D’un bout à l’autre, ce tournoi parisien aura ébloui spectateurs et amateurs de tennis. Entre surprises, émotions et matchs de très haut niveau, ce dernier Masters de l’année a tenu toutes ses promesses. Retour sur une semaine marquante, qui pourrait bien avoir révélé les grandes lignes de ce à quoi ressemblera le monde du tennis l’an prochain.
Des Français en méforme
Malgré quelques belles performances, les Français n’ont pas brillé du côté de Bercy. Adrian Mannarino et Arthur Rinderknech, qui ont tous les deux été numéro 1 français au cours des dernières semaines n’ont pas passé le premier tour. A la décharge de Mannarino, il était opposé à Hubert Hurkacz, 10e mondial. Arthur Fils n’a pas non plus passé le premier tour, lui qui disputait son premier tournoi sur le circuit principal. Il a chuté face à Fabio Fognini, qu’il avait battu au dernier tour des qualifications. Mais l’Italien a bénéficié d’un statut de lucky loser suite au forfait de Matteo Berrettini.
Peu de victoires lors du premier tour pour le clan français, mais deux beaux parcours sur lesquels il faut revenir. Tout d’abord celui de Corentin Moutet, issu des qualifications. Il a atteint les huitièmes de finale du tournoi. Il a fait tomber Borna Coric au premier tour, alors que le Croate revenait très en forme ces dernières semaines. Il s’est ensuite offert Cameron Norrie, 13e mondial, le joueur le plus haut classé qu’il ait battu, avant de s’incliner face à Stefanos Tsitsipas. Une campagne encourageante pour le jeune Français, qui a eu une attitude irréprochable sur le court, lui qui est souvent critiqué pour ses écarts de comportement. L’autre belle campagne de ce Masters, c’est celle de Gilles Simon qui disputait son dernier tournoi. Le Français a d’abord battu Andy Murray qui, lui aussi, revient en forme ces dernières semaines. Il s’est ensuite imposé face à Taylor Fritz, 11e mondial, puis s’est incliné en huitièmes de finale face à Félix Auger-Aliassime. Une sortie en beauté pour l’ancien numéro 6 mondial.
Des surprises en cascade
Chaque tournoi réserve son lot de surprises, mais ce Masters semble dépasser les attentes de chacun à ce niveau-là. Dès le premier tour, Jannik Sinner, 12e mondial, a été éliminé par le Suisse Huesler, issu des qualifications. Par la suite, les éliminations surprise se sont multipliées, avec celle de Rafael Nadal au deuxième tour face à Tommy Paul ou encore de Medvedev au même stade de la compétition face à Alex De Minaur. Les huitièmes de finale ressemblaient à un piège pour beaucoup de joueurs: les têtes de série Carreno-Busta, Ruud et Rublev sont sorties du tournoi. Entre manque de rythme, blessures à répétition et adversité de plus en plus importante, ces fins de parcours confirment un certain bouleversement dans la hiérarchie mondiale, démarré il y’a plusieurs mois déjà. Outre Carlos Alcaraz et Rafael Nadal, le top 10 mondial ne cesse de changer dernièrement, et il change encore ce lundi avec Stefanos Tsitsipas qui grimpe au troisième rang mondial, ou Holger Rune qui intègre le top 10, après sa victoire en finale face à Novak Djokovic.
La Next Gen et Djokovic
Avec la « Next Gen » qui confirme ces dernières semaines, Novak Djokovic semble de plus en plus être le dernier rempart pour empêcher cette prise de pouvoir total, si cela n’est pas déjà le cas. Dimanche soir, le rempart a cédé face à la fougue d’Holger Rune après 2h33 d’un combat exceptionnel. Le Serbe était parfaitement embarqué dans cette finale après avoir empoché le premier set. Mais le Danois de 19 ans s’est révolté, remportant la deuxième manche avant un dernier set équilibré et tendu jusqu’au bout. Une finale d’anthologie et des points à couper le souffle, ce deuxième affrontement entre les deux hommes a tenu toutes ses promesses. Rune s’est finalement imposé, remportant son premier Masters 1000, et confirmant qu’il faudra aussi compter sur lui pour l’avenir. Le jeune Danois a battu pas moins de quatre joueurs du top 10 durant son parcours, qu’il a parachevé en s’offrant le sextuple vainqueur du tournoi.
Djokovic, aujourd’hui septième mondial, fait de la résistance. Mais la résistance ne suffit plus face à cette jeunesse fougueuse incarnée par Rune, Alcaraz ou Auger-Aliassime. Nadal est souvent blessé, Medvedev montre ses limites, et Zverev est souvent loin des terrains. Djokovic apparaît aujourd’hui comme le seul encore capable de remporter nombre de titres majeurs. Il a affiché un niveau de jeu exceptionnel tout au long de la semaine. Mais son statut de non-vacciné étant toujours d’actualité, jouer à son meilleur niveau risque de ne plus suffire pour se maintenir parmi les tous meilleurs l’année prochaine, même s’il a prouvé qu’en jouant peu il pouvait être extrêmement bien classé.
En continuant sur ce rythme saccadé, il lui faudra gagner chaque tournoi qu’il joue. Ce dimanche, il a pu voir que cela ne serait pas de tout repos. Rune est un de ceux qui vont faire vivre le tennis dans les prochaines années. S’il doit encore acquérir de l’expérience pour se maintenir à ce niveau durablement, le Danois a montré des signes d’une maturité exceptionnelle. La « Next Gen » n’est déjà plus la même qu’il y’a deux ans, où Medvedev, Zverev et Tsitsipas étaient vus comme l’avenir, mais cette nouvelle « Next Gen » a encore plus de potentiel que la précédente. Rendez-vous l’année prochaine pour ce qui s’annonce comme une saison pivot dans le monde du tennis.
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