Les Olympistes ont passé la journée au tournoi ATP de Lille, le Play-in challenger. Au programme, de nombreux Français sur les courts, une ambiance particulière en ces temps de Covid et des bénévoles au taquet pour faire vivre le tournoi. Récit et retour à chaud.
Les cris des joueurs qui retentissent dans les tribunes dégarnies. Voilà le bruit principal que nous avons entendu durant cette journée. Adieu les encouragements et les applaudissements, mais place au beau jeu avec des joueurs ultra motivés en cette année où il est difficile de gratter des points. Avec la septaine imposée aux joueurs venant hors de l’UE, le tournoi particulier s’est vu décimé de pas mal de joueurs internationaux, comme Jack Sock ou Victor Troicki. Les organisateurs ont dû faire sans ces habitués qui apprécient le tournoi avec du spectacle et de l’intensité sur le court. À la place, de nombreux jeunes talents français qui voulaient se montrer et engranger de l’expérience.

Autre particularité du tournoi, les organisateurs sont tous des bénévoles investis. Accueil chaleureux, buvette quand même ouverte pour les joueurs, journalistes et personnes accréditées, les bénévoles sont là et sans eux, pas de tournoi. La raison à cela, le Play-in challenger de Lille est le seul tournoi à ne pas être organisé par une société commerciale.
Match 1 (10h30) : Maxime Janvier (FRA) VS Filip Jianu (ROU)
Le Français affrontait Jianu, qui vient de sortir la tête de série numéro 6. Le 1er set fut extrêmement disputé et c’est le Roumain qui réussit finalement à prendre le dessus pendant le tie-break. Dans une partie accrochée où les joueurs se sont souvent retrouvés à 40A, les nerfs des deux protagonistes étaient souvent mis à rude épreuve. D’abord Javier râlait sur l’arbitre et par la même occasion sur les juges de ligne. Quant à Jianu c’est sur son propre coach qu’il a hurlé sa rage (désolé, on ne parle pas le Roumain mais il n’avait pas l’air de lui lancer des fleurs).
Bref, une frustration grandissante dans le camp roumain, d’autant plus que les retours du Français commençaient à peser dans la balance. Maxime Janvier prit ainsi 2 fois le service du Roumain, qui n’y était plus. Un partout, balle au centre, et service à suivre pour le Français au moment de débuter la 3ème manche qui démarra comme la première, les joueurs se rendant coup pour coup. On se dirigeait tranquillement vers un 4-4 quand Janvier décida d’accélérer. Un coup droit gagnant, un rallye remporté, un retour gagnant, une faute adverse provoquée, et Janvier avait breaké. À 5-3, le 219ème mondial ne laissa pas passer sa chance et s’imposa malgré une belle résistance de Jianu. Victoire 6-7, 6-3, 6-3.
Match 2 (12h45) : Quentin Halys (FRA) [8] VS Lilian Marmousez (FRA) [WC]
Duel franco-français avec deux profils bien différents. Quentin Halys, 24 ans, bien connu du circuit ATP et tête de série numéro 8 du tournoi. Face à lui Lilian Marmousez, jeune espoir de 19 ans encore inconnu du grand public, et bénéficiaire d’une wild-card. Un début de match équilibré où Marmousez répondait tout en puissance aux coups de boutoir du grand Halys (1m91). Un Lilian qui nous impressionne, avec entre autres son revers long de ligne à une main “à la Gasquet”.
Mais Halys aussi a des atouts, et notamment sa grosse qualité de service “J’ai très bien commencé, bien servi. Dans l’ensemble c’est un bon match de ma part au service”. Ils lui ont permis de mettre en difficulté son adversaire et de breaker, break facilement confirmé par un jeu blanc (5-2). Le jeune espoir français Lilian Marmousez, malgré un appel au kiné, ne lâcha rien et obtint même une balle de débreak à 5-3. Mais Halys fit parler toute son expérience et conclua le 1er set.

