Malgré sa blessure aux abdominaux lors du Masters 1000 de Paris, l’empêchant de concourir aux Masters de Turin et à la Coupe Davis, le conquistador espagnol a été assuré hier de terminer la saison au rang du numéro un mondial à l’âge de 19 ans et 6 mois, du jamais vu ! Comme un symbole, c’est la défaite de son compatriote espagnol Rafael Nadal mardi soir face à Felix Auger-Aliassime (6-3, 6-4) qui a confirmé son règne sur cette saison ATP. Retour sur cette prouesse et cette année faramineuse du Roi Carlos.
Une progression fulgurante
Terminant la saison 2021 en tant que vainqueur des Next Gen Finals, tournoi réunissant les huit meilleurs joueurs de moins de 22 ans, beaucoup voyaient en Alcaraz un futur « crack » du tennis mondial. Mais qui aurait parié le voir dès cette saison affoler les compteurs pour devenir la star planétaire du tennis mondial.
Alors qu’il pointait à la 32ème place mondiale début janvier, l’ascension de « Carlitos » débutait par sa victoire conquérante en février au tournoi ATP 500 de Rio, le propulsant aux yeux d’un public surpris par sa maturité et ébahi par la fraîcheur de son tennis. Puis, il gravit les échelons en remportant en l’espace d’un mois le Masters 1000 de Miami, l’ATP 500 de Barcelone, et le Masters 1000 de Madrid, chez lui. Cette victoire à Madrid est sans doute l’une des plus impressionnantes performances de cette saison, battant Rafael Nadal, Novak Djokovic et Alexander Zverev, les trois têtes de série du tournoi en à peine trois jours. Avec un panache hors du commun, et une défense monstrueuse, Alcaraz devient dès lors un phénomène, attirant les foules et apportant un renouveau sur le circuit mondial.

Entrant dès à présent dans le top 10, Alcaraz a un nouveau statut de favoris en marge des Grands Chelems de Roland Garros et Wimbledon, lui concédant sans doute une pression plus pesante pour un joueur qui reste encore un « gamin » du tennis. A Roland Garros, on a ainsi pu voir la machine dérailler, avec une élimination précoce en quart de finale face à Alexander Zverev autoritaire, faisant jouer de son expérience en Grand Chelem. A Wimbledon, lors de son huitième de finale contre Jannick Sinner, même problème, Alcaraz avait du mal à mettre en route la machine et rentrer dans son match. Déçu de ses deux derniers tournois au vu de sa forme du moment, ce retour à la réalité témoigne de la marge de progression qu’il reste à atteindre pour le tout juste âgé de 19 ans.
L’US Open, le graal d’une saison tonitruante
L’apothéose de sa saison est sans aucun doute son titre à Flushing Meadows. Consécration d’une saison remarquable, le prodige espagnol a livré « un show à l’américaine », remportant la moitié de ses six matchs en cinq sets. Phénoménal en défense comme en attaque, la locomotive Alcaraz n’aura fait qu’une bouchée du Norvégien Casper Ruud en finale, lui permettant de s’approprier la place du numéro un mondial à l’âge de 19 ans et 6 mois, un exploit jamais réalisé auparavant. Il efface ainsi largement les records d’un certain Lleyton Hewitt, devenu numéro un mondial à 20 ans et 8 mois. Il devient également le plus jeune joueur à remporter l’US Open depuis Pete Sampras en 1990 et plus jeune à décrocher un titre du Grand Chelem depuis un certain Rafael Nadal en 2005. Un record de précocité faisant de Carlos Alcaraz la possible nouvelle star du tennis mondial, et indéniablement le joueur de l’année, avec une statistique virevoltante de 58 victoires pour seulement 13 défaites, le meilleur ratio de cette saison.
La Fin d’une ère ?
Cette prouesse inédite symboliserait-elle la fin du « big four » (Nadal, Djokovic, Federer, Murray) ? Il est évidemment encore trop tôt pour tirer des conclusions : le Serbe Novak Djokovic semble retrouver du rythme sur le terrain, enchaînant une série impressionnante de 15 victoires pour 1 défaite depuis septembre dernier. Nadal, malgré sa méforme du moment, reste toujours un compétiteur et un challenger aguerri pour la saison prochaine. De nombreuses fois on a prédit la fin du « big four » et de nombreuses talentueuses « next gen » s’y sont finalement cassées les dents (Thiem, Tsitsipas, Zverev…)
Mais, la performance d’Alcaraz n’est pas un pur hasard. C’est une « mini-révolution » puisque depuis 2003 et Andy Roddick, aucun joueur hors du « big four » n’est parvenu à finir l’année à la premièe position du classement ATP. C’est le fruit d’une montée en puissance d’une nouvelle génération dorée, sans scrupule, avide de renverser une génération de joueurs jugés jusque-là comme inatteignables. Reste désormais à savoir si le nouveau roi espagnol aura ou non les capacités à assumer et endosser ce statut de meilleur joueur mondial, notamment face à l’émergence d’une autre pépite du tennis, le Danois Holger Rune, 19 ans, récent vainqueur du Masters 1000 de Paris. Hier, Alcaraz affirmait ainsi être au rendez-vous pour l’Open d’Australie en 2023 : « Je vais être à 100 % au début de la saison. Je vais prendre quelques jours off désormais pour déconnecter et me ressourcer. Ensuite je vais me focaliser sur la pré-saison. Je veux m’améliorer pour commencer l’Open d’Australie aussi bien que je le puisse. » Les dés sont jetés, que la saison 2023 commence !
