait, dès le départ, office de favori. Il n’a pas déçu.
Le gratin du tennis mondial
Les Masters, qui se déroulaient cette année à Turin, regroupent pour un tournoi les huit meilleurs joueurs de l’année. Ils sont au départ répartis en deux poules de quatre, les deux premiers de chaque groupe se qualifient pour les demi-finales et à partir de là, celui qui gagne son match se qualifie en finale. Cette année, le casting était assez inédit avec deux petits nouveaux : Félix Auger-Aliassime et Taylor Fritz. Le second a d’ailleurs réalisé une belle performance puisqu’il s’est qualifié pour les demi-finales, où il s’est incliné face à Novak Djokovic. Entrée en matière plus compliquée pour le premier, qui s’est pourtant imposé face à Rafael Nadal en phase de poules.

L’Espagnol, recordman du nombre de titres en Grand Chelem (22), n’a jamais réussi à remporter les Masters, et cette édition n’échappe pas à la règle. Arrivé diminué et en manque de rythme, il s’est incliné contre les deux novices de l’épreuve, mais a tout de même sauvé l’honneur en battant Casper Ruud, futur finaliste du tournoi. Si l’Espagnol en a inquiété plus d’un au vu de son état de forme et de son niveau de jeu, il reste difficile de l’oublier. Plus d’une fois il est revenu à son meilleur niveau, et plus d’une fois il a donné tort à ceux qui le jugeaient « fini ». Une règle prévaut toujours avec ce genre de champion : ne pas les enterrer trop vite.
Dans l’autre poule, c’est un peu la même histoire. Qualifié de « groupe de la mort » par beaucoup, il a pourtant été largement dominé par un homme, Novak Djokovic. Le Serbe a balayé Stefanos Tsitsipas et Andrey Rublev, et a parachevé son début de parcours par une victoire contre Daniil Medvedev. Cette rencontre a été la plus spectaculaire de la semaine, bien que sans enjeu car Djokovic était déjà qualifié et assuré de terminer premier de son groupe, et Medvedev était déjà éliminé. Mais c’est l’apanage des grands champions, ne rien lâcher, ni dans une position confortable, ni même dos au mur. C’est cette mentalité qui a permis à Andrey Rublev de se qualifier pour le tour suivant, grâce à des victoires face à Medvedev et Tsitsipas, dans des matchs qui se sont joués en trois sets à chaque fois (règle des deux sets gagnants), avec une tension maximale.
Deux salles, deux ambiances
C’est donc un carré final inédit qui s’est dessiné à l’issue de la phase de groupes : Casper Ruud face à Andrey Rublev (première demi-finale), et Novak Djokovic face à Taylor Fritz (également première demi-finale). Deux matchs avec des physionomies très différentes. D’un côté, Ruud a joué son jeu face à un Rublev qui a complètement craqué mentalement. Après la perte du premier set, le Russe a lâché et n’a jamais semblé en possibilité de revenir face au métronome norvégien.

Crédit photo : Firstsportz/ Gettty Images
De l’autre côté, place à l’un des matchs les plus disputés de la semaine, bien qu’il ne se soit joué qu’en deux manches. Fritz qui, il faut le rappeler, disputait son premier Masters, a accroché Djokovic, le poussant au tie-break dans chacun des deux sets. Le Serbe a semblé diminué physiquement à plusieurs reprises, émoussé par son combat de la veille face à Medvedev (3h10 de match). Mais il s’agit de Djokovic, et même s’il a été menacé par l’Américain, le Serbe a su serrer le jeu dans les moments-clés pour s’adjuger la victoire et filer en finale. Une rencontre qui a sûrement laissé un certain sentiment de frustration en Fritz, qui servait pour le set dans la deuxième manche, et aurait pu prolonger ce match.
La même histoire
Finalement, cette finale a vu s’affronter deux habitués des grands rendez-vous. Djokovic l’est depuis des années. Ruud ne l’est que depuis cette saison, où il a joué deux finales de Grand Chelem, mais confirme semaine après semaine qu’il fait partie des tous meilleurs à l’heure actuelle. Mais une fois de plus, il s’agit d’aller battre Djokovic, en quête de records, et dans ce genre de situation peu de joueurs sont capables de faire la différence. Ruud n’en fait pas encore partie. Depuis quelques années, de nouvelles rivalités, autres que contre Nadal et Federer (aujourd’hui retraité), émergent pour se dresser face à l’ogre serbe. On pense ici à Medvedev, Alcaraz ou plus récemment Rune pour ne citer qu’eux. Mais Ruud est encore trop « gentil » et tendre lorsqu’il se retrouve en finale d’un grand tournoi pour espérer remporter un titre majeur. Pour sa défense, il s’est incliné cette année en finale d’un tournoi majeur face à Nadal, Alcaraz et Djokovic, mais c’est ce calibre de joueurs qu’il faut battre pour espérer faire partie des plus grands.

Dimanche en finale, il n’y a pas eu photo. Après une première manche remportée par Djokovic, dans laquelle il n’a pas joué son meilleur tennis, le Serbe a déroulé. Déjà très à l’aise au service dans le premier set, et dangereux sur les engagements du Norvégien, l’ancien numéro un mondial a mis un coup d’accélérateur dans la deuxième manche. Il break très tôt son adversaire, avant d’aller conclure et de remporter le tournoi pour la sixième fois. C’est la quatrième fois qu’il le remporte en étant invaincu, il devient aussi le premier joueur, entre autres records, à remporter ce tournoi plus de sept ans après son dernier sacre. Il finit l’année à la cinquième place mondiale, et pourrait remonter encore plus haut dès le début de saison puisqu’il participera à l’Open d’Australie, où il avait été interdit de jouer cette année. Le Serbe confirme que malgré son éloignement forcé des terrains, pour cause de non-vaccination contre le Covid-19 ou pour blessure, ne lui ont aucunement fait perdre son niveau. Il paraît presque plus fort que jamais, et sera l’un des hommes à battre la saison prochaine, comme tous les ans depuis quinze ans. Comme le disait le Serbe sur le ton de l’humour avant sa finale à Bercy il y’a deux semaines : « Rune, Alcaraz, moi, on est tous jeunes. C’est la nouvelle génération. » Le ton est donné.