Marmousez dut écarter plusieurs balles de break dès le début de la seconde manche. Dans des échanges de plus en plus disputés, c’est finalement la tête de série numéro 8 qui breaka en premier (3-2). Deux jeux plus tard, Lilian reprenait logiquement son jeu de service perdu sur un break blanc ! (4-4) Une petite période de moins bien pour Halys “J’ai fait un mauvais jeu de service où il a pu débreaker et après c’est devenu un peu plus compliqué, souffle le Français. C’est dommage parce que j’avais eu les occasions en début de set mais je n’ai pas réussi à les concrétiser.”
Il a pourtant rapidement su réagir sur le jeu suivant, avec des montées destructrices au filet, qui lui permettent d’obtenir deux nouvelles balles de break à nouveau sauvées par le combatif Marmousez (5-4). Halys recolla (difficilement) à 5-5, puis il lui fallut toute son expérience et son énergie pour convertir sa deuxième balle de break, et finalement remporter ce match sur un dernier ace (6-3, 7-5), au terme d’une partie très engagée. “Ça s’est joué sur des petits détails, face à un bon joueur. Je n’ai pas tout maîtrisé et ce sera un des axes de progression pour mon prochain match qui sera compliqué face à un adversaire que je connais bien (Benjamin Bonzi ndlr)”.
Match 3 (14h30) : Tristan Lamasine (FRA) VS Benjamin Bonzi (FRA) [2]
Dans une atmosphère paisible, les quelques bénévoles ont vu un beau match entre Tristan Lamasine et un Benjamin Bonzi en pleine confiance, 3ème à la Race en Challenger.

Si chacun remporte ses jeux de service, les échanges sont souvent à rallonge et on assiste à moins de coups gagnants par rapport au match précédent. « J’avais du mal à avoir des points faciles au service » nous confiera Benjamin Bonzi à la fin du match. Plus présent sur le court et plus puissant que son adversaire, il distribue tout de même le jeu sans pour autant conclure les points rapidement. A 2-2, 40-15 pour Bonzi, Tristan Lamasine tente de monter à la volée pour ne pas subir l’échange. La sentence est immédiate, passing et jeu, 3-2 pour Bonzi.
Par la suite, Lamasine essaye aussi de décaler son coup droit dès que possible et tente des coups bien placés pour parer sa tendance à jouer trop court. Ces efforts font quelques fois déjouer Benjamin Bonzi mais la tête de série numéro 2 break au meilleur des moments, alors qu’il mène 5-4, pour empocher le set grâce à deux lignes pas malheureuses.
« C’est un scénario où ça peut tourner dans les deux sens. » – Benjamin Bonzi

Dans le deuxième set, le niveau monte d’un ton. Les balles de Bonzi sont encore plus lourdes mais Lamasine tient le choc. Il trouve enfin de la longueur mais commet quelques fautes en forçant son jeu face au métronome Bonzi, irréprochable dans les moments clés. Il break d’entrée après un jeu de 12 minutes que Lamasine n’a pas su conclure. Deuxième balle de break du match et deuxième break. Ça fait 2-0 pour Bonzi. « C’est un scénario où ça peut tourner dans les deux sens. » confie le 124ème mondial. « Quand tu fais le break en début de set, la confiance monte. » Et cette confiance s’est reflétée sur le court. C’est cette justesse dans les moments clés qui aura permis à Benjamin Bonzi de l’emporter 6-4, 6-3 avec un break dans chaque manche. Le duel face à son compatriote Quentin Halys s’annonce alléchant.
Match 4 (16h15) : Dustin Brown (GER) / Manuel Guinard (FRA) VS Jonas Forejtek (CZE) / Vaclav Safranek (CZE)
Ah le double, quel plaisir. Dans une atmosphère plus décontractée et avec des bénévoles venus voir leur chouchou et habitué du tournoi aux dreadlocks, Dustin Brown, le spectacle est au rendez-vous. Dans le premier set, show du duo Brown-Guinard qui font du court leur terrain de jeu. Entre volées engagées, demi-volées bien senties et smash suivis d’énorme « Come on ! », la paire ne laisse aucune chance à leurs adversaires dépassés. Avec une première balle à 170 km/h de Safranek, impossible de rivaliser face aux coups d’éclats d’un Dustin Brown en feu. Les bénévoles n’en demandaient pas moins. 6-1 net et sans bavures. À noter que les jeux se disputent sans avantage, ce qui rajoute de la pression.

