Ancien deuxième ligne du Stade Toulousain et capitaine du XV de France, Fabien Pelous possède l’une des armoires à trophées les plus garnies du rugby français. Dorénavant à la retraite, le recordman du nombre de sélections en équipe de France reste attaché à son club de cœur. Pour les Olympistes, il a accepté d’évoquer son futur ainsi que la fin de saison du Stade Toulousain.
Bonjour Fabien, suite à l’arrêt de votre carrière sportive, vous avez occupé plusieurs postes au sein du rugby français. Désormais plus éloigné du Stade Toulousain, vous avez été chargé par le passé du développement des jeunes Stadistes. En quoi consistait votre rôle ?
Pour remettre dans le contexte, je ne m’occupe plus du tout du Stade Toulousain. Il y avait d’abord le développement sportif. La problématique est de pouvoir mettre en place une filière qui permet aux jeunes de pouvoir équilibrer les temps de formations scolaires, sportives et personnelles à cet âge-là. Le défi est de trouver le bon agencement entre tout cela. Et il est en passe d’être trouvé, notamment au niveau lycée. Des conventions ont été passées avec plusieurs lycées pour avoir des aménagements d’horaires et pouvoir libérer les jeunes un peu plus tôt dans l’après-midi de façon à ce qu’ils puissent s’entraîner trois fois par semaine tout en ayant du temps de développement personnel.
Y a t-il une possibilité dans un futur plus ou moins proche de vous voir entraîner une équipe ?
Non, ce n’est pas du tout dans mes plans. Parce que je ne veux pas de cette vie-là. Je suis toujours passionné de rugby, je suis toujours le rugby. Mais je trouve que le rugby professionnel est une machine à broyer les états d’esprit. Je voudrais une relation avec le rugby plus sereine que celle que le monde professionnel offre. Pourquoi pas entraîner un jour, mais plus une équipe de jeunes ou amateurs.

Concernant le Stade Toulousain, l’équipe est encore en lice dans les deux compétitions (Coupe d’Europe et Top 14), on peut clairement dire qu’ils sont là où ils voulaient être en début de saison ?
Bien sûr, avec des ambitions toujours élevées pour un club comme ça. L’équipe sort d’une saison tronquée par la Covid, mais restait sur de bons résultats en Coupe d’Europe. C’est un groupe qui finalement a tout l’avenir devant lui, mais qui ne veut pas attendre pour gagner des titres et se construire une histoire commune. Avec bien sûr des résultats, mais aussi une façon de jouer et vivre le rugby qui est assez intéressante.
Toulouse n’a plus gagné la Coupe d’Europe depuis plus de 10 ans, comment aborder cette rencontre face à La Rochelle ?
De la même manière que ceux qu’ils ont joué jusqu’à présent. Dans la mesure où ils ont déjà vécu plusieurs matchs à élimination directe. Avec en parallèle des matchs très intéressants et couperet en Top 14. L’avantage qu’a le Stade, c’est qu’avec l’avance qu’ils ont à présent en championnat, ils auront pu gérer leurs effectifs pour avoir le plus de monde dans les meilleures conditions physiques pour cette finale. Ugo Mola a le luxe de pouvoir faire tourner son effectif afin d’arriver à la finale dans 15 jours avec des joueurs en pleine possession de leurs moyens.
Dans une compétition que vous connaissez bien pour l’avoir remporté 2 fois, qu’est ce qui diffère du championnat de France ?
Le côté événementiel, moins routinier que les matchs de championnat. Avec un décalage avec les phases finales de Top 14. Alors que nous sommes encore dans la saison régulière de championnat, les phases finales de Coupe d’Europe touchent à leur fin. Nous sommes dans une configuration de phases finales en plein milieu de la routine du championnat. Il y a alors des gros matchs tout le temps. En plus, c’est une compétition très serrée où il n’y a pas le droit à l’erreur même en phase de poules.
Que dire aux joueurs qui s’apprêtent à entamer un gros sprint final ?
Tout simplement que tout le travail fourni au long de l’année, c’est maintenant qu’il doit payer. C’est maintenant qu’il faut se focaliser, être hyper concentré et préparer les événements de manière responsable. C’est-à-dire que chaque geste de la semaine prépare à la performance du samedi. Être encore plus exigeant que d’habitude, bien s’alimenter, bien dormir, gérer ses efforts, être méticuleux dans sa préparation. Ensuite sur la préparation stratégique et technique, elle doit rester la même. C’est en ce moment, dans le dernier mois de compétition qu’il faut arriver à un taux de concentration optimal pour aborder les phases finales.
Avez-vous des contacts avec les joueurs et le staff ou êtes-vous plus en retrait par rapport aux échéances qui arrivent ?
Non, je suis plus en retrait. Je me rends assez régulièrement au Stade, mais je reste un spectateur attentif et pas plus.

Quel regard portez-vous sur le Stade rochelais qui vivra sa première finale européenne face à Toulouse ?
Avec Toulouse, ce sont les deux premiers du championnat, et ils se retrouvent en finale de la Coupe d’Europe. Cette équipe de La Rochelle est surprenante parce qu’on ne l’attend pas à ce niveau. Enfin, le grand public ne l’attend pas à ce niveau. Mais c’est une équipe qui progresse d’année en année. Le Stade Rochelais construit son club et son équipe en progressant de manière linéaire. C’est la récompense d’un travail du quotidien fait par le club depuis de nombreuses années. Je ne pense pas qu’ils vivent cette finale comme un aboutissement mais c’est une première étape très importante pour eux. Ils ont un jeu agréable à voir avec beaucoup d’engouement.
Hormis Toulouse et la Rochelle, Montpellier affrontera Leicester en finale de Challenge Cup. Et les clubs français en général ont fait forte impression sur la scène européenne.
Le rugby français a repris un petit peu le leadership européen de manière brillante. Avec de très bons parcours des clubs français et même en Challenge européen. Cette finale n’est pas du tout l’arbre qui cache la forêt. Parce que la forêt est quand même bien dense ! On peut se féliciter pour les parcours de nos clubs français.
Maintenant que vous ne jouez plus, comment abordez-vous les rencontres ?
Il n’y a plus du tout de pression (rires). Je ne suis qu’un spectateur, mais un peu partisan quand même ! L’événement pour moi, il commence une heure avant le match quand je vais au stade, et cinq minutes avant quand j’allume ma télévision. Ce n’est plus du tout le même engagement. Avant de parler de métier, il faut parler de passion. Parce que c’est ce qui m’a amené à aimer le rugby.
Superbe article
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Merci pour se merveilleux article noa
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