Reçues 3 sur 3. Les joueuses de l’ESBVA retrouvaient la Roche Vendée à domicile pour le compte de la 3ème journée d’Eurocup. Sérieuses et appliquées, les Villeneuvoises ont plus que rempli leur mission et poursuivent leur sans-faute dans la compétition.
Un Palacium bouillant à l’image de ses joueuses, tel est le résumé que l’on pourrait faire d’une soirée parfaite. Cette 3ème journée européenne fait déjà office de confirmation pour Villeneuve d’Ascq. Les joueuses ont prolongé leur bonne entame de l’Eurocup en prenant rapidement le dessus sur des Vendéennes étouffées du début à la fin. Le score final parle de lui-même : 81-50. On serait tenté de s’arrêter sur cette image d’un collectif fort, d’une maitrise de tous les instants et d’un coaching serein, mais ce match mérite plus que ça.
Un match a sens unique
Là où les premières minutes d’un match sont souvent indicatrices de la suite, les joueuses de Villeneuve d’Ascq ont dérogé à la règle. Le tout début du 1er quart temps n’est qu’une phase de rodage sans réelle initiative et marquée par l’imprécision. Sans même parler d’un score qui met du temps à décoller, l’ESBVA se démarque assez vite grâce à des individualités. Karia Smalls est la joueuse la plus importante de ce premier quart temps, aussi bien au rebond qu’en attaque. En plus d’enchainer 3 tirs à 3 points, elle semble prendre le rôle de meneuse d’Heriaud en distribuant le jeu sur les phases offensives. 25-10 à la fin du 1er quart temps, l’écart ne redescendra plus. Salaun et Ben Abdelkader suppléent la prolifique Smalls et l’effort collectif se met en place : 50-25 à la mi-temps.

En face, le RVBC (Roche Vendée Basket Club) est en manque de solution. Incapables de renouveler des schémas tactiques saturés, les Vendéennes commettent en plus de nombreuses fautes évitables. L’activité offensive se limite à des tentatives hasardeuses souvent ponctuées d’échec. Le 3ème quart temps est l’illustration parfaite de cette incapacité à exister malgré une baisse de régime des Villeneuvoises. La nervosité et l’agacement non dissimulé du coach semble se transmettre à l’ensemble des joueuses. Seul Tima Pouye (17 points) a surnagé dans l’inoffensivité, l’indiscipline et le manque d’adresse de ses équipières. Le 4ème quart temps, plus débridé, a fait la part-belle aux belles actions collectives de l’ESBVA, conclues à 3 reprises par Salaun. Accablées par un pourcentage presque dérisoire au tir ( 23% ), les Vendéennes font à peine entrevoir un début de réveil en fin de rencontre. Le score final est fleuve : 81-50 pour Villeneuve d’Ascq.
Rien n’est jamais parfait
Loin de nous l’idée de venir chercher la petite bête, mais il est toujours bon d’apporter de la nuance à une aussi grosse victoire. Un spectateur nous confiait que les joueuses de la Roche Vendée enchainaient un 3ème déplacement en un peu plus d’une semaine et « étaient au bout du rouleau physiquement ». Il est vrai qu’on a souvent eu l’impression, et ce dès le début, que les deux équipes n’affichaient pas le même niveau de fraicheur. Le coach du RVBC refuse strictement de chercher des excuses en conférence de presse. Pour lui, les explications se résument à la différence de niveau. Fair-play bien que passablement déçu, il a mis en garde les fans de l’ESBVA :
« ce soir vous avez eu un gros Villeneuve d’Ascq contre un tout petit Roche Vendée, (…) au retour vous verrez le vrai Roche Vendée »
Coté Villeneuvois, la performance collective, comme le souligne le coach Rachid Meziane qui y est pour beaucoup, est réussie et conforte ses principes : « même en jouant un petit moins, les joueuses cadres répondent présentes. » Le 3ème quart temps a révélé les axes de travail du coach, avec quelques trous d’air qui ont malgré tout illustré la solidarité de l’équipe, comme il le soulignait en conférence de presse. Lorsqu’il y a moins de réussite offensive, il est bon de pouvoir « s’appuyer sur un socle défensif solide ». Pendant de longues minutes, les joueuses se sont neutralisées d’une part et d’autre du terrain, dans un affrontement âpre et brouillon. Le salut est venu du banc en 2ème mi-temps, avec la jeune et vive Cissé qui a débloqué la fin de match timide des siennes, bien épaulée par le duo Salaun – Ben Abdelkader et la solidité de Diaby dans la raquette.

En bref, la performance d’ensemble est plus que satisfaisante mais elle ne doit pas faire prendre la suite de la saison pour acquise, de quoi faire écho au discours du coach Villeneuvois qui semble avancer avec prudence et humilité.
Le focus du match : Janelle Salaun
4 joueuses à plus de 10 points… Dans des performances aussi cohérentes collectivement, il n’est pas toujours pertinent de discerner une individualité du collectif,. Mais que serait cette équipe sans des joueuses charnières ? Trêve de philosophie, Janelle Salaun est à nos yeux la joueuse du match. Bien qu’elle ne soit pas celle qui présente le meilleur bilan comptable, ses 28 minutes sur le terrain lui ont permis de montrer sa polyvalence d’ailier.
En attaque, elle affiche 13 points à 50% et 2 passes décisives. Des statistiques presque modestes qui ne reflètent pas sa grande activité. Après un premier quart temps timide, la joueuse a pris confiance et est l’une des premières à avoir proposé des vraies solutions offensives à Smalls. Dans ce sport où il est si important de créer du mouvement même sans la balle, Salaun a la maitrise de cette science. De nombreuses fois démarquée grâce à ces permutations, la Française n’a pas hésité à servir ses coéquipières dans des conditions souvent idéales. Tout au long du match, c’est elle qui a permis de briser des schémas de jeu trop caricaturaux. Son superbe 4ème quart temps vient ponctuer une performance offensive complète, avec notamment 2 magnifiques enchainements à 3 points, qu’elle initie et conclue.

Défensivement aussi, Salaun était une des joueuses clé hier soir. Ses 7 rebonds offensifs illustrent son activité sans faille, d’un côté comme de l’autre. Relativement grande, l’ailier sait parfaitement mettre son corps en opposition et gêner les phases offensives adverses. Si le jeu de la Roche Vendée était aussi stéréotypé, c’est aussi parce que Salaun n’a presque jamais failli au marquage quitte à commettre des fautes « utiles ». De toute façon, il faut savoir se mouiller et il faut croire que la bonne étoile qui brillait au-dessus du Palacium hier a été sensible à ce dévouement.
Pour l’ESBVA, la saison ne fait que débuter mais elle le fait bien. Sans aucun doute, les joueuses rencontreront des collectifs plus en place et se retrouveront elles-mêmes dans la position de l’équipe qui enchaine les matchs. Est-ce que le coach Meziane pourra pleinement développer ses ambitions, lui qui vient d’accepter la Belgique en sélection nationale ? Il aura dès samedi l’occasion de montrer que les interrogations n’ont pas lieu d’être.