On l’attendait, il a répondu présent ! Le Belge Remco Evenepoel a été sacré champion du monde de cyclisme sur route à Wollongong en Australie, après un numéro en solitaire de 25 km. À la surprise générale, le peloton est revenu dans les derniers instants permettant à Christophe Laporte et Michael Matthews de prendre respectivement la 2e et la 3e place.
Evenepoel, le prince devenu roi
Le vainqueur sortant de la Vuelta, et de Liège Bastonne Liège, a su saisir sa chance et s’immiscer dans le groupe de contre-attaque, parti à 75 km de l’arrivée à l’initiative du Français Quentin Pacher. À ses côtés, deux coéquipiers belges, des outsiders comme Lutsenko, Bardet ou encore Hindley, mais aucun grand favori. Remco Evenepoel est ainsi mis dans un fauteuil pour aller chercher le titre. Bien aidé par les relais du Français, Florian Sénéchal, le groupe de contre-attaque revient très rapidement sur l’échappée matinale. Le peloton ne parvenant pas à s’organiser laisse filer le groupe avec deux minutes d’avance. Remco Evenepoel saisit immédiatement cette offrande. Il attaque dans le Mont Pleasant (1,1 km à 8,8% de moyenne) à 35 km de l’arrivée, suivi seulement par Lutsenko. À la pédale ou plutôt à la « Evenepoel », il lâche le Kazakh à 25 km de l’arrivée pour se diriger droit vers le titre à seulement 22 ans, dix ans après Philippe Gilbert, dernier Belge sacré champion du monde. Le coureur de la Quick Step Alpha vinyl, est le premier depuis Bernard Hinault en 1980 à gagner un grand tour, un monument et le titre de champion du monde la même année. Le « petit cannibale », en référence à Eddy Merck, n’a pas fini de nous surprendre !

Les Français pris à leur propre jeu mais récompensés miraculeusement
C’est à l’initiative d’un mouvement français que Remco Evenepoel sort du peloton à 75 km de l’arrivée. Malgré sa présence, les bleus continuent à rouler pour rattraper le groupe de tête. Et ce, en laissant derrière eux les meilleurs cartes françaises, à l’image des puncheurs Julian Alaphilippe et Benoit Cosnefroy ou encore Christophe Laporte en cas d’arrivée au sprint. Ces derniers choisissent de rester au chaud dans le peloton, aux côtés des autres grands favoris tels Wout Van Art, Biniam Girmay ou encore Tadej Pogacar, piégés eux aussi. Malgré une attaque du Slovène dans l’avant-dernière ascension du Mont Pleasant, qu’ils ont parcouru 12 fois lors de cette course d’usure (266 km, 3945 m de denivelé positif), les grands favoris ont vite été résignés face à la démonstration du phénomène loin devant eux. Cependant, alors que les places d’honneur se jouent normalement dans le groupe de contre-attaque, ces derniers se marquent sous la flamme rouge laissant ainsi revenir le groupe des favoris. Le Français Christophe Laporte prend sa chance pour remporter le sprint du peloton et le titre de vice-champion du monde, devant Matthews et son coéquipier chez Jumbo Visma, Wout Van Art. C’est un véritable miracle, personne ne croyait au retour du peloton dans les dernières secondes, pas même Thomas Voeckler, sélectionneur de l’équipe de France : « Les gars ont été admirables, ils y ont cru jusqu’au bout là où, pour être franc, je pensais que c’était foutu et qu’on n’allait même pas ramener un top 5 ou 8. ». Un podium permettant de finir sur une touche positive dans le clan français !

Eva Claudel
Crédit photo : William West /AFP