Le Pistolero dégaine à nouveau. Premier de la Liga et meilleur buteur à la mi-saison, Luis Suarez renait à l’Atletico. Il donne un second souffle à sa carrière mais aussi au Cholismo. Retour sur ce début d’idylle parfait entre l’Uruguayen et son entraineur argentin Diego Simeone.
Un départ compliqué de Barcelone
Luis Suarez est très attaché à Barcelone. Enfant, il rêvait de vivre à Barcelone et de jouer pour le Barça. Suarez est un Uruguayen de l‘interior. Il a grandi à Salto comme Edinson Cavani et non pas dans la capitale Montevideo, ville qui concentre près de 40% de la population uruguayenne. L’Uruguay est l’un des pays les plus centralisés au monde. Tout se passe à Montevideo, y compris en ce qui concerne le football. 14 des 16 clubs du Championnat uruguayen sont basés à Montevideo, les deux plus célèbres étant Peñarol et le Nacional. Ce dernier est son club formateur. Il s’est d’abord mis en tête de devenir footballeur professionnel pour rejoindre sa petite amie Sofia Balbi, partie vivre à Barcelone, quand lui avait 15 ans. La rupture a été brutale. Mais elle a donné un sens à sa vie. L’adolescent à la vie dissolue s’est fixé comme objectif de la retrouver en Catalogne.
Il s’est fait une promesse à lui même. Il a tenu son engagement en signant au Barça en 2014. Après Groningen et l’Ajax Amsterdam, aux Pays Bas et Liverpool, en Angleterre, Luis Suarez est devenu une star en Espagne. Il a fait parti de la fameuse MSN au coté de Neymar et Messi. Il s’est toujours entendu avec le quintuple ballon d’or. Contrairement à Ibrahimovic, Suarez a réussi à cohabiter avec Messi. Il a reçu un soulier d’or, de meilleur buteur des championnats européens et deux trophées de Pichichi, de meilleur buteur de la Liga. Collectivement il a soulevé une Ligue des Champions, quatre Liga et quatre Coupe du Roi. Mais le Barça arrivant en fin de cycle sous Ernesto Valverde et Quique Setien, il a été poussé vers la sortie. Ses adieux au Camp Nou se sont faits en larmes. Il aurait aimé rester à Barcelone, sa maison.
Le joueur ultime de Simeone
Néanmoins Luis Suarez n’a pas bronché. Il a respecté le choix de ses dirigeants. Un temps annoncé à la Juventus où il la même passé un test d’italien qui a fait le buzz, le Pistolero a finalement pris la direction de l’Atletico Madrid. Il a donc rejoint l’un des rivaux directs du Barca. Fini les Blaugranas, place aux Rojiblancos. Luis Suarez a trouvé le club et le coach parfait pour se relancer. Il n’est pas resté nostalgique très longtemps. L’Atletico est très uruguayen. Le maté est la boisson officielle dans le vestiaire. Diego Forlan et Diego Godin sont des légendes du club. José María Giménez est l’actuel taulier de la défense Colchoneros. Enfin, avant de signer Suarez, Simeone a tout fait pour attirer Cavani.
Les deux attaquants salteños ont le même ADN que l’Atletico. Ce sont des joueurs extrêmement combatifs qui ne renoncent jamais et qui cultivent le don de soi. Ils ont la « garra charua » dans le sang comme on dit en Uruguay en faisant référence au peuple Charrúa, irréductible devant les conquistadors espagnols. C’est tout ce que recherche Diego Simeone « El Cholo », littéralement « L’Indien ». Simeone en demande énormément à ses joueurs. Avec Suarez, il a trouvé l’arme fatale.

Depuis le début de saison, le Pistolero excelle. Si l’Atletico est actuellement en tête de la Liga avec sept points d’avance sur le Real et dix sur le Barca tout en ayant un match de retard, Luis Suarez y est pour beaucoup. Il a scoré à onze reprises en quatorze matchs, ce qui fait de lui le meilleur buteur du championnat ex-aecquo avec Messi. On lui fait tellement confiance que l’on s’est séparé d’Alvaro Morata et de Diego Costa, côté Colchoneros. Les deux Espagnols étaient jugés trop inconstants.
