Quelques jours après son sacre aux Championnats du monde de golf pour les sourds et malentendants, la néo championne du monde dans la catégorie U21 Margaux Bréjo, 15 ans, nous explique ses objectifs pour les années à venir. Zoom sur cette nouvelle championne talentueuse et ambitieuse.
Salut Margaux, tout d’abord félicitations pour ton titre mondial ! Peux-tu, avant toute chose, te présenter brièvement pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Bonjour à tous ! Donc moi, c’est Margaux Bréjo, j’ai 15 ans et je suis actuellement en classe de seconde à Melun. J’ai commencé le golf à 5 ans et demi par des initiations. Très vite, je suis tombée amoureuse de ce sport et j’ai progressé très rapidement. J’ai ainsi pu participer à de nombreux événements. J’ai pu réaliser en 2018 mes premiers Championnats d’Europe de golf pour sourds où je me suis classée 3ème, et c’est à partir de là qu’il y a eu un réel engouement et que j’ai commencé à pouvoir avoir de la visibilité. En mai dernier, j’ai participé aux Deaflympics (Jeux olympiques pour les sourds) au Brésil, où j’ai remporté la médaille de bronze. Et il y a 10 jours, je suis devenue championne du monde U21 et 3ème toute catégories aux mondiaux pour sourds qui se sont déroulés à Hawaï.

Margaux Bréjo, nouveau talent du golf français (crédit : FFG)
Avant d’évoquer ta relation avec le golf peux-tu nous parler de ton handicap, la surdité ?
Avec ma famille, on pense que je suis sourde depuis la naissance, mais on a eu le diagnostic uniquement lorsque j’étais en grande section donc très tard. Ainsi, je suis dans la vie de tous les jours appareillée et j’ai dû apprendre à lire sur les lèvres pour pratiquer le golf sur le même pied d’égalité que les autres filles, puisque lorsque je joue dans la fédération pour sourds, je n’ai pas mes appareils.
Mais du coup, ta surdité, qu’est-ce que ça change dans la pratique du golf ?
Il faut savoir que j’évolue dans deux catégories : celle du golf pour sourds et également sur le circuit fédéral, donc celui de la FFG (Fédération Française de Golf). Lorsque j’évolue dans la fédération grand public, j’évolue avec mes appareils donc mon handicap ne me touche pas plus que ça. En revanche, dans la catégorie du golf pour les personnes atteintes de surdité, je joue sans appareils. Ça implique beaucoup de changements. Par exemple, mon équilibre et parfois ma vision du jeu sont troublés par le fait que je n’entende pas. Aussi, les facteurs extérieurs sont aussi totalement différents. Dans une compétition pour sourds, il y a beaucoup de bruits tandis que dans une compétition fédérale, c’est très calme. La communication avec mon coach est aussi bien différente.
Justement en parlant de ton coach, peux-tu nous parler de ton équipe, qui t’accompagne au quotidien ?
J’ai commencé le golf très jeune dans un autre club et j’ai rejoint le club de Fontainebleau en 2020 au moment du confinement. Depuis ce moment-là, j’ai pu compter sur mon entraîneur avec qui j’ai une relation très fusionnelle : Georges Plumet (ancien joueur professionnel de golf). J’ai un peu trouvé LE coach. Il m’accompagne sur la plupart de mes compétitions bien qu’aux Championnats du monde il n’était pas là et donc c’est Éric Rocchia qui m’a accompagné à Hawaï. Ensuite, pour tout ce qui est extérieur à la pratique, j’ai mes sponsors. Le principal, c’est Amundi ASSET Management, qui est déjà bien ancré dans le circuit du golf féminin, mais j’ai aussi eu Jordan LEOPOLI, qui est le responsable des McDonald’s autour de Fontainebleau. Je me suis forgé un réel cocon pour pouvoir performer au mieux.

