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L’erreur Mazepin

La Formule 1 est un cercle fermé de pilotes risquant leur vie chaque week-end pour le plaisir des supporters. Mais le talent peut-il éclore sans argent ? Pire encore, l’argent peut-il effacer le talent ? 

L’histoire de la Formule 1 est marquée par de talentueux pilotes ayant débuté en achetant leur place dans une écurie. Mais l’ère des Niki Lauda, Michael Schumacher et Fernando Alonso est révolue. Place aux Sergueï Sirotkin, Lance Stroll, Nicholas Latifi et pire Nikita Mazepin. Des pilotes talentueux n’atteignent jamais la Formule 1, notamment Nyck de Vries, pour que des « fils à papa » puissent obtenir un baquet. Muni d’un bon petit capital héréditaire, Nikita Mazepin est devenu la risée des fans de Formule 1, si bien que les professionnels du sport commencent à le décrier. On ne parlera, ici, que des évènements déroulés sur un circuit. Nikita Mazepin a également quelques penchants hors-piste très controversés alourdissant son casier.

Qui es-tu Nikita ?

Peut-on réellement terminer en Formule 1 sans aucun talent ? Tout est relatif, mais ce qui est sûr c’est que Nikita Mazepin semble être une exception. Sur la lignée des familles Stroll et Latifi, les Mazepin se sont imposés de force à une écurie manquant cruellement de finances. Haas a fait un choix audacieux pour la saison 2021 en vendant ses deux baquets. Un premier généreusement offert à la filiale jeune de Ferrari, plaçant Mick Schumacher, et l’autre à un pilote-payant. En Formule 2 depuis deux années, Nikita Mazepin utilise son meilleur atout : le chèquier de Dmitry, son père. Ainsi, la Russie réintègre le plus haut niveau du sport automobile.

Oups un blocage Crédit Photo : AUTOhebdo

Les fans le disent, Nikita Mazepin n’a pas sa place en Formule 1. Auraient-ils tort ? Lance Stroll était également décrié mais avait quelques titres dans son armoire, malgré un saut de F3 à F1 qualifié de prématuré. Peut-on dire la même chose pour le petit russe ? Aucun titre à l’horizon mais le passé n’était pas aussi noir qu’est son futur en F1.

Il intègre tant bien que mal la GP3 Series (ancêtre de la FIA F3) en 2018, après avoir payé sa place en tant que pilote réserve chez Force India, étant également en danger financier depuis quelques temps. Le bonhomme essaye de se faire un petit nom dans les échelons de la monoplace. Il participe de 2016 à 2018 à plusieurs championnats en parallèle, en empilant des points et des podiums. Grâce à sa combativité (et ses sous), il séduit l’inégalable écurie ART Grand Prix, ayant formé Sebastian Vettel et Lewis Hamilton. Il se retrouve associé, en GP3 avec Anthoine Hubert. La paire, parmi les quatre pilotes en liste de l’écurie, remportera un doublé sur la saison 2018. Mazepin est sacré vice-champion de GP3. Pas mal pour un adolescent considéré inapte au pilotage aujourd’hui.

Crédit Photo : Motorsport

Nikita est promu chez ART GP en Formule 2 et la dégringolade intervient. La saison 2019 est une catastrophe. Seulement onze points marqués alors que son coéquipier Nyck de Vries remporte le championnat. En formule de promotion, les voitures sont identiques. Souvent, les experts affirment que seul le pilotage compte. Pourtant, les écuries les plus à l’aise financièrement sont souvent celles qui remportent le championnat. Celles-ci possèdent des infrastructures de qualité permettant de mettre en place les meilleurs réglages sur chaque circuit. Même si les voitures sont identiques, Mazepin avait toutes les cartes en main pour scorer quelques points. ART lui ferme la porte en fin d’année. Mais l’argent sauvera une nouvelle fois Nikita Mazepin, lui permettant même de rouler en test pour Mercedes.

Le Russe se reprend en main pour la saison 2020, qui lui permettra d’obtenir son baquet en Formule 1. Avec une écurie de moins bonne réputation, il réussit à se hisser au sommet et à remporter deux courses, finissant à la cinquième position du championnat. Pas mal, encore une fois. Mais très vite, ces exploits sont contrebalancés par des comportements honteux sur la piste.

Un manque de fondamentaux

« Mazepin n’a pas le niveau », « Mazepin n’a pas roulé sur un circuit sans sortir de piste », « Mazepin est arrogant » etc. La communauté Formule 1 s’en prend violemment, à juste titre, au style de pilotage du rookie. Ceux un peu plus intéressés dans les catégories jeunes savent se démarquer en utilisant d’autres arguments. « Mazepin ne respecte pas les fondements de la course automobile« . Les trois premiers Grands Prix à Bahreïn, Imola et Portimao ne pouvaient pas nous l’affirmer. Abandonnant ou finissant à la ramasse, les caméras n’étaient jamais fixés sur l’arrière de la course. Nous avions seulement l’habitude de le voir enchaîner les tête-à-queue, donnant de nombreuses idées à des fans trolleurs.

Mazepin est donc devenu très rapidement Mazespin. Rien n’allait sur sa manière de conduire. La Formule 1 met à disposition les « On Board » pour apercevoir les conditions de course de chaque pilote. Celles de Nikita Mazepin sont un exemple parfait, à montrer dans toutes les écoles, de ce qu’il ne faut pas faire. Les tours de formation servent normalement à chauffer les pneus, les freins et vérifier chaque élément moteur. Le Russe ne semble pas l’avoir compris. Après un mauvais départ inévitable, il se retrouve largué bien loin de son coéquipier, Mick Schumacher, en roulant avec des pneus qui ont à peine la température adéquate. Même si la Haas de 2021 peut être blâmée, la comparaison avec son coéquipier est dure. Lorsque Mazepin termine à plus d’une minute de l’avant-dernière voiture, Schumacher lutte avec les Williams et nous offre de belles actions de fond de peloton.

Honte sur piste

Tout a basculé avec le GP de Barcelone. Ce circuit, où la passion laisse place à l’ennui et l’envie de rejoindre les bras de Morphée plutôt que de se morfondre à regarder des Mercedes gagner la course suite à une erreur stratégique de Red Bull. Mais cette année, Nikita Mazepin a sorti son meilleur atout. Déjà en essais libres et qualifications, il décide de ne pas laisser passer les pilotes sur tour lancé faisant chauffer les communications, notamment chez McLaren. Durant la course, les caméras se sont brutalement arrêtées sur le pilote après la première retransmission d’une radio entre une écurie et la FIA. Toto Wolff demandait, très justement, aux commissaires de faire respecter les drapeaux bleus à la voiture numéro 9. Même avec un tour de retard, il réussit à faire parler son inexpérience en empêchant les batailles des premières places. Maintenant, imaginez si ce pilote avait une voiture lui permettant d’être au contact d’autres monoplaces. On pourrait revoir quelques images terrifiantes.

Ce week-end se déroulera le Grand Prix de Monaco. La plus prestigieuse course de la saison, enfermée entre quatre murs. Nikita Mazepin parviendra-t-il à finir la course indemne ? Car sur un circuit en ville, les erreurs de débutants se payent par des millions d’euros de réparations. Günther Steiner, le manager de Haas, a déjà mis en garde ses deux pilotes (même si la remarque pointait outrageusement le Russe) de ne pas – si possible – commettre d’erreurs puisant dans les maigres ressources de l’écurie.

Crédit Photo : Autonews
Thomas Fraisse

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