Divers Sports d'hiver

Aymoz : « Construire intelligemment les quatre prochaines années jusqu’aux Jeux »

Kevin Aymoz, quintuple champion de France de patinage artistique, nous livre ses objectifs pour la saison à venir ainsi que pour les années suivantes. Retour aussi sur ses premiers JO en février dernier en Chine, et sur le documentaire « Faut qu’on parle » dans lequel il est intervenu à l’été 2021.

Kevin Aymoz après son 4ème titre de champion de France en 2021. Crédit photo : L’équipe

Bonjour Kevin, tout d’abord comment vas-tu après ta chute le week-end dernier au Masters de Villard-de-Lans, première compétition française de la saison ?

Ça va, même si mentalement c’est un gros coup sur la tête parce que j’ai eu beaucoup de blessures l’an dernier. Beaucoup trop. De toute façon même une c’est déjà trop. Ça a surtout été assez chiant car c’était l’année olympique, et c’est vraiment pas une année où tu as envie d’avoir des bobos. J’ai chuté ce week-end sur l’élément le plus simple de mon programme, donc je me suis senti un peu con sur la glace et j’ai surtout eu très peur. J’ai beaucoup pleuré sur le coup car quand j’ai senti le choc avec ma cheville, sachant que je m’étais souvent blessé à cet endroit, c’était vraiment panique à bord. Je pensais que quelque chose était cassé, et j’ai tellement bossé cet été, je pense même que c’est la première fois que je travaille autant sur un été, que je ne voulais pas que ma saison se termine déjà. Finalement, après les résultats, j’ai une entorse. Ce ne rien de trop grave mais il faut toujours être vigilant avec ce genre de blessure. Mais je vais bien, j’ai une bonne équipe de médecins et de kinés derrière moi et j’ai énormément bossé cet été. Je vais sûrement prendre un peu de repos, puis rechausser les patins en fin de semaine, sans faire le fou évidemment mais juste pour pouvoir glisser un peu et ne pas perdre le rythme. Je vais avoir une semaine de douleurs avant de faire une semaine de reprise et dans deux semaines je pourrais recommencer à me préparer pour les Internationaux de France, le week-end du 4-5-6 novembre à Angers.

Et ensuite ? Quelles sont tes objectifs pour la saison à venir ?

Moi mon objectif c’est de construire les quatre prochaines années intelligemment. Il va falloir que je montre de nouveaux programmes cette saison. Il va y avoir la saison des Grands Prix avec celui de France début novembre et celui de Finlande fin novembre dans lesquels j’aimerais être en finale, ce serait vraiment top ! Mes objectifs principaux sont surtout en fin de saison avec notamment les Championnats d’Europe, où je voudrais ramener une médaille à la France. C’est vraiment mon objectif pour les années à venir, ramener des médailles européennes d’abord, mais aussi mondiales, même si pour l’instant le niveau est très élevé et on est qu’en début de saison. Je ne suis donc pas forcément au meilleur de ma forme. Il ne me reste pas forcément beaucoup d’années à patiner au très haut niveau. J’aurais 28 ans pour les prochains jeux (en 2026 à Milan). Je ne suis plus si jeune que ça; je vais donc prendre année par année pour voir où j’en suis à chaque fois.

Le patineur français aux JO de Pékin au début de l’année. Crédit : Instagram @kevin_aymoz

Après avoir évoqué ton avenir, revenons un peu en arrière. Je voudrais revenir sur tes premiers Jeux, en février dernier en Chine. Est ce que tu pourrais nous donner ton ressenti sur cette expérience ?

Ça n’a été que du positif ! J’ai compris que je stressais trop. C’est trop lourd dans une carrière de se mettre autant de pression pour les Jeux olympiques. Ces Jeux, ils m’ont apporté de la maturité, de la confiance en moi, un petit peu de clarté sur ce dont j’ai envie et sur mes objectifs. Je pense que tous les sportifs pourraient le dire: quand tu participes une fois aux JO, ça change ta vie, et moi ça a vraiment changé la mienne.

Au cours de l’année 2021, tu as aussi participé au documentaire « Faut qu’on parle », diffusé sur Canal+ et dans lequel toi et 5 autres grands sportifs parlent de leur coming out . Est-ce que tu pourrais nous expliquer comment cela s’est passé ?

Le documentaire s’est préparé d’une façon un peu étrange parce que les 2 réalisateurs m’ont contacté pour faire ce petit… enfin ce gros projet. Pour moi ce n’était qu’une interview à la base, je ne m’en rendais pas trop compte. Ils m’ont suivi avec des caméras pendant 6 mois, ensuite on a eu une grosse interview de 5 heures au milieu de la glace. J’ai d’ailleurs eu très froid ce jour-là. Ils m’ont posé pas mal de questions car ils voulaient vraiment rentrer dans les détails, comprendre un peu qui j’étais et ce qui se passait dans ma tête; histoire que je sorte quelque chose d’assez concret parce que c’est un sujet assez sérieux et lourd. C’était un peu étrange car ce sont des questions que l’on ne me pose pas d’habitude en public. Mais les deux réalisateurs (ndlr : Lyes Houhou et Arnaud Bonnin) ont été vraiment adorables. Il n’y avait pas de voyeurisme dans les questions, tout était tellement bien abordé que je ne me suis presque pas rendu compte que je faisais un documentaire.

Le documentaire « Faut qu’on parle ». Crédit : Canal+

Et à la suite de la diffusion, quels ont été les retours ?

Alors je ne m’en suis pas rendu compte directement, mais il y a eu un poids énorme. J’ai reçu énormément de messages. Une vague d’amour m’est tombé dessus. Je n’avais jamais reçu autant de message aussi gentils ; ça m’a vraiment fait du bien. Ca m’a donné encore plus confiance en moi. L’objectif de ce documentaire était vraiment d’essayer de lever un tabou, de libérer la parole, et de faire quelque chose de bien pour la jeunesse et le sport. On voulait essayer d’éclairer les choses sur un sujet encore aujourd’hui peut être dur pour des sportifs. J’entends souvent des gens dire « on s’en fout de la sexualité du sportif tant qu’il fait du sport ». Mais ce que ces gens n’ont pas compris c’est que certains n’arrivent pas à vivre correctement et à s’épanouir dans leur sport au vu des trop nombreuses discriminations toujours présentes.

Et justement, ces discriminations, c’est quelque chose dont je parle souvent ces derniers temps, avec mes amis que ce soit au niveau des couleurs de peau, des orientations sexuelles, etc. Je trouve qu’en 2022 on régresse sur beaucoup de choses dans énormément de pays; et ça fait parfois un peu peur. Personnellement je n’ai pas envie d’abandonner mes combats,. Même si le premier d’entre eux reste ma carrière sportive, je sais qu’au fond de moi j’ai envie d’améliorer les choses dans le monde. C’est pour ça que j’aimerais m’engager un peu plus après ma carrière.

Josué Charlos
Crédit photo : Dauphiné libéré / Thierry GUILLOT

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