Le début du deuxième set ressemble sensiblement au premier. Les Tchèques sont débordés de toute part et n’arrivent pas à mettre leur jeu en place. Les deux géants d’en face (1,96 m et 1,98m) sont impériaux à la volée. Dustin Brown est même chambreur après une volée dans les pieds pour revenir à 2-2 alors qu’ils étaient menés 0-40. Mais, la tendance s’inverse, les Tchèques montent en puissance et breakent sur le service de Guinard. La faute à une cohésion retrouvée et un Dustin Brown moins incisif. Malgré un retour de la paire franco-allemande à 5-5, les Tchèques remportaient le set après un jeu de service maîtrisé puis un break. Tout va se décider dans le super tie-break en 10 points.
Dustin Brown est frustré et les Tchèques sont plus « tueurs » avec des retours puissants et des passings ravageurs. Le « public » commence à s’inquiéter à 4-1 pour le duo tchèque. Et alors, la magie s’opère, 4-4 après un rallye et un énorme « Allez » de Guinard. Le duo se détache et en vient même à mener 7-4 sur un smatch de Brown. Les Tchèques ne lâchent pas l’affaire mais le mal est fait. 8-6, puis sur deux derniers services de Guinard, 10-6.
Match 5 (17h30) : Arthur Rinderknech (FRA) [3] VS Nicola Kuhn (ESP)
On nous avait prévenus. En ce moment, Arthur Rinderknech, tête de série numéro 3, marche sur l’eau. Le joueur de 25 ans est au meilleur classement ATP de sa carrière (127ème) et affronte un adversaire qui est aussi en forme ces derniers temps. Le Français annonce directement la couleur en prenant le service adverse d’entrée de jeu. On assiste à un duel de gros serveurs, et les 200km/h sont presque toujours atteints lors des premières balles. Les services variés s’enchaînent, intérieur, extérieur, slicé, et rendent le match très tactique, notamment sur les placements des joueurs pour les retours.
Vitesse, effets et précisions des services font qu’on ne voit pratiquement aucun échange dans ce début de match. À ce petit jeu c’est Arthur (vous m’épargnerez son nom, même l’arbitre a du mal) qui se montre le plus solide. Jamais mis en danger sur son service, il se procure, à 4-2, deux nouvelles balles de breaks, bien aidé par son adversaire, qui commettait trop de fautes sur des échanges devenus plus longs. Première balle convertie et 5-2 pour le Français d’1m96. La conclusion ne fut pas si simple, la faute à Kuhn qui se lâcha enfin. Même le service extérieur d’Arthur qui avait fait tant de mal à Kuhn fut contré par l’Espagnol, auteur pour le coup d’un magnifique retour gagnant. Insuffisant pour l’Espagnol, qui offrit le set sur une énième faute directe (6-3).

Le deuxième set recommença comme le premier avec un break d’entrée pour Arthur, toujours aussi impérial au service. Ajoutez à ça les retours gagnants et Kuhn avait de quoi devenir fou. Deux aces et deux services gagnants (je peux vous dire qu’on a entendu claquer) de plus sonnaient la fin du match, qui fut à sens unique et parsemée des fautes directes de Kuhn. L’Espagnol a évité “la bulle” en remportant son dernier jeu de service (5-1). Trois nouvelles fautes et une balle dans les tribunes envoya Arthur en quarts. Le service ravageur du Français aura posé des problèmes à Kuhn et il n’a jamais trouvé les solutions pour répondre, lui qui n’a jamais véritablement réussi à entrer dans son match. Rinderknech retrouvera son compatriote Janvier au prochain tour.
Match 6 (18h45) : Sander Arends (NED) / David Pel (NED) [1] VS Mathias Bourgue (FRA) / Alexandre Muller (FRA)
Dernier match de la journée et du beau monde sur le court avec la présence de deux Français qui ont connu des matchs en 5 sets à Roland Garros en simple et une paire méconnue du grand public mais redoutable d’efficacité. Les Frenchies paraissent très décontractés, parfois trop lorsqu’ils rigolent après un point mais assurent au service et breakent d’entrée pour mener 2 puis 3-0 sur le service de Bourgue.
Moment que les Néerlandais ont choisi pour rentrer dans leur match en gagnant leurs jeux de service suivant pour revenir à 4-2. Ils débreakent même et reviennent à 4-4 après une série de 7 points d’affilée. Ce qui n’affole pas des Français au dessus techniquement avec quelques amorties magnifiques et un toucher de balle délicieux. Seul petit bémol, quelques erreurs de placement pour la paire française qui manque de repères en double. Ils parviennent tout de même à empocher le set sur le service de Pel (6-4).
Dans le deuxième set, les Néerlandais élèvent leur niveau de jeu. Leurs coups sont plus précis et la tactique service volée fonctionnent bien face à des Français qui jouent à la légère. Arends et Pel parviennent à breaker leur adversaire dès le début et font donc la course en tête. Grâce à de belles séquences travaillées à l’entraînement, ils empochent le set 6-3.

Dans le super tie-break, les Français réalisent le mini break d’entrée mais les Néerlandais reviennent à 2-2 et s’échappent à 5-2 après un long rallye lâché par Muller trop reculé à la volée. Muller et Bourgue ne trouvent pas de solutions face à ce duo Arends / Pel et tentent deux lobs de suite sans résultat. À 8-3, les choses se compliquent vraiment mais les Français gardent leur bonne humeur. Défaite 10-5 dans ce super tie-break.