Tennis

Roger peut-il encore gagner ?

Battu par Andujar dès son entrée en lice au tournoi de Genève il y a quelques jours, Roger Federer aborde Roland-Garros dans le flou. Jamais le Suisse ne s’est aussi peu préparé à un rendez-vous grand comme celui-là. Difficile d’évaluer ses chances au vu des circonstances : 1 seul match sur terre, 1 défaite. Les cotes ne lui sont pas favorables, c’est sûr. Roland 2021 alors ? Illusion ou coup de maître ? 

Son dernier match en Grand Chelem date de janvier 2020, et le voila qui revient plus d’un an après. Beaucoup de doutes planent encore : retrouvera-t-il son meilleur niveau ? Son physique (notamment le genou) tiendra-t-il ? Questions dont les réponses arriveront d’ici quelques heures. Quoiqu’il en soit, LA grande interrogation reste la même : Roger Federer arrivera-t-il à remporter un 21ème Grand Chelem avant de ranger la raquette ?

L’ADN d’une légende

Si l’on devait s’attarder sur tous les records que détient Roger Federer, il faudrait écrire un livre. C’est pour cette raison qu’il vaut mieux se concentrer sur l’essentiel. Pour faire simple, Federer est : recordman du nombre de semaines consécutives à la tête du classement ATP (237), recordman (avec Nadal) du nombre de victoires en Grand Chelem (20), recordman du nombre de victoires à Wimbledon (8), aux Masters (6), et j’en passe. Ses résultats, sa perfection technique et, l’esthétisme de son jeu font de lui le plus grand tennisman de tous les temps, et l’un des plus grands sportifs de l’histoire.

Le court central de Wimbledon. Crédit photo: eurosport.fr

Ce palmarès impressionnant, il le doit à son talent et à ses coups modèles. S’il ne base pas son jeu sur une tactique précise, sa force première est justement sa capacité à s’adapter en fonction des conditions (adversaire, surface, climat, fatigue). Un des piliers de son jeu réside d’ailleurs dans son exceptionnelle coordination, garant de sa gestuelle fluide et décontractée. Le Suisse donne l’impression de ne jamais forcer quand il joue. Calme, impassible, on dit souvent que quand on commence à entendre Roger lorsqu’il frappe, c’est que le match vaut le détour.

Une longue absence

Il fallait bien un obstacle à cette route triomphante. Et l’obstacle s’appelle « la blessure ». Si Roger en a généralement été épargné, c’est en partie dû à son entretien physique irréprochable. Mais quand on approche de la quarantaine, on a beau faire attention, cela ne dépend plus uniquement de soi. Le premier gros avertissement est survenu début 2016, après l’échec en demi-finale de l’Open d’Australie. Fraîchement opéré du genou, il se blesse au dos lors du tournoi de Madrid, quelques semaines plus tard. Un trop-plein de contraintes qui l’oblige à déclarer forfait pour Roland-Garros et les Jeux Olympiques, l’objectif principal de sa saison. Après avoir retrouvé son meilleur niveau, les ennuis reviennent encore une fois à Melbourne, début 2020. Une nouvelle intervention au genou l’éloigne des terrains pour toute la saison, déjà bien perturbée par la crise sanitaire.

Federer à Melbourne en 2020. Crédit photo: standaard.be

10 mars 2021, c’est donc la date du retour de Federer sur les courts de Doha après plus d’un an d’absence. Bilan: 1 victoire/1 défaite. Difficile de s’attendre à mieux certes,  mais les signaux sont positifs : le genou tient. Depuis, on n’a revu qu’une seule fois le Suisse raquette à la main, à l’Open de Genève mi-mai. Là encore, compliqué de rivaliser sur une surface exigeante comme la terre, surtout contre Pablo Andujar, spécialiste en la matière. Malgré une belle bataille en trois sets, le natif de Bâle s’incline. Ce match-test aura donc été le seul disputé sur terre par Roger avant d’arriver Porte d’Auteuil. Un risque énorme. Sa dernière apparition dans la capitale remonte à une demi-finale perdue face à Nadal, en 2019. Reste à voir si l’actuel numéro 8 mondial tiendra le format en trois sets gagnants. Il faut voir le positif, si le physique va bien (ce qui a l’air d’être le cas), le tennis reviendra vite. 

Objectif Wimbledon

Si la terre parisienne n’est pas l’objectif premier de Federer, le gazon londonien l’est à coup sûr. Tout le monde le sait, la vraie pression pour le maestro c’est Wimbledon. Quand on est recordman du nombre de victoires et considéré comme le meilleur sur cette surface, il faut assurer. Et si on regarde bien, il y a encore un espoir pour le voir soulever la coupe. Et oui. D’abord parce que le gazon c’est comme son jardin. Si les longs rallyes de Roland lui poseront certainement des problèmes, les échanges courts de Wimbledon lui permettront de ne pas s’épuiser. Son âge et ses lacunes physiques pourraient donc êtres vite oubliés au profit de son excellent jeu de service/volée. Et puis la tournée sur herbe précédant le Grand Chelem (Stuttgart, Queen’s, Halle, Majorque, Eastbourne), sera un moyen pour lui de se préparer et de retrouver son meilleur niveau. Si son parcours pourrait être écourté en France, il aura donc de quoi se rassurer en Angleterre.

Enfin, Federer a des records à défendre. Avec sa potentielle victoire sur ocre à Paris, Rafael Nadal pourrait bien passer devant avec un 21ème sacre sur un tournoi majeur. De quoi motiver son plus grand rival. Attention tout de même à Novak Djokovic, le mieux placé pour réitéré son triomphe de 2019 dans la capitale anglaise. Espérons que cette finale perdue n’était pas la dernière chance du Suisse. Vous l’aurez compris, Federer a du travail s’il veut à nouveau s’imposer.

Remise des trophées lors de la finale 2019. Crédit photo: hoylosangeles.com

La retraite guette

Certes, le champion fêtera ses 40 ans le 8 août prochain. Mais à Roger, on ne lui parle pas d’âge. Tout comme son homologue Serena Williams, les deux légendes vieillissent et la perspective de s’imposer en Grand Chelem s’éloigne jour après jour. Mais tant du côté de l’Américaine que du Suisse, l’heure ne semble pas aux adieux.

«  Tant que la vie sur le circuit et que les voyages ne pèseront pas sur ma famille et que Mirka sera d’accord, nous continuerons. »

Il y a quelques jours, l’intéressé avait déclaré : « À vrai dire, je n’ai pas de plans précis. Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité. C’est le genou, la famille et Mirka qui décideront. Aujourd’hui, la priorité est de bien revenir et de voir quel niveau je peux atteindre. Suivant si ce niveau est haut, il faudra savoir comment je peux y rester en fonction de la pression et de la concurrence qu’il y aura en face moi.  »

Conclusion ? Tout n’est pas fini pour Roger Federer. Le route jusqu’au sommet sera pentue mais à force de travail et d’abnégation, le Bâlois pourrait retoucher le graal. Le monde du tennis est derrière lui, cela ne fait aucun doute. Selon l’humoriste Thomas Wiesel, « être Suisse et ne pas aimer Federer, c’est possible, mais c’est que tu n’aimes pas le tennis ». On pourrait même étendre cette théorie à l’échelle planétaire : quand on apprécie et connaît le tennis, on aime Federer, et on aime le voir gagner. Alors rendez-vous cet été pour un bilan de ces deux tournois du Grand Chelem qui s’annoncent palpitants. En attendant les premiers matchs à Roland, petit souvenir de ce qu’avait fait Roger il y a deux ans.

Crédit photo: le10sport.com
Mila Buchet

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