Mené 2-1 à la pause, le RC Lens a renversé ce derby du Nord grâce à un triplé de Pauline Cousin (2-3), et se rapproche du podium de cette D2. Pour le LOSC, auteur d’une belle première mi-temps, le coup est rude.
« Oh lé lé, oh la la, mais qu’est-ce qui s’est passé on les a chicotés ». Popularisé par leurs collègues masculins, ce chant a gagné les rangs du RC Lens féminin. Ce dimanche, au terme d’un derby magnifique, les Sang et Or pouvaient communier avec leurs quelques supporters ayant fait le déplacement en terres lilloises. La joie était à la hauteur de l’exploit qu’elles venaient de réaliser. Avant ce derby, Lille était en troisième position au classement, Lens en cinquième. L’occasion était belle pour les Dogues de distancer leur adversaire du jour.
Sur le terrain d’honneur du domaine de Luchin, à Camphin-en-Pévèle dans la banlieue lilloise, ce sont justement les joueuses du LOSC qui ont attaqué pied au plancher ce match. Dans les cinq premières minutes, les hôtes du jour se montraient dangereuses sur deux corners. Le troisième sera fatal aux Lensoises. Carla Polito profite d’un dégagement raté par la défense lensoise et fusille la gardienne à bout portant (1-0 ; 7’).
Lens d’abord bousculé
Une entame idéale pour les Lilloises, justes techniquement et plus solides dans les duels. La bataille du milieu de terrain était aussi nettement gagnée par le LOSC. Lille trouve les solutions dans le dos des latérales lensoises, qui laissent beaucoup d’espaces. Ces dernières se font clairement bouger dans les vingt premières minutes sans se procurer la moindre situation. On se dit alors que l’après-midi va être longue pour les filles de Sara M’Barek, reconvertie coach après une brillante carrière de joueuse. « On a rencontré une grande équipe, capable de nous mettre en difficulté avec le ballon, de faire des différences individuelles un petit peu partout. On a été bousculé », analysait avec lucidité la coach lensoise.

Il faut dire que ses joueuses ont fait preuve d’un réalisme assez exceptionnel, avec l’égalisation sur la première situation dangereuse dans la surface bien conclue par Cousin de volée (1-1, 24’). « Quand on est revenu à 1-1, j’ai senti chez elles la possibilité de les déstabiliser mentalement » reprenait M’Barek. Pourtant, c’est le LOSC qui reprend le dessus grâce à un joli débordement sur son côté de Mouchon qui centre pour Boucly, et qui conclut seule (2-1, 31’).
Le triplé de Cousin fait la bascule
Passée la demi-heure, Lens se montre plus entreprenant et les occasions se multiplient. Mais à la pause, c’est le LOSC qui mène après 45 minutes menées tambour battant. « On ne s’est pas forcément mises à l’abri tout de suite, chose que l’on aurait peut-être dû faire en première mi-temps pour être tranquille ensuite », constatait la capitaine lilloise Gwenaëlle Devleesschauwer. En deuxième période, le LOSC a clairement subi la loi des Lensoises, revenues avec de meilleures intentions.
Grâce à deux réalisations en quatre minutes de Pauline Cousin (53 et 57e), dont une superbe volée sous la barre aux 18 mètres pour le 2-3, le RCL faisait basculer la rencontre en sa faveur. Plutôt logique au vu de l’impact physique et de l’agressivité des lensoises sur la seconde période.

« J’ai eu un début de match très compliqué mais grâce au staff et aux joueuses j’ai su me reprendre. Le triplé récompense le travail de tout un collectif », savourait la milieu de terrain après coup. Déjà double buteuse le week-end précédent face à Saint-Malo pour donner la victoire à son équipe, celle qui passe en parallèle ses diplômes d’entraîneur est en forme en 2022.
Le LOSC termine le match à 9
Côté terrain, Lille est complètement K.O après ce triplé retentissant. Le rythme redescend de part et d’autre et le jeu est moins box to box. Ce n’est qu’à dix minutes de la fin du temps réglementaire que la situation s’est envenimée avec l’expulsion de Pierel sur une vilaine faute, symbole de l’impuissance lilloise (80’).
La fin de match est très tendue et houleuse avec beaucoup de fautes et les plus de sept minutes additionnelles n’y changeront rien : Lens s’accroche à ce précieux succès. Lille terminera même à 9 avec l’expulsion cette fois de Marty (92’), rentrée quelques minutes plus tôt et coupable d’avoir empêché la numéro 9 lensoise de filer au but. A peine le coup de sifflet final donné, la situation s’est légèrement envenimée, à coups de chambrage lensois et de frustration lilloise. Surtout, c’est l’attitude du trio arbitral que pointent les Lilloises.
« Quand on est arbitre, on est censé être neutre et avoir des propos corrects. Les arbitres se sont permis ouvertement dans le jeu de se foutre de la gueule des gens. Je pense qu’il y a certains commentaires qui n’ont pas lieu d’être. Un arbitre assistant n’est pas censé prendre la parole avec les joueuses sur le terrain », expliquait la capitaine lilloise. « A ce niveau là, il faut avoir du vécu pour mieux appréhender les situations, mieux maîtriser le contexte du derby. Maintenant, si on est pas ouvert au dialogue il ne faut pas faire ce métier là. Je suis un peu déçue. Mais on est les premiers responsables de la défaite », rebondissait la coach lilloise, Rachelle Saidi.

Au final, Lens remporte ce derby 2-3 et revient à trois points du LOSC. « La victoire est encore plus appréciable car elle a été difficile. On sait que c’est une grosse performance de gagner à Lille aujourd’hui (dimanche), un prétendant à la montée et au titre », concluait l’ex-milieu de terrain internationale. Une fois la tension redescendue, Sara M’Barek confiait que son téléphone n’arrêtait pas de sonner après ce succès forcément particulier contre l’ennemi lillois.
La coach racontait même avoir demandé aux personnalités de la section masculine de lui envoyer dans la semaine un message d’encouragement pour ses joueuses. Ce clip, les joueuses l’ont vu avant l’échauffement mais ont demandé à leur coach de le revoir juste avant l’heure H. Avec le soutien de l’ensemble du club, elles étaient fin prêtes à « chicoter ».