Ce soir, il pleut dans le cœur de tous les fans de football. Ce soir, la terre a tremblé. Ce soir, l’impensable est devenu réalité, le mythe du présent a franchi la frontière de l’Histoire et la main de Dieu serre celle du Dieu du football. Diego Armando Maradona s’est éteint à l’âge de 60 ans des suites d’un arrêt cardiaque. Légende du football pour tous, demi-Dieu pour beaucoup, icône pour toujours, l’Argentin faisait partie de ces sportifs dont l’image dépasse celle du cadre sportif.
Mourir sans prévenir semble être le propre des légendes du ballon. 10 mois après Kobe, 2020 a de nouveau fait trembler toutes nos certitudes, jusqu’à faire tomber l’impensable. Impensable mais pas inimaginable. L’état de santé du génie d’1m65 a toujours inquiété, multipliant les hospitalisations, la dernière datant de quelques jours seulement.
Mais James Hunt disait que « plus on frôle la mort, plus on se sent vivant » et, bon sang, que Maradona devait se sentir vivant. Vivant passionnément d’ivresse, Diego résistait aux rouages infâmes du temps. « Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous » Plus d’un siècle avant, Charles Baudelaire avait déjà décrit la raison d’être du plus passionnant des passionnés. La légende Diego Maradona ne s’est pas écrite uniquement à partir d’un petit bonhomme sur un rectangle vert.
« Ma mère pense que je suis le meilleur, et j’ai été élevé en croyant toujours ce que ma mère me disait »
Bien sûr, Diego était le footballeur le plus fantastique du XXème siècle. Mais le plus fantastique était peut-être aussi en dehors du terrain. Créer un engouement sans équivalent jusqu’alors, remplissant un stade de 70 000 personnes juste pour sa présentation, n’est pas le propre des simples footballeurs. On pourrait parler des heures durant des débuts aux Argentinos, de l’éclosion à Boca et d’un Santiago Bernabeu debout pour acclamer un rival barcelonais. Mais, sur les pentes du Vésuve, Maradona a fait bien plus que jouer au football. Avec les tifosis italiens, une alchimie se crée. Les origines sociales de l’Argentin combinent parfaitement avec l’esprit napolitain.

Le San Paolo lui est acquis. Tellement acquis qu’on dira qu’en demi-finale de Coupe du Monde 1990, face à l’Italie (!), Diego joua à domicile, inscrivant même le pénalty de la qualification, pour une seconde finale mondiale consécutive. 4 ans après avoir écrit l’Histoire au stade Azteca. Là où Diego a inscrit deux buts à propos desquels tout a été dit.
« J’espère que cet amour que j’ai pour le football ne se terminera jamais »
El Pibe de Oro s’en est allé, concluant une dernière chevauchée fantastique que personne n’aurait aimé voir finir. Du stade Azteca, au volcanique San Paolo, de la Bombonera au mythique Camp Nou, Diego Maradona a réussi à s’approcher du génie comme très peu l’ont fait. Aller là où personne n’est allé avec un ballon, envoyer le cuir là où quiconque n’aurait pu le déposer, le tout avec une simplicité dépassant l’entendement. Cela n’est que la partie visible de Diego. Derrière le sublime, l’art du dribble magnifié au possible, il y a l’authenticité d’un garçon né dans les bidonvilles de Buenos Aires. C’est simple d’être Diego Maradona. Il suffit de jouer le foot de Fiorito dans les mythiques stades du Monde. Ramener le football de rue, le plus vrai et le plus pur de tous, au sommet de la planète football, voilà peut être la plus grande victoire de l’Argentin.
« Jusqu’à aujourd’hui, j’ai vécu 40 ans qui en valent au moins 70. Je suis sorti du bidonville de Fiorito pour atteindre le toit du monde, là haut tout en haut de la célébrité »
Maradona a fait de chaque stade dans lesquels il est passé une scène de spectacle, un spectacle qui durait 90 minutes. Ce spectacle durait en fait bien plus que 90 minutes. De l’échauffement aux frasques de 3ème mi-temps, c’était bien plus que 90 minutes. C’était 60 ans.
Diego a réussi à écrire avec un ballon une histoire. Celle d’un gamin de Fiorito arrivée tout en haut. Définitivement tout en haut désormais.
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