Ballon, boue, alcool… Voici le cocktail explosif du foot de boue. Oubliez les douces et soyeuses pelouses anglaises, Les Olympistes sont partis s’enfoncer au plus profond du « swamp soccer ».
La Finlande, terre de boue
L’été, le skieur Esa Romppainen s’entraînait dans la boue afin d’être en parfaite condition pour ses compétitions hivernales. Jyrki Väänänen, ancien basketteur, eu l’idée d’introduire le football au sein de ses entraînements pénibles. En 1998, les deux Finlandais décident alors de fusionner leurs pratiques pour créer le premier championnat de foot de boue. Une première qui rassembla 13 équipe finnoises à Hyrynsalmi, petite bourgade finlandaise située à 600 km au nord d’Helsinki. L’année d’après, la nouvelle discipline connaît un fort succès et le premier Championnat d’Europe de foot de boue voit le jour. Au total, 69 équipes s’affrontent sur la glaise finlandaise. En 2000, pas moins de 200 équipes venues du monde entier se sont rassemblées autour du ballon rond.

À l’image des plongeuses du football moderne, les joueurs de swamp soccer se jettent volontiers par terre. À la seule différence qu’il s’agit de boue à la retombée et non d’une pelouse. Selon l’état du terrain, les joueurs peuvent facilement s’enfoncer jusqu’à 60 centimètres ! À ce jour, on ne compte plus les chaussures portées disparues.
Des règles à tomber par terre
Un match se joue en deux mi-temps de douze minutes chacune, sur une surface de 30 mètres de large sur 60 de long. Une équipe est composée d’au moins cinq joueurs de champs et un gardien. Contrairement au football classique, faire tomber son adversaire est totalement autorisé au foot de boue, peu importe la manière. En revanche, quand un joueur fait mal à son adversaire, il doit embrasser l’endroit meurtri et jouer avec un sac sur la tête pendant une minute. Physiquement, les conditions de jeu sont très exigeantes, si bien que les changements sont illimités. Tout comme le football, un match nul se départage au tir au but.
Mixte, Loisir, Business et Compétition… Plusieurs catégories on été créées à Hyrynsalmi, le berceau du foot de boue. Et attention, la compétition n’est surtout pas à prendre à la légère. Kimmo Kyhälä, de l’organisation du championnat, l’affirme pour SoFoot : « Si tu vas dans la catégorie Compétition sans entraînement, tu n’auras aucune chance de gagner un match. Toutes les équipes qui jouent dans cette catégorie sont vraiment excellentes, avec une bonne tactique ».
En Islande, le FC Heineken et les voleurs de trophées
FC Heineken ou plutôt le FC Kareoki. Mais leur logo n’est pas sans rappeler la bière pleine de caractère – ou plutôt de flotte – de la firme néerlandaise. Crée en 2004, le FC Kareoki est le premier club de foot de boue d’Islande. La bande de copains d’une quarantaine d’années remporte leur premier trophée onze ans plus tard, lors des Championnats d’Europe en Islande. « C’est qui ta mère ? FC Kareoki. C’est qui ton père ? FC Kareoki. » Un chant repris à cœur joie par l’ensemble de l’équipe lors de soirées bien arrosées. Et quand on demande à l’un des joueurs où se trouve leur premier trophée, une seule réponse : les Hogses. Avec le marteau et la faucille en guise d’emblème, l’équipe islandaise des Hogses ne passe pas inaperçue. D’autant plus lorsqu’ils débarquent avec l’hymne soviétique pendant les compétitions. Mais le club n’a jamais rien gagné. En revanche, ils ont volé les huit derniers trophées des champions d’Europe dont celui du FC Kareoki. « Certaines équipes nous facilitent la tâche en nous remettant directement la coupe. Comme ça, on a même pas besoin de la voler. »

En 2016, le FC Kareoki décide de remettre son titre en jeu, à Isafjörour dans le Nord de L’Islande. Dans les tentes qui servent de vestiaires, ils se retrouvent avec les Hogses, leurs adversaires de toujours. Le premier club de boue d’Islande débute mal le tournoi. Ils décident alors de sortir leur botte secrète : un punch maison pour saouler les Hogses et leur faire perdre le prochain match. Finalement, les joueurs du FC Kareoki craquent pour la boisson alcoolisée et en boivent bien plus que leurs rivaux. Mais cela ne les empêchera pas de remporter l’European Championship pour la deuxième fois consécutive. Néanmoins, une question demeure : sont-ils parvenus à garder leur trophée ?
Adrien Leroux
Crédit photo : Arte