Dans son équipe si défensive, Simeone avait à la fois besoin d’un joueur qui coure mais aussi besoin d’un tueur devant les cages. C’est tout Luis Suarez. L’Atletico n’a pas vingt occasions par match en raison de son style de jeu, c’est pourquoi il lui faut un vrai finisseur. Les Madrilènes gagnent souvent sur des scores étriqués avec un ou deux buts d’écart. 1-0, 2-1, c’est leur marque de fabrique même si les Colchoneros marquent plus cette saison. Ils ont notamment passé six buts à Grenade et quatre à Cadix.
Montrer que le Barca a eu tort
Il ne faut pas se le cacher. Si Luis Suarez est si efficace cette saison, c’est aussi car il est revanchard. Son départ a sans doute été indigne d’une légende du Barça. Troisième meilleur buteur de l’histoire du FC Barcelone, Luis Suarez a été poussé vers la sortie comme un joueur lambda. Ronald Koeman ne comptait pas sur lui. Tant pis, le Pistolero est en train de lui donner tort. À 34 ans, il n’est pas fini. Il compte bien maintenir son niveau pendant encore plusieurs années. Zlatan Ibrahimovic, 39 ans et Cristiano Ronaldo, 35 ans, lui montrent que c’est possible en Italie. Avec onze buts, il fait mieux que les trois attaquants de Barcelone censés le remplacer. À eux trois, Antoine Griezmann, Ousmane Dembélé et Martin Braithwaite ne comptent que neuf buts.
Surtout, Suarez souhaite apporter une onzième Liga à son nouveau club. Ce serait la première depuis 2013-2014. Pour cela, l’Atleti ne devra pas perdre des points en cours de route comme les années précédentes contre des clubs mal classés. Il devra creuser l’écart dés qu’il le peut. Pour le moment, il le fait. On parle beaucoup du renouveau du Cholismo en championnat. Pourtant, en Ligue des Champions également, les hommes de Simeone veulent retrouver leur rang. Cela fait trois saisons qu’ils ne dépassent plus les huitièmes de finale. Ils souhaitent à nouveau rejoindre la finale comme en 2013-2014 et 2015-2016, éditions ou les Colchoneros s’étaient inclinés face à l’ennemi juré, le Real Madrid. Le rêve ultime de décrocher la première « coupe aux grandes oreilles » de l’histoire du club semble ravivé. Le Wanda Metropolitano ne demande que ça pour s’embraser.
Permettre à Joao Felix de s’épanouir
L’an dernier, le prodige Joao Felix était devenu la plus chère recrue de l’histoire de l’Atletico pour 126 millions d’euros. Pour sa première saison, le Portugais avait plutôt déçu. Cette année, l’ancien du Benfica progresse, à 21 ans. Il déjà amélioré ses statistiques de l’an dernier en une demie saison. Il a été élu meilleur joueur de Liga en octobre et novembre. S’il se sent plus à l’aise pour étaler sa technique, c’est aussi grâce à Luis Suarez. Les deux joueurs sont complémentaires. Dans le 4-4-2 imaginé par Simeone, Luis Suarez attire les défenseurs sur lui. Il offre de la liberté à Felix. En second attaquant, voir parfois en numéro dix, ce dernier, évolue entre les ligne adverses. Il peut servir des caviars à Suarez. En bon renard des surfaces, le Pistolero est chirurgical dans le dernier geste. Les passes du Portugais sont un régal pour l’Uruguayen.

L’arrivée du salteño n’a pas seulement permis la progression de Joao Felix. D’autres joueurs se sont améliorés au contact de Suarez. Autrefois maladroit dans la dernière passe, l’ailier Angel Correa est devenu l’un des meilleurs passeurs de Liga. L’ancien milieu central du Réal, Marcos Llorente s’éclate désormais sous le maillot rouge et blanc. Barré par Kroos et Modric à la Maison Blanche, il s’est fait sa place à l’Atleti dans le rôle de milieu excentré. Rapatrié de Chine, Yannick Carrasco n’a pas tardé à retrouver le ryhtme. Le Belge aime combiner avec Luis Suarez. L’Uruguayen est apprécié de tous. Il a déjà conquis le cœur des fans de l’Atletico. Le « Pistolero » Suarez s’inscrit dans la continuité du « Cachavacha » Forlan, du « Kun » Aguero, du « Niño » Torres et du « Tigre » Falcao. L’Atletico aime les grands attaquants et Luis Suarez en est un.