Jusque Noël, les Olympistes vous régalent. Chaque jour, jusqu’au 25 décembre, nous allons vous conter une anecdote, un récit historique ou une belle histoire liée au monde du sport. Et pour ce premier jour, nous partons en Floride à la rencontre de Chris Nikic devenu le premier trisomique à finir un Ironman.
Ecrire ses rêves pour les réaliser
Ils sont des dizaines de milliers chaque année à finir un Ironman, c’est à dire un triathlon XXL de 3,8 kilomètres de nage, 180 kilomètres de vélo et un marathon pour finir en beauté. Si tous les finishers inspirent le respect, certains attirent plus la lumière que d’autres, à juste titre.
C’est le cas de Chris Nikic. Né en 1999, l’Américain est né avec le syndrome de Down, une forme de trisomie. Cela lui a causé de nombreux problèmes de santé puisqu’il n’a pas pu marcher avant l’âge de 4 ans et n’a pas pu manger normalement avant l’âge de 5 ans. Mais, à 15 ans, un tournant dans sa vie s’opère. Son père lui fait découvrir le triathlon, et tout de suite c’est le coup de foudre. Malgré son handicap, l’adolescent se prend de passion pour ce sport aussi exigeant que chronophage. Sous l’œil bienveillant de son père, le Floridien progresse et passe son temps entre la piscine, les sorties vélo et les entraînements de course à pied.

« Un jour, mon père m’a dit d’écrire mes rêves pour les réaliser. Il m’a ensuite dit que ce n’est pas en restant assis sur le canapé à jouer aux jeux-vidéos que je réaliserai mes rêves. Mais si je fais un IronMan et devient un porte-parole pour ma communauté, alors j’aurai réalisé mon rêve. » Chris Nikic va alors développer sa propre méthode de travail. Il installe un grand tableau blanc dans sa chambre et note chaque jour les efforts accomplis pour se rapprocher de son rêve. Son père devient son entraîneur et les deux Américains vont mettre en place le « 1 % better challenge ». Cet outil de travail fixe comme objectif d’améliorer ses performances d’1 % chaque jour. Il s’agit plus d’un programme de motivation, qu’un plan d’entraînement avec des séances bien précises à effectuer.
Une performance historique
Après plus d’un an de préparation, Chris Nikic a pris le départ de l’IronMan Florida, en novembre dernier. Le triathlète n’était pas seul : à ses côtés Dan Grieb, son guide habituel. En effet, son handicap ne lui permet pas d’effectuer l’épreuve seul, l’organisation permettant alors un accompagnement spécifique autour de l’athlète. De plus, il disposait d’un équipement spécialement adapté à sa morphologie, notamment un vélo avec un cintre plat. Au bout de 16h46, l’athlète de 21 ans est devenu le premier trisomique à venir à bout d’un triathlon longue distance. L’Américain a nagé les 3,8 kilomètres en 1h54, les 180 kilomètres de vélo en 8h12 et enfin le marathon en 6h18. Cette performance magnifique a failli ne pas être homologué. En effet, le délais de l’IronMan Florida était de 17h. Au delà de ce temps, Nikic n’aurait pas été inscrit comme un finisher de l’épreuve.

Ces presque 17 heures d’effort ont bénéficié d’une exposition médiatique très importante. Sur les réseaux sociaux, les organisateurs ont partagé en direct les performances de l’athlète, retransmettant même en direct les derniers kilomètres de son marathon, un privilège d’habitude réservé aux meilleurs athlètes mondiaux. Dans la tiède nuit floridienne, Chris Nikic a fait plusieurs petits pas pour finir son IronMan, mais un pas de géant dans la riche histoire de l’IronMan.
Prochain objectif sportif : les Jeux Olympiques Spéciaux. Mais outre ses performances sportives, le Floridien de 21 ans souhaite sensibiliser sur l’inclusion des personnes handicapées dans notre société. Montrer que tout est possible à quiconque s’en donne les moyens, voilà le leitmotiv de Chris Nikic. « Moi je voudrais acheter une maison, une voiture et me marier avec une femme blonde venant du Minnesota ! » a déclaré le néo-IronMan. Vaste programme.