Reprise de la saison de biathlon dans le brouillard d’Oberhof. Les cinquièmes et sixièmes étapes de la Coupe du monde se déroulent en Allemagne dans l’un des sites les plus grandioses du circuit, réputé pour sa piste particulièrement difficile. Surprises, craquages et sensations, 2021 a commencé très fort. Retour sur cette cinquième étape au cœur du lieu que l’on surnomme la « Mecque du biathlon ».
Les Bleus trouvent (presque) le rythme
Après une étape mitigée à Hochfilzen, l’équipe de France a plutôt bien réussi son entrée en 2021. Il faut croire que le repos des fêtes de fin d’année leur ont permis de se ressourcer et d’entamer la deuxième partie de saison avec de belles ambitions. Malgré quelques petites déceptions dans les courses individuelles, les biathlètes tricolores ont gagné en régularité et ont signé de bons résultats.
Chez les filles, les performances de Julia Simon et d’Anaïs Chevalier-Bouchet se ressemblent. Des résultats qui prouvent une nouvelle fois qu’elles sont les leaders de cette équipe féminine. Avec une quatrième place sur le sprint malgré un 8/10, Simon réussit une belle première course. Un sprint où l’équipe de France répond présente avec cinq tricolores dans le top 20, sur les six engagées. Pourtant bien placée en vue de la poursuite, Simon, la meilleure chance française ne termine que quinzième. Mais c’est sa compatriote Anaïs Chevalier-Bouchet qui fait une belle performance en finissant cinquième avec sur son dos le dossard numéro 10, résultat du sprint. Justine Braisaz-Bouchet se classe elle onzième (sprint) et neuvième (poursuite).
Les résultats de leurs homologues masculins sont plus ou moins satisfaisants en fonction des courses. D’un côté, Fabien Claude et Simon Desthieux ajoutent deux top 10 à leur palmarès. Le cadet de la fratrie Claude termine huitième au sprint, et remonte à la quatrième place sur la poursuite. Plutôt absent depuis le début de la saison, Desthieux rebondit et se classe respectivement à la septième, puis neuvième place. Deux courses individuelles où Émilien Jacquelin et Quentin Fillon-Maillet n’ont pas brillé. Pire, le second n’a pas été aligné au départ de la poursuite après une 84ème place affolante au sprint. Une erreur d’inattention au moment de sortir du pas de tir lorsqu’il pense n’avoir fait qu’une seule faute au lieu de deux. Une pénalité qu’il paye cher. Jacquelin fait lui deux top 15, un peu décevant par rapport à ce dont il est capable.
Des relais qui donnent le sourire
Heureusement, il y a les relais. Les Bleus ont brillé sur les courses collectives, à défaut de l’avoir fait sur celles en individuelles pour certains. Alignés sur le relais mixte, Chevalier-Bouchet, Braisaz-Bouchet, Claude et Fillon-Maillet rapportent une belle médaille de bronze, derrière la Russie et la Norvège. La complémentarité et la cohésion ont parlé. On retient surtout le premier relais parfait de la part d’Anaïs et le relent d’orgueil de Fillon-Maillet, qui conclut honorablement. Certains Bleus manquent peut-être un peu d’aisance sur les skis, mais les tirs s’améliorent, domaine dans lequel beaucoup péchaient régulièrement.
Mais le meilleur moment de ce week-end, c’est évidemment la victoire des deux Français sur le relais mixte simple devant la Suède et la Norvège. Julia Simon et Émilien Jacquelin ont donné une leçon de biathlon à leurs adversaires, à tous les niveaux. Une démonstration du début, lorsque Julia prend les rennes, à la fin, quand Émilien ne tremble pas et termine sur un boulevard. Ce duo stratosphérique permet à la France de devenir la reine de la discipline, en plus de rapporter la deuxième victoire française de la saison. Une victoire rassurante pour toute l’équipe, surtout pour le relayeur du jour, lui qui avait plombé le relais masculin à deux reprises cette saison. Le biathlète a cette fois rendu une copie parfaite, avec un 20/20 au tir.
