Troisième week-end de course de la saison à Hochfilzen. Après avoir relativement déçu en Finlande, les Français avaient déjà la pression en arrivant en Autriche. Et enfin, les Bleus se sont approchés de leurs standards habituels. Retour sur les images fortes de cette troisième étape de biathlon.
Le dernier tour : Julia Simon pour un podium
À Kontiolahti, Julia Simon n’avait obtenu mieux qu’une 17ème place. Il fallait absolument qu’elle lance sa saison sur la piste autrichienne. Avec deux erreurs vendredi sur le sprint, Julia se classe sixième. Avec seulement vingt secondes de retard sur Alimbekava, le 10/10 aurait été synonyme de victoire. Les signaux sont tout de même positifs, un très bon temps de ski et surtout la possibilité de rester en embuscade en vue de la poursuite.
Dimanche, tous les espoirs étaient permis pour Julia Simon. Malheureusement, avec trois fautes sur les deux tirs couchés elle perd de nombreuses places. Sa vitesse sur les skis lui permet de rester dans la course. Elle ne lâche rien et s’engage à fond sur les tirs debout. Tandis qu’elle réalise le sans faute sur ses deux derniers tirs, ses concurrentes ne peuvent en dire autant. Elle entame alors le dernier tour à la quatrième place avec six secondes de retard sur Öberg, alors toujours leader du général. Grâce à un dernier tour sensationnel, elle dépasse sans mal la Suédoise et finira même à quatre secondes de la deuxième place. On y aura cru jusqu’au bout et la native d’Albertville termine la course exténuée, le podium bien mérité.
Le décollage : la patrouille de France est lancée
On se demandait, la semaine dernière, si les ambitions affichées par Fillon-Maillet ou encore Jacquelin étaient légitimes. Dans l’obligation de se reprendre, les hommes forts de cette équipe ont répondu présents. Deux courses individuelles pour quatre podiums, voilà ce à quoi nous avait habitué l’équipe de France.
L’étonnant Fabien Claude a enchaîné sur le sprint un deuxième podium consécutif en allant chercher le bronze. Devant lui, Quentin Fillon-Maillet qui monte sur la boite pour la première fois de la saison. Deuxième au départ de la poursuite, le Français réalise la course parfaite et décroche la première médaille d’or française de la saison. Juste derrière lui, Emilien Jacquelin. Parti sixième, celui qui avait gagné le classement de la discipline la saison dernière réalise également le 20/20. Dans le Top 10, on retrouve deux autres Français. Fabien Claude (5ème) et Antonin Guigonnat (9ème) viennent rappeler que la France peut compter sur un véritable vivier collectif. Comme l’a beaucoup répété Messaoud Benterki sur le plateau de la Chaîne l’Équipe « la patrouille de France est lancée ».
Le match avec la Norvège a lui pu reprendre de plus belle. Sur les deux courses individuelles, quinze des vingt places possibles dans les Top 10 sont revenues à des Français ou des Norvégiens. Ils sont également sept parmi les dix premiers du général, QFM aillant refait une première parti de son retard sur J.T. Boe.
La malédiction : Jacquelin et les relais
Avec autant d’hommes en forme, il est normal de nourrir quelques ambitions pour le relais. Ce sont d’ailleurs ces quatre mêmes biathlètes qui prennent le départ dimanche. Choix étonnant qui vient sanctionner la méforme de Simon Desthieux, ce n’est que le quatrième relais qu’il manque sur les 27 derniers. Emilien Jacquelin était attendu au tournant. La semaine dernière, il avait anéanti les chances de son équipe dès le deuxième tir. Il avait en effet visité trois fois l’anneau de pénalité.
Cette semaine, il arrive sur le tir debout au coude à coude avec les favoris. Bis repetita. Un craquage complet avec notamment quatre erreurs consécutives vient mettre du plomb dans l’aile du relais bleu. Même s’il n’est pas le seul fautif, ces nombreuses fautes ont de quoi interroger. Il peine à reproduire ses performances individuelles aux côtés de ses coéquipiers. C’est la Suède qui s’impose devant la Norvège et l’Allemagne. La France termine finalement sixième, et Emilien ne décolère pas. Après la course, il déclarait ne pas vouloir prendre part à la prochaine course en équipe. On dit pourtant qu’après être tombé à cheval, il faut remonter directement.
Les remontadas : les Bleues et Hanna Öberg
Comme leurs homologues masculins, les Françaises peuvent connaître des difficultés au tir sur les relais. Anaïs Bescond, première relayeuse, a eu besoin de ses six balles de pioches pour faire tomber les cibles. Elle évite cependant l’anneau de pénalité et passe le relais en quinzième place. Comme chez les hommes, le collectif des Françaises est vaste. Grapillant les places petit à petit, les Bleues termine finalement deuxième, à la même place que la semaine dernière. Une impressionnante force de caractère qui récompense à nouveau cette belle équipe.
Hanna Öberg a aussi su faire preuve d’abnégation. Elle vit cependant un début de week-end plus que difficile. La porteuse du maillot jaune n’obtient mieux que la 29ème place lors du sprint. Sur le relais, elle commet six fautes, ce qui n’empêche pas son équipe de finir à la troisième place. Au départ de la poursuite, son maillot de leader est fortement menacé. Grâce à un formidable 20/20 au tir, elle entame le dernier tour à la troisième place. Elle ne peut éviter le retour de Julia Simon et échoue au pied du podium. Elle perd tout de même son dossard jaune mais limite la casse grâce à ce bond de 25 places.
L’interrogation : Dorothea Wierer toujours dans la course ?
Cette lutte pour le classement féminin promet d’être serrée. Après trois week-end, impossible de dégager une tendance. Marte Olsbu Roieseland, annoncée comme la favorite, est pour le moment en tête. La surprenant Dzinara Alimbekava qui a obtenu sur le sprint la première victoire de sa carrière n’est pas loin derrière. Öberg elle aussi confirme qu’il faudra compter sur elle. Sa sœur Elvira affiche déjà de belles choses pour sa première saison professionnelle, elle est pour le moment quatrième. Mais la championne en titre Dorothea Wierer n’est pas aussi sereine que l’année dernière.
L’Italienne est pour le moment cinquième du général, mais ce classement vient cacher un début de saison très compliqué. Sa première place sur l’individuel de Kontiolahti sauve un peu les meubles. Autrement, elle n’a jamais intégré le Top 5. Des difficultés qu’elle met sur le dos d’une préparation tronquée par la pandémie. La fédération italienne n’a pas autorisé les déplacements pour préparer la saison. En attendant le retour de sa forme optimale, Wierer tentera de limiter la casse.
Le gratin mondial du biathlon aurait du se retrouver la semaine prochaine au Grand-Bornand. C’est finalement une nouvelle fois à Hochfilzen que prendra part cette quatrième étape. Au programme pas de relais, mais les premières mass-starts de la saison. De quoi redonner le sourire à Emilien Jacquelin ?