Amundi, un sponsor influant dans le golf féminin. Crédit : Amundi ASSET Management
Désormais, on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet et évoquer cette année 2022. Qu’est-ce qu’elle t’a apportée ?
Cette année 2022, je la vois un peu comme un tournant dans ma carrière puisque je fais un podium aux Deaflympics en mai dernier et je remporte les Championnats du monde des sourds U21. Je m’y classe 3ème en toutes catégories. Forcément, quand tu fais de bons résultats, tu obtiens de la visibilité et c’est ce qui s’est passé pour moi cette année. J’ai eu pas mal de nouveaux sponsors qui m’aident au niveau financier, mais surtout, j’ai eu de la visibilité vis-à-vis de la fédération française de Golf. Avec mes bonnes performances, je m’ouvre clairement les portes de l’équipe de France et donc j’ai peut-être, inconsciemment, fait le plus dur. Maintenant, je n’ai plus qu’à performer pour vraiment être prétendante à une place dans la catégorie fédérale. J’ai également pu dernièrement assister à une conférence avec la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, j’ai reçu un appel du président de la FFG après mon titre (Pascal Grizot). J’ai même reçu une lettre d’Emmanuel Macron. Donc oui, cette année 2022 n’aurait pas pu être plus bénéfique qu’elle ne l’a été jusqu’à aujourd’hui.
Ton titre mondial est l’apogée de cette belle année 2022, peux-tu nous raconter ton ressenti pendant le tournoi ?
Honnêtement, la différence je l’ai faite sur le dernier jour de la compétition. J’ai fait une première journée très moyenne où je suis hors du Top 10 à la fin de la journée, mais je relativise et je me dis que dans le golf, il y a des hauts et des bas. Le deuxième jour ça allait déjà mieux et ensuite les troisième et quatrième journées se sont beaucoup mieux déroulées puisque je finis à +1 sur les deux jours. Cette remontée je la dois à ma capacité mentale. Je n’ai jamais rien lâché et chaque coup était vraiment important à la fin. J’avais aussi ma revanche à prendre sur Ashlyn Johnson, l’Américaine qui m’avait éliminée aux deaflympics en demi-finale. J’ai ce principe : je peux perdre une fois mais pas deux. Alors, oui, clairement, cette victoire elle a vraiment un goût particulier avec cette superbe remontée et le fait de prendre ma revanche.

Margaux Bréjo, nouvelle championne du monde U21 de golf pour sourds. Crédit : Instagram margaux_brejo
Désormais, tu peux te concentrer sur l’avenir. C’est quoi selon toi la prochaine étape dans ta carrière ?
Je pense qu’après ce titre il est clair que désormais, je dois performer dans la catégorie de la FFG. Certes, j’ai eu des bons résultats dans la catégorie sourds, mais mes résultats dans la catégorie fédérale sont en dents de scie. Mon objectif est d’évoluer dans cette catégorie, de rentrer en équipe de France et j’espère être à la fin 2023 dans le top 80 français pour ensuite gravir les échelons vers la première place. Dans la catégorie sourds, mon objectif est le même. Continuer de progresser et de gagner des titres. Je me suis imposée pas mal de fois cette année, mais j’aimerais faire encore mieux l’année prochaine. Mon principal objectif est de performer et d’essayer de gagner un tournoi sur la scène internationale dans la catégorie fédérale. Il y a aussi les Championnats d’Europe pour sourds l’année prochaine. Alors pourquoi pas améliorer ma troisième place de 2018.
L’avenir pour toi c’est aussi le circuit pro. Est-ce que c’est un objectif pour toi ?
C’est bien plus qu’un objectif. Devenir golfeuse professionnelle, c’est mon rêve ! Et aujourd’hui, je pense que ce rêve, il est de plus en plus envisageable. Je pense désormais avoir les cartes en main pour mon avenir et que si je veux poursuivre ce rêve ça ne dépend que de moi et de ce que je peux produire. Je pense que le fait d’être en sport étude, de pouvoir aller au golf tous les jours ça va beaucoup m’aider à m’améliorer. Grâce à cela, je peux viser toujours plus loin et haut et atteindre les objectifs que je me suis fixés à court et long terme. Le fait de pouvoir vivre du golf, c’est mon rêve et j’espère pouvoir le réaliser !
Merci à vous un super article les bonnes questions posées une bonne écriture
Margaux est notre petite fille
Un grand merci
J’aimeJ’aime