Après Jo-Wilfried Tsonga en mai dernier, un autre mousquetaire s’en va. Gilles Simon, ex-n°6 mondial, aujourd’hui 188ème, s’est offert un très beau clap de fin. Il a su se hisser jusqu’en 8ème de finale du Masters 1000 de Bercy (29 octobre- 6 novembre 2022). Retour sur sa carrière et son dernier conte de fée.
Un dernier tournoi pour une retraite retardée
Ce lundi 31 octobre, peu sont ceux qui croient en la victoire de Gilles Simon face à Andy Murray, sa bête noire. En 18 confrontations, avant ce match, Gilles Simon ne s’est imposé qu’à seulement deux reprises face à l’ancien n°1 mondial. Habitué au circuit challenger cette saison, il s’apprête à raccrocher sous les acclamations de son public. Mais c’est sans compter sur sa détermination. A l’image de sa carrière, Gilles Simon n’a jamais rien lâché. Mené 6- 4 5-3 par l’Écossais, il sait comme à son habitude, le faire déjouer pour s’imposer 4-6 7-5 6-3. Il n’a alors pas besoin de réaliser un jeu spectaculaire; seulement de rentrer dans la tête de son adversaire. Gilles Simon repousse sa retraite. Un tout autre combat se dresse alors devant lui : la tête de série n°9, Taylor Fritz.
Face à un adversaire qui joue sa qualification pour le Masters (tournoi regroupant les 8 meilleurs joueurs de l’année) qui se déroulera du 13 au 20 novembre, en Italie, Gilles Simon a encore fait mentir les pronostics. En jouant parfaitement son jeu de contreur-relanceur, « Gillou » se surpasse en s’imposant 7-5 5-7 6-4 en 3h05. Pourtant épuisé physiquement à la perte du second set, Gilles Simon puise dans l’énergie du public acquis à sa cause, pour se hisser en 8ème de finale. Il s’exclame alors à la suite de sa victoire :
« Demain, je sais que je ne pourrai plus marcher »
Exténué, comme le symbole d’un corps qui dit stop, le Français de 37 ans n’a rien pu faire face au Canadien Félix Auger Aliassime. Sur un nuage, vainqueur de ses 14 derniers matchs, la marche était trop haute pour Gilles Simon qui s’est incliné 6-1 6-3. Comme lors de son dernier Roland Garros où il a accédé au 3ème tour, il a montré qu’on l’avait enterré trop vite.

Gilles Simon, une grande et longue carrière dans l’ombre
Gilles Simon fait partie des nombreux joueurs qui ont vécu sous l’ère du Big 3 (Nadal, Federer, Djokovic). Mais il est surtout parmi les rares a les avoir battu tous les trois dans une même année. En 2008, « Gillou » réalise sa meilleure saison. Il la commence en battant à Marseille le n°3 mondial, Novak Djokovic. Il rentre ainsi dans le top 30. Il confirme son bon début de saison en atteignant sa première demi-finale en Masters 1000 à Toronto, grâce à une victoire contre le n°1 mondial de l’époque : un certain Roger Federer. Entré dans le top 20, il bat 3 mois plus tard le nouveau n°1 mondial, Rafael Nadal, en demi-finale du tournoi de Madrid (sur dur à l’époque) 3-6, 7-5, 7-6 [6]. Il participe ainsi à sa 1ère finale en Masters 1000. Malgré sa défaite face à sa bête noire, Andy Murray, il est qualifié pour son seul et unique Masters à Shanghai. Il commence ce tournoi en montrant à nouveau ses qualités de tacticien à Roger Federer, qu’il bat pour la deuxième fois cette année. Il sera finalement stoppé par Novak Djokovic en demi-finale. Durant cette année, il est le joueur qui a remporté le plus de matchs après être remonté d’un ou deux sets à zéro (14 matchs). Ce qui lui vaut le surnom de « Survivant. »
Mais de Gilles Simon, on retiendra aussi sa longévité. Pendant 21 saisons, le tricolore a été au plus haut niveau: 998 matchs, 16 ans dans le top 100, dont 10 ans dans le top 50. Bien que Gilles Simon n’ait jamais atteint une demi-finale de Grand Chelem comme les 3 autres Mousquetaires (Tsonga, Gasquet, Monfils), il est l’un des plus titrés. Avec 14 tournois remportés, seuls trois Français (Noah : 23 ; Tsonga : 18 ; Gasquet : 15) en ont gagné plus que lui sur le circuit principal, depuis le début de l’ère Open. Aussi connu pour rendre fou ses adversaires et notamment les tous meilleurs, il a battu 34 membres du top 10 durant sa carrière. Resté dans l’ombre du Big 3 mais aussi du showman Gael Monfils, du jeu tout en puissance de Jo Wilfried Tsonga et du revers à une main de Gasquet, le tennis français dit aujourd’hui aurevoir à l’un de ses joueurs les plus réguliers, à la carrière trop peu récompensée.
