Ce week-end se déroulait la 118ème édition de la légendaire course qu’est Paris-Roubaix. Samedi et dimanche, dans la boue et sous la pluie, le gratin du cyclisme mondial s’est affronté sur les pavés. Retour sur deux jours de course et plus d’un siècle d’histoire.
Paris-Roubaix n’avait été annulée que deux fois depuis sa création en 1896 : lors des deux guerres mondiales. Après avoir été interdite puis reportée pendant deux longues années, la plus belle des classiques a fait son retour, galvanisant les foules du Nord. En effet, Paris-Roubaix avait été annulée en 2020 et début 2021, car la course a, en temps normal, lieu au mois d’avril. Il y avait donc un léger goût amer dans la bouche des spectateurs, comme une déception malgré tout. De plus, le parcours de 2021 est quelque peu différent des autres années.
Un retour tant attendu

Tout ceci n’a pas empêché les coureurs de se jeter à nouveau dans une bataille longue de plus de 250 kilomètres. De toutes manières, et quel que soit le parcours, Paris-Roubaix est une course à laquelle on ne s’habitue jamais vraiment. Du matériel volant en éclat, des chutes, du sang et de la boue, voici l’ADN du mythe. D’ailleurs, la réputation de la course se construit aussi et surtout sur le bord des pavés. La ferveur des Ch’tis, une odeur de bière, des cris et des applaudissements, c’est l’âme de Paris-Roubaix.
2021 ou la première édition féminine
L’édition 2021 de « l’Enfer du Nord » était particulièrement attendue. Ce week-end, le peloton professionnel féminin a pu fouler pour la première fois les pavés de l’Enfer. Cette course a longtemps été jugée trop dure pour y laisser participer la gent féminine. Pourtant, celle ci a prouvé ce week-end sa capacité à endurer cet effort. C’est une petite victoire supplémentaire pour le cyclisme féminin, qui roule vers de plus en plus de médiatisation et de reconnaissance. Une « petite victoire » car il en reste encore de grandes à accomplir. En effet, les femmes n’ont pas pu profiter du public masculin, laissant la course en partie dans l’ombre.

Cette première édition a débuté à Denain. Très vite, l’ancienne championne du monde Elizabeth Deignan s’échappe de la masse. Elle ne sera jamais rattrapée. Comme attendu, le peloton est victime de nombreuses chutes. Les secteurs pavés sont de véritables patinoires : tout est recouvert de boue. Les meilleures pilotes s’en tirent, les moins adroites ramassent leur vélo et se relèvent douloureusement. La Britannique aux liserais arc-en-ciel file donc en tête, poursuivie par la Néerlandaise Marianne Vos qui se donne corps et âme pour combler son retard. Rien n’y fait, E. Deignan survole les dernier kilomètres pour s’imposer en solitaire dans le mythique vélodrome de Roubaix, devenant ainsi la première reine de la reine des classiques.

La course élite hommes ; des rebondissements et des glissades

Quant à elle, la course élite hommes a démarré à Compiègne. Les coureurs ont d’entrée de jeu dû affronter la pluie, un léger avant-goût de ce qui les attendait. Deux coureurs sont pris dans une chute avant même le premier secteur pavé. A 210 kilomètres de l’arrivée, une échappée d’une trentaine de coureurs se forme mais est reprise quelques temps après. M. Van Der Poel emmène un nouveau groupe de tête. L’Italien Moscon choisit ce moment pour placer une attaque tranchante à plus de 50 kilomètres de l’arrivée. Risqué. MVDP manque alors de soutien pour revenir sur l’Italien car le groupe de poursuivants collabore mal, laissant au Néerlandais le gros du travail.
Le maudit Moscon
Alors que l’homme de tête compte près de 1 minute et 50 secondes d’avance, il crève. Sa jante arrière raisonne au contact du pavé. Par conséquent, il perd du temps. Puis il chute : cette même roue arrière glisse sur une flaque boueuse. Son échappée solitaire ne tient plus qu’à un fil et ses espoirs s’envolent. Le petit-fils de R. Poulidor mène le trio de tête. Il traine dans sa roue le sprinteur Italien Colbrelli et le jeune espoir belge F. Vermeersch. Une classique n’en pas une sans un Belge à la lutte pour la première place sur l’anneau à Roubaix. En effet, on se souvient des multiples victoires de Tom Boonen et de celle de P. Gilbert. Les trois hommes entrent alors sur le vélodrome mais ne se regardent pas vraiment. Au final, l’Italien règle le sprint s’imposant sous les acclamations du public. Sa réaction est à la hauteur de son exploit, il s’effondre et pleure. Peut-être un mélange de douleur et de joie.

Seulement, certains des favoris ont manqué leur rendez-vous. Florian Sénéchal, originaire de Cambrai, vainqueur de la course junior à l’âge de 18 ans s’est montré discret. Victime de deux crevaisons, il peine à revenir dans le peloton. Il faudra attendre le mois d’avril pour espérer une victoire du local sur le circuit qui lui tient le plus à cœur. Le Belge Wout Van Aert a aussi manqué sa course. Alors qu’il était en tête d’affiche, ses jambes n’ont pas pu le porter jusqu’au podium. Enfin, Peter Sagan que l’on n’attendait pas nécessairement à la lutte dans le sprint final mais que l’on aurait adoré voir pimenter la course a chuté dès le début de la course, lui faisant subir le reste de sa dernière journée au sein de l’équipe Bora Hansgrohe.