Un duel Roeiseland/ Eckhoff qui se dessine
Tiril Eckhoff ne cesse d’impressionner depuis Hochfilzen, elle qui avait très mal commencé en Finlande. Longtemps à la troisième place du classement général, elle se place maintenant au second rang. Il faut dire que la Norvégienne enchaîne les victoires. Sa spécialité ? Le doublé sprint/poursuite, ce qu’elle a perpétué dès son arrivée en Allemagne. Ses adversaires sont prévenues, lorsqu’Eckhoff gagne le sprint, elle remporte systématiquement la poursuite. Avec cinq victoires, elle est celle qui a le plus gagné cette saison, hommes et femmes confondus. Mais ce n’est pourtant pas la meilleure Norvégienne. Sa compatriote Marte Olsbu Roeiseland est toujours en tête du général et conforte une petite avance. Plus régulière depuis le début de saison, elle finie cinquième au sprint, puis juste derrière Tiril Eckhoff lors de la poursuite. En prime, un magnifique 20/20 au tir et un très bon temps de ski. Une leader solide qui va être difficile à détrôner. Malgré leur même nationalité, on s’attend à une vraie lutte jusqu’à la fin entre ces deux championnes.
Si l’on parle beaucoup des deux Norvégiennes et moins de celle avec qui elles partagent le podium provisoire du général, ce n’est pas pour rien. Hanna Öberg est certes toujours dans la course, mais ses performances vacillent. La Suédoise avait porté le maillot jaune en tout début de saison, à Kontiolhati. Un départ canon qui avait laissé place à des résultats décevants en Autriche. Grâce à sa deuxième place au sprint vendredi, l’écart de points au général avec Roeiseland s’était réduit. Mais une mésaventure lors de la poursuite éteint définitivement ses espoirs de podium, elle qui termine à la huitième place. À égalité avec Eckhoff mais qui compte plus de victoires, elle rétrograde à la troisième place et montre une nouvelle fois des failles. Öberg est pourtant une biathlète très prometteuse, encore jeune et qui a toutes les qualités pour dominer. La saison est encore longue, et la Suédoise a encore l’occasion de jouer la victoire finale. Un trio de tête à suivre…
Laegreid, l’élève va-t-il dépasser le maître?
La sensation masculine de cette Coupe du monde, c’est (encore) un Norvégien. Il porte le dossard bleu, synonyme de meilleur jeune, mais fait encore mieux: il est second au classement général derrière Johannes Boe. Sturla Holm Laegreid est partout. Sa précision derrière la carabine et son dynamisme sur les skis font de lui le seul capable de titiller son supérieur Norvégien. Avec quatre victoires, et seulement une pour le plus cadet des frères Boe, on s’attend à voir Laegreid sur le podium à chaque course. Il ne faut pas non plus se faire d’illusion, Johannes Boe est favori pour le Globe de cristal. Régulier, difficile à croire qu’il laissera la victoire finale lui échapper. 40 points le protègent de son poursuivant. Un beau match 100% Norvégien est à venir.
Laegreid, tout comme Johannes Dale, reflètent parfaitement l’arrivée de la nouvelle génération au sommet du biathlon. Une montée en puissance illustrée notamment par le podium de la poursuite de samedi : Laegreid, vainqueur, Dale second et Tarjei Boe, troisième. Des jeunes à l’attaque qui ne comptent pas se laisser impressionner par l’expérience de leurs compatriotes. Surtout que les frères Boe ont tous les deux craqué sur le pas tir de la poursuite, de façon inattendue. Malgré cela, les boss du biathlon sont toujours là, et le « Boedium » du sprint de ce week-end ne sera surement pas le dernier.
Un premier week-end en Allemagne s’achève, mais les courses reprennent dès mercredi. On attend de savoir si Emilien Claude, petit frère de Fabien et petit nouveau de l’équipe, va remonter sur les skis. Le jeune homme a fait ses débuts en Coupe du monde ce week-end avec en bonus deux beaux top 30 ! Cette longue semaine de biathlon sera l’occasion de voir si les Français s’améliorent encore et performent sur cette longue et exigeante piste d’Oberhof.