C’est en Finlande, au pays des Mille Lacs, que le franco-finlandais, Mika Scoarnec a déposé ses valises depuis trois ans pour jouer au football. Entre passion et ambition, c’est au Salon Palloilijat que ce dernier poursuit aujourd’hui sa formation dans un pays où le football n’est pas encore le sport roi. Rencontre.
Malgré les 3140 kilomètres qui séparent la France à la Finlande, c’est un jeune homme de 23 ans heureux, épanoui et fier qu’on retrouve au téléphone pour nous expliquer son parcours footballistique finlandais. Arrivé en 2018, en Finlande dans le cadre d’un programme Erasmus pour valider sa licence AES, Mika Scoarnec se plaît aujourd’hui au pays. « J’adore la Finlande ! C’est un pays hyper safe où il fait vraiment bon vivre. Ici, je vis de ma passion, donc je ne peux pas mieux rêver ».
« Les joueurs finlandais ne sont pas rapides »
Originaire de la région parisienne, c’est à l’ACBB (Athletic Club de Boulogne-Billancourt) aux côtés de Marcus Thuram et d’Allan St-Maximin que Mika Scoarnec s’est entraîné jusqu’à ses 18 ans. Ensuite parti pour Rennes pour ses études, c’est à l’AS Vitré que le franco-finlandais poursuit sa formation. En manque de temps de jeu en terre bretonne, l’aventure finlandaise est alors tombée à point nommé pour cet amoureux du football qui a vu au FC Inter Turku Ke dans la ville de Turku (deuxième ville de Finlande), l’occasion de se relancer.
Mais il a fallu un temps d’adaptation à cet arrière droit de formation qui a dû découvrir du jour au lendemain un nouvel environnement. « Les premiers mois ont été très difficiles. J’ai eu du mal à m’adapter aux entraînements dans le froid ou en bulle intérieur où c’est assez compliqué pour la respiration. Et puis en période Erasmus, il fallait assumer les entraînements et les soirées (rires) ». Après quelques matchs sur le banc à son arrivée, Mika Scoarnec est parvenu à s’imposer pour finir titulaire à la fin de la saison.

Dans un pays où l’on compte plus de lacs que d’avant-centres, le Franco-finlandais a aussi découvert un football bien différent de l’Hexagone. « En Finlande, les joueurs sont plutôt techniques. Mais j’ai surtout été surpris par les ailiers qui ne sont vraiment pas rapides par rapport à la France. Typiquement, cette année, dans mon équipe, on a un ailier rapide, et il fait des dégâts dans notre championnat. La Finlande n’a pas cette culture de joueurs très athlétiques en attaque. Au contraire, ils aiment repartir de derrière et construire leurs actions », explique-t-il. Un style de jeu notamment hérité de la culture du hockey où les joueurs font beaucoup circuler le palet.
« Il faut gagner la confiance des Finlandais »
Élue pour la quatrième année consécutive « pays le plus heureux sur Terre », la Finlande est réputée dans le monde entier pour son mode de vie. Pourtant les apparences sont trompeuses, « les Finlandais sont en fin de compte peu ouverts; il faut vraiment gagner leur confiance pour s’imposer. Quand je suis arrivé, peu de joueurs sont venus vers moi, c’est même plutôt l’inverse j’ai dû aller vers eux. Mais une fois qu’ils vous font confiance, ils sont adorables », assure le Français.

Une culture du collectif et plus globalement du ballon qui commence néanmoins à se répandre un peu partout dans le pays depuis une qualification historique pour l’Euro 2020 de la sélection nationale. Ce soir du 15 novembre 2019, le pays des Mille Lacs a (enfin) basculé dans l’euphorie générale après la victoire des Hiboux Grands-Ducs (surnom de la sélection nationale) face au Liechtenstein (3-0). « Mon oncle était au match de la qualification, c’était la première fois qu’il voyait des Finlandais aussi heureux pour du football ! Depuis ce match, il commence à avoir une réelle effervescence autour de l’équipe nationale ». Preuve en est, le nombre de licenciés croît de 10% chaque année, faisant potentiellement du football le sport numéro 1 du pays.
Des espoirs pour l’Euro ?
Longtemps perchés sur leur canapé à regarder les compétitions internationales de foot, tandis que l’équipe nationale de hockey glanait les titres de champion du Monde, les Hiboux Grands-Ducs comptent bien faire vibrer le pays cet été. Mais pour Mika Scoarnec, « il leur sera quand même difficile de sortir de cette poule avec la Belgique, la Russie et le Danemark. Mais bon, ils sont capables de faire des belles choses comme contre la France en novembre dernier (victoire 2-0 de la Finlande). Je m’en souviens, je m’étais bien fais chambrer dans le vestiaire après le match !« .
Mais avec Teemu Pukki (89 sélections, 30 buts) en pointe, les Finlandais ne se fixent aucune barrière. Une équipe qui pourrait être en fin de compte la surprise de cet Euro « avec des joueurs de plus en plus expérimentés au haut-niveau« , explique Mika Scoarnec. Si cela n’est pas forcément un gage de réussite, sur les 26 joueurs sélectionnés, seuls 2 joueurs évoluent dans le championnat finlandais [(Daniel O’Shaugnessy (HJK) et Jasin Assehnoun (FC Lahti)], les autres jouent principalement dans les 5 grands championnats.

Désormais, après trois saisons en Finlande, Mika Scoarnec « se laisse encore trois ans pour signer dans un club européen de première division ». Mais conscient de l’instabilité du métier de footballeur, le Français de 23 ans étudie à côté en ligne à l’École des Agents de Joueurs de Football (EAJF). « J’aimerais beaucoup être agent de joueurs en Finlande car je me suis aperçu que peu de clubs français recrutaient en Finlande alors qu’il y a de très bons jeunes. Et inversement, peu de clubs finlandais recrutent des Français. J’aimerais justement faire le pont entre ces deux pays pour le recrutement des joueurs« .