Le Grand Prix d’Istanbul du 15 novembre a totalement chamboulé la face du classement constructeurs. Si McLaren et Renault devançaient Racing Point, l’écurie rose de Silverstone s’est presque imposée en maître sous la pluie démentielle turque.
Aujourd’hui, les écuries françaises et britanniques sont au coude-à-coude. Chaque week-end peut totalement bouleverser la face du championnat. Dans une saison où il n’y a plus que deux écuries intouchables, cette course à la 3ème place constructeur est essentielle. S’imposer parmi les grands, un objectif commun à Renault, McLaren dans leur projet de reconstruction. Tourner la page de loser pour Racing Point. Au total, les quatre écuries ont enregistré 2 podiums chacun mettant en avant leurs deux pilotes, hormis Renault où Ocon n’est toujours pas monté sur les marches. Mais attention à ne pas enterrer Ferrari, qui a su faire tourner les usines de Maranello et gagner en compétitivité.
Racing Point en leader
Racing Point revient de loin dans cette deuxième partie de saison. Pourtant en Autriche , ce sont bien les « Mercedes Rose », qui attiraient tous les yeux. Des centaines de documents ont été publiés pour reprocher à Racing Point d’avoir copié la Mercedes de 2019. Renault avait même porté réclamation. Mais finalement, malgré une rapidité incontestée sur la plupart des circuits, on a pu enfin voir qu’une bonne voiture ne faisait pas tout dans ce sport.
Deux autres variables sont à prendre en compte : le pilotage et la recherche. Sur le premier point, les deux pilotes font de leur mieux, malgré quelques erreurs ayant fait perdre beaucoup de points à l’écurie de Stroll alors qu’ils avaient un avantage sur ses concurrents directs. Le deuxième point est tout aussi important voire plus. À quoi bon tricher si les ingénieurs ne savent pas développer la voiture ? Car ce qui fait la force de Mercedes n’est pas sa capacité à emmener la meilleure voiture sur le premier GP, mais à la maintenir efficace tout au long de la saison. Sur ce point, Racing Point était à la rue faute d’assez de matière sur une voiture qu’ils n’ont pas développé de A à Z.

Mais un changement dans la mentalité de Racing Point s’est fait ressentir en arrivant à Monza. Ce Grand Prix exceptionnel sacre notre Pierrot national mais également pour les roses. Lance Stroll finit à la troisième position, décrochant ainsi le premier podium de la saison et de l’écurie depuis le rachat de Lawrence Stroll. Un soulagement énorme entraînant une décontraction. Racing Point, alors cinquième, revient sur ses concurrents GP après GP avant de se présenter la semaine dernière à Istanbul à quelques mètres derrière Renault et McLaren à égalité.
En Turquie, ce fût une leçon Racing Point sous la pluie en qualifications. Premier et deuxième sur la grille, Pérez conservera sa position (deuxième podium) alors que Stroll tombera dans le classement après une stratégie de changements de pneus chaotique. L’écurie aurait pu faire le doublé et s’assurer la troisième place mais a décidé en appelant son pilote aux stands de conserver un peu de suspens. Racing Point pointe en tête du « classement des autres » avec 154 points.
Renault et McLaren en embuscade
Les écuries franco-britanniques motorisés par la firme française de Luca de Meo suivent une trajectoire assez similaire cette année. A peu près les mêmes ambitions, en espérant prendre la place de Ferrari en fin de saison. Le ciel leur a fait cadeau d’un cheval qui ne cabre plus mais pour compenser a fait apparaître un bonbon plus que rapide. Les deux écuries se sont donc creusés la tête dans les usines de Viry-Châtillon et Woking. Résultats : deux podiums chacun et un chassé-croisé constant.
L’écurie au losange semble avoir perdu le plus important en cette fin de saison, après le GP de Turquie. Leader des autres aux côtés de McLaren, la firme française voulait finir en apothéose, histoire de remercier Daniel Ricciardo pour ses deux années. L’Australien a recentré Renault sur le carte des écuries pouvant faire un podium, et même deux (on attend le tatouage Cyril!). Mais Daniel et Esteban se sont complètement noyés sur la piscine stambouliote. A trois Grand Prix de la fin de saison, cette erreur pourrait leur coûter cher. Dépassée par Racing Point et par McLaren, la future écurie Alpine voit dans son rétroviseur revenir Ferrari et devant sa visière s’envoler les deux écuries britanniques. Une fin de saison en loser, en bon Français ? Renault comptabilise 136 points et doit réagir dans des circuits où dépasser n’est pas chose aisée.

McLaren a fait une saison en dents de scie. Parfois impressionnants, d’autres fois à la ramasse, Norris et Sainz ont enchaînés performances et contre-performances. En début de saison, Lando nous a fait vibrer sur les deux manches d’Autriche. Une troisième place, premier podium personnel, puis une cinquième place avec trois dépassements dans le dernier tour. Mais les erreurs de pilotage et la malchance se sont accumulés pour le jeune protégé d’Internet, compensés par la montée en puissance de Carlos Sainz. L’Espagnol a débuté une dernière saison chez McLaren assez fragilement. Et comme beaucoup de pilotes cette année, Monza a été son déclic et son second podium en carrière. L’écurie de Zak Brown a su engranger de précieux points au long de la saison, mais sans grands coups. Avec 149 points, un seul mot d’ordre : tout faire pour ne pas être le troisième larron en évitant un mauvais week-end.

Ferrari peut-elle revenir ?
Les Ferrari sont mortes, elles ne pourront jamais revenir. Pourtant en regardant le classement on aperçoit deux chevaux à seulement six longueurs du losange Renault. Comment cela est-il possible ? On pensait, à raison, que la saison de Ferrari 2020 était perdue d’avance. Les Rouges ont complètement ratés le développement de la SF1000. Le moteur initial est catastrophique, l’aérodynamique pas terrible non plus. Les Italiens se sont alors reposés toute cette saison sur Charles Leclerc, auteur d’une première course exceptionnelle, tandis que Sebastian Vettel glissait peu à peu vers les abysses. Apathiques, vexés et muets Vettel ne veut plus faire partie de l’organisation créée par Enzo Ferrari.

Charles Leclerc a su grapiller des points à droite et à gauche, surtout grâce aux très bonnes qualifications que pouvait lui proposer sa voiture. En course, il défendait chaque point afin de ne pas faire sombrer l’image de l’écurie. Charles Leclerc déjà patron ! Mais Vettel s’est souvenu ce week-end turc de ses talents sous la pluie. Il a su décrocher une troisième place donnée par Leclerc dans le dernier virage. Le cheval cabré est sixième avec 130 points et n’a pas lâché les armes. Pourquoi pas finir troisième en fin de compte.
En bref, si vous devez parié votre PEL sur un sport, ne tentez surtout pas de le placer sur la prédiction de la troisième place en Formule 1. Rien n’est plus indécis que ce classement. Même si Racing Point paraît se relever pour ne plus plier, attention à la hargne des français, au panache des britanniques de McLaren et enfin au désespoir italien leur faisant pousser des ailes. Les trois dernières courses s’annoncent prometteuses.