Au terme d’une finale inattendue et d’un tournoi complètement fou, c’est Cameron Norrie qui s’est imposé après un combat de 1h51 face à Nikoloz Basilashvili cette nuit, dans le désert d’Indian Wells.
On s’attendait à un tournoi ouvert avec l’absence du Big Three (Djokovic, Nadal, Federer) pour cet Indian Wells (une première depuis 2000), et l’on a été servi. Les membres de la Next Gen (Medvedev, Tsitsipas, Zverev) étaient donc les favoris dans cet avant dernier Masters 1000 de la saison. Mais ceux-ci n’ont pas réussi à assumer leur statut et à aller chercher le titre. Pire encore, aucun d’entre eux n’étaient présents dans le dernier carré du tournoi.
Deux outsiders déterminés
Tous ces évènements laissaient donc le champ libre aux joueurs moins connus du circuit et moins bien classés à l’ATP. Deux d’entre eux ont réussis à se hisser en finale après une semaine et demie de tournoi sous une chaleur écrasante (jusqu’à 35°C) . Le premier est le Britannique Cameron Norrie, 26ème à l’ATP, qui réussit la meilleure saison de sa carrière. Il disputait sa 6ème finale sur le circuit cette saison, plus gros total à égalité avec Novak Djokovic. Malheureusement, il n’avait remporté qu’une seule de ces 5 premières finales, à Los Cabos lors du mois de juillet face à l’Américain Brandon Nakashima. Ces bonnes performances lui ont malgré tout permis de gagner près de 50 places au classement ATP sur la saison et se rapprocher du top 20. Sur ce tournoi d’Indian Wells, il s’est successivement débarrassé de Tennys Sandgren, Roberto Bautista-Agut, Tommy Paul sur le score de 2 sets à 1 avant d’infliger un 2-0 à l’Argentin Diego Schwartzmann et au Bulgare Grigor Dimitrov, récent tombeur de Daniil Medvedev. Il arrivait donc en pleine confiance pour affronter Nikoloz Basilashvili, qu’il avait notamment battu lors de leur seul affrontement début mars, en seulement 1h04.

Le Géorgien classé, lui, à la 36ème place du classement ATP, comptait déjà 2 titres cette saison : à Doha (où il avait notamment sorti Roger Federer) et à Munich. Joueur capable de coups d’éclat mais plutôt irrégulier, le natif de Tbilissi avait atteint son meilleur classement en 2018 avec une 21ème place à l’ATP. En Californie, Basilashvili avait bénéficié d’une entrée en matière plutôt simple face au joueur sortant des qualifications Christopher Eubanks lors du 2ème tour. Le match suivant fut beaucoup plus compliqué face à l’Espagnol Albert Ramos, qui a servi pour le match avant de se faire renverser par le Géorgien. S’ensuivit une victoire face à Khachanov avant l’exploit face à Tsitsipas (3ème mondial) en quart de finale. C’est la 6ème fois de sa carrière que Basilashvili réussissait à battre un top 10. Enfin, une demi-finale maitrisée face au jeune Taylor Fritz lui ouvre les portes de la grande finale.

Un premier set renversant
Cette finale opposait donc deux joueurs classés au delà de la 25ème place mondiale, une première dans l’histoire des Masters 1000 ! Devant un court n°1 partiellement rempli, les deux protagonistes entament leur match par de longs échanges, évitant les fautes directes. C’est le Britannique qui passe devant en breakant Basilashvili pour mener 3-1. Plus régulier, on pensait voir Norrie continuer sur sa lancée et aller chercher la première manche. C’est tout l’inverse qui allait se passer. Etonnamment, le 26ème joueur offre le débreak au géorgien sur une double faute, remettant les deux joueurs à égalité : 3-3. Il n’en fallait pas moins à Basilashvili pour se mettre à lâcher ses coups et faire mal à Norrie. Celui-ci commence petit à petit à sortir de son match en se plaignant à plusieurs reprises de mouvements dans le public. Incapable de se remettre la tête à l’endroit, le Britannique se fait breaker une seconde fois, permettant au Géorgien de servir pour le gain du premier set. Ce dernier ne se fait pas prier : il remporte la manche 6-3 en 31 minutes et en gagnant 20 des 25 derniers points du set.
Un changement de physionomie
Dès l’entame du deuxième set, le Géorgien reprend sa marche en avant en prenant rapidement le service de son adversaire pour mener 2 jeux à 1. Piqué, Norrie démontre toutes ses ressources mentales pour recoller directement à 2-2, avant de mettre la pression sur chaque jeux de service de Basilashvili, sans pour autant réussir à prendre l’avantage. On arrive dans le money time de ce deuxième set, et c’est à 5-4 pour Norrie que celui-ci va enfin réussir à faire la différence. Il remporte le premier point de ce jeu au terme d’un long rallye ponctué par une sublime volée, avant de basculer à 0-30 sur un superbe passing de revers. Le Géorgien, de moins en moins précis, va ensuite complètement se démobiliser en commettant deux grosses fautes directes qui permettent à Norrie de recoller à 1 set partout.
Le Britannique, déterminé à aller chercher son premier grand tournoi en carrière, entame le troisième et dernier set de la meilleure des manières en breakant son adversaire et en menant rapidement 3-0. En face, Basilashvili commence à lâcher totalement, commettant de plus en plus de fautes directes (22 au total sur le 3ème set contre seulement 4 pour Norrie). Impuissant, il tentera même un petit « toilet break » à 4-1 pour essayer de se remobiliser, en vain. Dès le retour du vestiaire, il offre une nouvelle fois son service au Britannique. Ce dernier ne cèdera pas au moment de servir pour le match, et c’est tout en sérénité qu’il remporte ce dernier set sur le score fleuve de 6-1.
Le plus grand succès de sa carrière
A 26 ans, Cameron Norrie devient le premier Britannique à remporter le tournoi californien. Une juste récompense pour un joueur travailleur qui n’aura cessé de progresser au cours de l’année 2021. Même s’il va évidemment prendre le temps de savourer cet immense succès, la saison n’est pas finie pour le néo-15ème joueur mondial. En effet, il se classe 10ème à la Race, classement ne prenant en compte que les résultats de l’année en cours. Il lui reste donc deux semaines pour aller grapiller une place (Nadal étant d’ores et déjà forfait pour le Masters), qui lui permettrait de disputer le Masters fin novembre, tournoi réunissant les 8 premiers à la Race. On le retrouvera notamment au Masters 1000 de Bercy, du 30 octobre au 7 novembre, pour pourquoi pas recréer une nouvelle surprise ?