Football

Boycott du mondial de football 2022 : « C’est un acte fort de la ville de Lille »

Début octobre, la décision de ne pas diffuser les matchs de la Coupe du monde de football sur écrans géants est votée par le conseil municipal de Lille. Afin d’en savoir plus sur ce boycott, les Olympistes interrogent pour vous Johanne Gomis, adjointe au maire, et déléguée au sport.

Johanne Gomis, ancienne basketteuse professionnelle, a achevé sa carrière au club de Villeneuve d’Ascq. Elle a été championne de France, et a pris part aux Coupes d’Europe et du monde. Aujourd’hui adjointe au maire, et déléguée au sport, elle répond à nos questions.

Johanne Gomis, au côté de la cardiologue Claire Mounier-Vehier, lors de la présentation de la liste de Martine Aubry. Crédit photo: Florent Moreau – LVDNPQR

Lille, une ville aux couleurs du sport

Lille se revendiquant comme une ville sportive, ce fût étonnant de la voir boycotter l’évènement sportif le plus suivi au monde : le mondial de football. Johanne Gomis explique que cette question est venue de l’opposition. La décision fut votée unanimement par le parti de la majorité, dont elle fait partie.

« Ce n’est pas du tout un sujet à débat […] on ne peut pas valoriser un tel évènement »

explique-t-elle en sous-entendant la catastrophe écologique et l’atteinte aux droits humains. Mais quel sera l’impact final de cette décision ? N’est-ce pas trop tard ? Effectivement, la mairie de Lille se positionne seulement deux mois avant le coup d’envoi du mondial, dont les enjeux sont pourtant connus depuis plusieurs années. L’ex-basketteuse professionnelle avance qu’au moment de la décision, on pouvait toujours espérer que les choses se mettent en place comme il faut. On ne se rend compte des manquements qu’à postériori, alors que sur le moment, le projet avait l’air bien ficelé.

La maire (PS) de Lille Martine Aubry a elle-même annoncé la décision prise vendredi soir par le conseil municipal. Crédit photo : AFP

Le boycott comme seul moyen d’agir ?

« C’est un acte fort de la part de la Mairie de Lille »

C’est ce qu’affirme la déléguée au sport. Ce n’est pas non plus le premier boycott sportif de l’histoire ; d’autres avant celui-là ont fonctionné. On pense par exemple aux Jeux de Beijing en mars dernier, et dans un tout autre contexte, ceux de Moscou en 1980. « Je suis contente d’appartenir à ce mouvement, c’est un effort citoyen ». Elle précise aussi que la ville de Lille ne se veut pas comme un donneur de leçons, mais qu’elle reste fière d’avoir été parmi les premières villes françaises à prendre position. D’autant plus que la ville veut servir d’exemple en vue des JO 2024 en France.

Pour Johanne Gomis, les JO doivent être une fête du sport français en premier lieu. Une partie d’entre eux se déroulant à Lille, de nombreux dispositifs sont, et seront mis en place. Un village olympique sera implanté, et les transports seront adaptés pour que chacun puisse se rendre sur les lieux des compétitions. Au-delà des éléments matériels, Johanne Gomis souhaite respecter les engagements environnementaux de la mairie de Lille à travers sa politique sportive. Ceci va même au-delà du plan environnemental, puisqu’il faut selon elle continuer à éduquer aux valeurs de l’olympisme et du sport. C’est donc une compétition bien éloignée des valeurs du Qatar qui se prépare pour 2024, en France.

Johanne Gomis tout sourire, tire sa révérence à la fin de la saison 2022. Crédit photo: Radio France – ESBVA

Le regard d’une sportive de haut niveau

En tant qu’ancienne sportive de haut niveau, Johanne Gomis n’est pas indifférente au désastre de cette Coupe du monde. « Je vis, mange, et parle sport tous les jours ». Selon elle, les footballeurs sont dans une position délicate. Ils attendent la Coupe du monde avec impatience, certainement plus encore que nous, fans de sport et de football. C’est pour eux la préparation d’une vie. Mais voilà ce graal entaché, au point qu’on ne parle plus que de la polémique, et même plus de la dimension sportive. De quoi désoler Johanne Gomis. Elle ajoute : « J’ai beaucoup de sensibilité pour eux, et s’il fallait choisir entre agir et jouer, je ne sais pas ce que j’aurais fait ». Le sport aurait-il posé un pied dans une pente plus que savonneuse ?

« Tout peut changer, je suis quelqu’un d’optimiste; notre génération a pris des décisions litigieuses, mais les suivantes seront bien plus vigilantes. Cela ne doit plus arriver »

Mais il faut bien comprendre que les attributions pour les Jeux, ou les Coupes du monde comme c’est ici le cas, se décident dix ans à l’avance, au moins. Alors même si la nouvelle génération se veut plus responsable, et a pour but de redorer l’image d’un sport sali par l’argent, il faut s’attendre a une, voire deux décennies d’aberrations supplémentaires.

Crédit photo : JB/Lille actu

Matthieu Delour

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