Ce samedi 12 mars, la ville de Liévin accueillait la deuxième édition de la coupe d’Europe Indoor de Triathlon. Le principe est simple : 150 mètres de natation, 3 kilomètres de vélo et 1 kilomètre de course à pied. Un format ultra court ne laissant aucune place à l’erreur. Jusqu’à 18h15 se sont déroulées les courses amateurs. Ensuite, les professionnels hommes et femmes ont pris le relai, assurant une ambiance électrique sous le toit de l’Accord Arena.
Vincent Luis pour une première place et une ambiance unique
Avant d’accéder à la finale tant attendue, les triathlètes doivent s’employer une première fois afin de réussir les manches qualificatives. Une trentaine de concurrents se présentent sur la ligne de départ, pour seulement douze places en finale. Il faut alors se donner à 100% dès le début pour se donner une chance de monter sur le podium. Chose promise, chose due ! Les athlètes nagent les cent premiers mètres en moins de cinquante-cinq secondes. Au terme de ces premières courses agitées, six Français parviennent à se qualifier pour la finale, dont Vincent Luis, médaillé de bronze en relai mixte lors des derniers Jeux olympiques .

La finale, dernière course de la journée et clou du spectacle, s’est déroulée de la plus belle des manières. Vincent Luis, que l’on ne présente plus, est ovationné à son entrée dans l’arène. Suit le Japonais Takumi Hojo ; son principal concurrent, lui ayant donné du fil à retordre lors des qualifications. Les cinq autres triathlètes français sont accueillis. L’ambiance est anxiogène, la lumière se tamise, le compte à rebours est lancé. Les triathlètes plongent. Après à peine 1mn30 de crawl, le Belge Joris Bassle sort en tête. Il est rapidement rejoint par le tricolore favori, agissant désormais en métronome. Le reste du clan français suit la roue du médaillé olympique. Mais le Japonais tant redouté remonte à la hauteur de Vincent Luis. Les premières places se jouent à la transition entre le vélo et la course à pied.
« Je gardais un petit atout pour la finale, je savais que ces chaussures étaient ultra rapides en transition »
Vincent Luis
Les triathlètes pénètrent dans le parc à vélo à près de 40 km/h. Deux français mènent à présent la course : Nathan Grayel et Vincent Luis. Ce dernier dynamite la course. Seuls deux athlètes suivent : l’Espagnol Genis Grau et le Hongrois Csongor Lehmann. La cloche sonne ; dernier tour. La foule est en liesse. A 150m de l’arrivée, Vincent Luis déclenche l’ultime sprint. Enfin, c’est avec quelques longueurs d’avance durement acquises qu’il peut lever les bras en vainqueur.
Une course féminine tout aussi spectaculaire

Les triathlètes féminines les plus rapides des séries s’élancent, elles aussi, sous les yeux d’une foule en délire. C’est la Belge Jolien Vermeylen qui sort la première du bassin. Elle est suivie de près par ses concurrentes, notamment par la seule tricolore de cette finale ; Margot Garabedian. Les douze finalistes parcourent les quinze tours en peloton. Les rangs sont serrés. Aucune fille ne se démarque pour le moment. Il faut attendre la descente du vélo et le début du kilomètre à pied pour voir la tête de course se dessiner. C’est toujours la Belge qui mène le train, poussée par le souffle des deux Allemandes de cette course. Après une performance remarquable en série, Jolien Vermeylen semble imbattable. Le podium s’annonce alors en noir, jaune et rouge. La française ferme la marche. L’arrivée se joue au sprint. C’est finalement l’Allemande Nina Eim qui l’emporte avec quelques foulées d’avance ; laissant loin derrière elle la Française (10ème) qui parvient à grappiller quelques places dans la dernière ligne droite. Lisa Tertsch, l’autre germanique, se classe deuxième. La Belge complète le podium.
Pourquoi un triathlon en salle ?
Organiser ce type d’épreuve en intérieur a principalement pour but d’animer les hivers frigorifiant du Nord de la France. Effectivement, faire nager les triathlètes en eau libre avec de telles températures était déconseillé. Aussi, après une première édition en 2019, il était impensable de ne pas accueillir les athlètes à nouveau. Ce format indoor ultra court est aussi le moyen de révéler, ou en tout cas de laisser une chance, à des triathlètes aux qualités différentes. Effectivement, l’explosivité et la vitesse étaient de rigueur hier soir. Pour s’imposer ou même pour tenir la cadence, il fallait fournir un effort violent ; être à fond du plongeon au franchissement de la ligne.
Vincent Luis, vainqueur hier soir, avait de plus promis à Laurent Szewczyk – président du club de triathlon de Liévin – de participer à l’évènement. Cette course véhicule pour lui un message fort, tout comme le triathlon dans sa globalité. Pour lui, ce type de soirée doit contribuer à promouvoir le sport aussi bien à l’échelle locale qu’internationale. Il déclare :
« La nouvelle génération passe beaucoup de temps sur les écrans et a du mal à sortir. On perd des enfants en ne les mettant pas au sport ! J’essaye toujours de motiver les enfants à sortir et à faire du sport, peu importe lequel. Il faut qu’ils aillent dehors. »
Vincent Luis
Il profite aussi de cette tribune pour expliquer l’un de ses nombreux projets en cours afin de répandre le sport à l’international, dans des pays où ce n’est qu’un élément de second plan.
« A chaque fois que je voyage, j’essaie de visiter les écoles pour dire aux gamins d’aller dehors. Depuis qu’on a créé cette team au Bahreïn, on a remarqué une baisse de l’obésité chez les enfants. »
Vincent Luis
Mais derrière ce message se cachaient des actes beaucoup moins solidaires ce soir-là. Effectivement, si la superstar française a eu droit à un tonnerre d’applaudissements à son entrée sur la piste lors des séries, son homologue ukrainien est presque passé inaperçu. Curieusement, la salle s’est presque tue ; en dépit du contexte politique et géopolitique actuel. Alors peut-être ne fallait-il pas gâcher la magie de cette soirée, ni la beauté du sport. En tout cas, sur une copie alors presque parfaite, ce détail fait tâche.
Crédit photo : Activ’Images
Matthieu Delour