Les 18ème mondiaux d’athlétisme à Eugene (États-Unis) se sont achevés dans la nuit du 24 au 25 juillet. Si vous n’avez pas pu suivre la diffusion avec des finales se disputant à 4 heures du matin heure française, pas de panique voici une petite séance de rattrapage. Entre records du monde, performances tricolores et triplés impressionnants, ces mondiaux ont tenu leurs promesses.
Allyson Felix, dernier tour de piste

L’Américaine tire sa révérence après 20 ans passés au plus haut niveau. Pour sa dernière course en carrière, elle est alignée sur le relais mixte du 4x400m. L’équipe des Etats-Unis bute sur la République Dominicaine et les Pays-Bas, mais se pare tout de même de bronze. Allyson Felix ajoute une énième médaille à son palmarès. Cela aurait pu s’arrêter là. Mais le staff américain la rappelle pour participer aux séries du 4x400m féminin quelques jours plus tard. Non-alignée pour la finale, ses coéquipières se chargent de lui ramener une dernière médaille pour compléter sa collection. Et du plus beau métal s’il vous plaît ! Son total en carrière se porte donc à 11 médailles olympiques et 20 médailles aux Championnats du monde. Un record. Ces deux dernières médailles, chez elle aux Etats-Unis, couronnent une carrière remplie de succès et d’engagement.
100m : double dose de triplés
Côté homme, Fred Kerley a ébloui la piste d’Hayward Field. Et ce, dès les séries, en claquant un 100m en 9″76, record personnel. Tout simplement canon. À titre de comparaison, l’Italien Lamont Marcell Jacobs gagne en finale des Jeux olympiques de Tokyo avec un temps de 9″80. Cela est d’autant plus impressionnant que Fred Kerley fait partie du club très fermé des trois coureurs capables de courir le 100m en moins de 10″, le 200m sous les 20″ et le 400m sous les 44″. En finale, il confirme devant ses deux compatriotes Bracy et Bromell, tous deux en 9″88. Le champion olympique italien n’a pu défendre ses chances, se retirant en demi-finale sur blessure.
Si les sprinters jamaïcains semblent plus à la peine depuis le départ d’Usain Bolt, les sprinteuses ont la main mise sur le 100m. En tête, la championne olympique Shelly-Ann Fraser-Pryce. Celle qui fut la première Jamaïcaine à s’imposer lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 signe le record des championnats en 10″67, suivie de ses compatriotes Jackson en 10″73 et Thompson-Herah en 10″81. Quand Jackson remporte le 200m en 21″45, deuxième meilleure performance de l’histoire, Pocket Rocket, surnom de Fraser-Pryce en raison de sa petite taille, décroche la deuxième place. Avec quatorze médailles aux Championnats du monde, elle égale son illustre compatriote Usain Bolt. Rien que ça.
Kevin May’or

Blessé pendant sept mois au tendon et dans l’impossibilité de courir pendant 3 mois, la médaille était loin d’être acquise pour Kevin Mayer. Et pourtant, le Français est courageusement allé arracher cette breloque. En or, qui plus est ! Avec un total de 8 816 points, il devance le Canadien Lepage (8 701 points) et l’Américain Ziemek (8 676 points). Comme souvent, Kévin Mayer n’est pas le mieux placé après la première journée, finissant sixième. Le champion olympique Damian Warner avait dominé les débats avant de tomber subitement lors de la dernière épreuve de la journée, le 400m, blessé. À trois épreuves de la fin, Mayer frôle le zéro pointé au saut à la perche avant de finalement franchir 5m40, le replaçant en troisième position. Après un excellent javelot (70,31m), il reprend les devants pour finalement conclure son 1 500m, dernière épreuve, devant ses principaux concurrents. Malgré son manque d’entraînement et selon lui « pas un décathlon énorme« , Kevin Mayer est de nouveau champion du monde, 5 ans après son premier titre à Londres.
Si Kevin Mayer est le seul médaillé français à Eugene, les athlètes tricolores n’ont pas démérité avec notamment la très belle quatrième place de Wilfried Happio sur le 400m haies à deux centièmes du podium, la cinquième place de Renaud Lavillenie à la perche à quelques centimètres de la troisième place ou encore les finales de Gabriel Tual (800m), des relais ou de Margot Chevrier et Ninon Chapelle (perche).
Mclaughlin reine du 400m haies
C’était la grandissime favorite. Elle a tenu son rang. A seulement 22 ans, c’est la première femme en dessous des 51″ sur 400m haies. En treize mois à peine, l’Américaine a amélioré le record du monde à quatre reprises. Déjà la première femme sous les 52″, elle met 7 dixièmes à son ancien record du monde pour s’imposer en 50″68. Femke Bol, deuxième, est reléguée à plus d’une seconde et demie. Monstrueux. Dalilah Muhammad complète le podium. Championne olympique en 2021, championne du monde en 2022 et recordwoman du monde, l’Américaine a déjà tout gagné. Elle vise désormais un titre à Paris en 2024 bien sûr, mais surtout en 2028 aux Jeux de Los Angeles, à domicile.
Duplantis, toujours plus haut, toujours plus fort
Armand Duplantis tutoie les sommets depuis désormais plus de 4 ans et sa première réalisation au-delà des 6 mètres aux Championnats d’Europe de Berlin. Depuis, il a effacé pas moins de 48 barres à plus de 6 mètres et battu le record du monde de Renaud Lavillenie effectué en 2016. Il était alors de 6m16. Dès les premiers sauts du prodige suédois, l’issue de la finale ne laisse que peu de place au suspens. Oui, il va l’emporter. Sans aucun doute. Mais une question subsiste. Quelle hauteur va-il atteindre ? Après avoir tué le concours et battu le record du championnat (6m06) avec une aisance folle, Duplantis attaque le record du monde. Au deuxième essai, il s’envole pour marquer encore un peu plus l’histoire en franchissant 6m21. Et avec de la marge en plus ! Mondo décroche alors son premier titre mondial. Nul doute que le jeune homme de 22 ans a encore de belles années de domination devant lui.
Mentions honorables
Qui dit Championnats du monde dit multiples prouesses. Voici quelques noms qui méritent, eux aussi, d’être cités. La Nigériane Tobi Amusan a battu le record du monde du 100m haies dès les demi-finales avec un temps de 12″12. Rebelote en finale avec 12″06. Ce dernier record ne sera cependant pas homologué ayant été réalisé avec un vent dans le dos trop favorable (2,5m/s). Côté Américain, les performances n’ont cessé de pleuvoir. Rien d’étonnant pour le pays qui caracole en tête du classement des médailles (33 médailles), devant l’Ethiopie (10 médailles). Nous avons déjà évoqué Allyson Felix, Fred Kerley ou encore Sydney McLaughlin. Comment ne pas citer Noah Lyles qui s’impose sur le 200m en 19″31 ! Soit à seulement 12 centièmes du record du monde d’Usain Bolt. Il devient ainsi le troisième meilleur performeur de l’histoire. Déjà champion du monde en 2019 sur le 200m, il ne décroche que le bronze lors des Jeux de Tokyo en 2021. Un dernier objectif à poursuivre en vue de Paris 2024.