On attendait Thomas, Yates, Kruijswijk ou Nibali vainqueur à Milan, on a eu Tao Geoghegan Hart au terme d’un Giro marqué par l’épopée rose de João Almeida. Le point commun des deux hommes : Hagens Berman Axeon. Et ils ne sont pas seuls. Ruben Guerreiro, Jhonatan Narváez et Alex Dowsett autres vainqueurs d’étapes ont également grandi dans cette équipe. On fait le point sur la génération Axeon.
Post-formation plutôt que formation
Créée en 2009, d’abord sous le nom Trek Livestrong, l’équipe Hagens Berman Axeon a des origines sulfureuses. Elle est fondée par Lance Armstrong avant qu’il ne soit déchu de ses 7 Tour de France. Au début de l’aventure, l’équipe américaine était la formation satellite de l’équipe ProTour Radioshack. Son objectif a donc toujours été le même : former les coureurs de demain en conservant en son sein uniquement des coureur U23. Mais chez Hagens Berman Axeon dont Axel Merckx, le fils d’Eddy Merckx est au commande depuis 2014, on ne recrute pas n’importe qui. Il faut avoir un certain CV pour prétendre rejoindre l’équipe. On recrute les meilleurs jeunes du moment. C’est pourquoi on parle de post-formation plutôt que de formation au sens stricte.
En effet, Taylor Phinney, première pépite à la création de l’équipe, était déjà champion du monde du contre-la-montre juniors avant son arrivée. Les Néo Zélandais Jesse Sergeant et Sam Bewley étaient déjà médaillés olympique sur piste. Plus récemment, Mikkel Bjerg avait auparavant fait ses preuves en devenant champion du monde espoirs du chrono.

Cependant, rejoindre Axeon a un coût ou un avantage c’est selon : passer une bonne partie de l’année aux États-Unis. Au début du projet, les coureurs de la structure étaient en grande partie Américains avec quelques Australiens et Néo-Zélandais pour ne pas trop dépayser les coureurs. Depuis, Axeon s’est largement, internationalisé. Des colonies de coureurs britanniques puis belges, portugais et danois ont renforcé les rangs. Des coureurs isolés de pays différents culturellement ont même pris le risque de la rejoindre. C’est le cas de l’Équatorien Jhonatan Narváez, premier latino à ce jour a avoir fait partie de l’équipe. Clément Chevrier, coureur d’AG2R avant sa retraite, est le seul Français a avoir couru pour Axeon. Peut-être trouvera t’il des successeurs à l’avenir ?
L’apprentissage du haut niveau
L’équipe Axeon est l’une des équipes continentales (elle était continentale pro lors des saisons 2018 et 2019) au budget le plus important. Les 2 millions de dollars annuels permettent aux coureurs d’avoir un équipement à la pointe de la technologie. Leur fabricant de cycles est Specialized comme les World Tour Deceuninck Quick Step et BORA Hansgrohe. De plus, les entrainements y sont très scientifiques avec un suivi personnalisé pour chacun et un encadrement particulièrement réputé. Évoluer chex Axeon c’est aussi la garantie de pouvoir prendre part à toutes les plus grandes courses du calendrier espoir et parfois se frotter aux professionnels.

Si l’équipe a bien-sûr un calendrier très américain (Tour de l’Utah, Tour du Gila, Tour du Colorado, Tour de Beauce, Joe Martin Stage Race. etc), elle est aussi très présente en Europe. Ses coureurs sont inscrits à la Course de la Paix, au Triptyque des Monts et Châteaux, à la Ronde de l’Isard ou encore au Circuit des Ardennes. Par ailleurs, elle les accompagne ou leur permet de porter les couleurs de leur pays lors du Tour de l’Avenir, du Baby Giro et des monuments espoirs comme Paris Roubaix U23. On n’y fait pas que de la configuration. João Almeida s’est adjugé Liège Bastogne Liège espoirs en 2018. Jasper Philipsen et Mikkel Bjerg ont successivement remporté le Triptyque des Monts et Châteaux.
Des jeunes prêts pour le World Tour
En dix ans d’existence, Axeon a lancé 36 jeunes dans le World Tour. Statistiquement, c’est au dessus des scores de ses concurrentes en la matière. Aux Pays Bas et en Italie, la SEG Racing Academy (Jakobsen, Bol, Affini) et le Team Colpack Ballan (Ganna, Masnada, Bagioli) ne peuvent pas en dire autant. Axeon a la côte. L’équipe américaine continue d’inspirer les équipes du WorldTour à se créer une équipe filiale. Ces dernières se multiplient. Les équipes dites de « développement » de Jumbo Visma et Groupama FDJ en sont la preuve. Trek Segafredo s’est quant à elle trouvée une équipe réserve avec la Kometa Xtra de Contador et Basso. Si les chiffres sont impressionnants, les noms des coureurs le sont encore plus. Surtout après la saison 2020 et son Giro palpitant. Presque toutes les jeunes stars de la Corsa Rosa font partie de la « Génération Axeon ».

Tao Geoghegan Hart, 25 ans, a remporté le Giro. João Almeida, 22 ans et grand bonhomme de l’épreuve, a porté le maillot rose durant 15 jours et terminé quatrième du général. Le Portugais nous a fait une course sur le modèle du Tour 2019 de Julian Alaphilippe avec le même panache. Son compatriote, Ruben Guerreiro, 26 ans, a remporté une belle étape de montagne. Il a également ramené le Maillot Azzurro de meilleur grimpeur à Milan. Jhonatan Narváez, 23 ans, a pris part au festival INEOS en gagnant son étape. Le Lézard s’est imposé sous une pluie battante comme sur ses terres du Sucumbíos en Équateur. Enfin, Alex Dowsett, déjà 32 ans a remporté sa première étape en ligne sur un grand Tour tandis que Mikkel Bjerg, 21 ans, a enchaîné les places d’honneur. Les trois autres anciens d’Axeon, Joe Dombrowski, Lawson Craddock et Sean Bennett n’ont pas eu une réussite similaire.
Quels seront les suivants ?
Avant de penser aux prochains qui vont faire le grand saut dans l’élite mondiale, certains anciens d’Axeon sont également dans le World Tour. Ils attendent encore leur heure. Inspirés par la réussite de leurs prédécesseurs ou anciens coéquipiers, ces youngsters ont le talent pour se révéler à leur tour. En effet, Eddie Dunbar, les frères Ivo et Rui Oliveira, Jasper Philipsen, Neilson Powless ou encore Chris Lawless sont moins précoces qu’Almeida et les autres. En revanche, ils restent des jeunes à surveiller.
La prochaine « Next Generation » formée par Axel Merckx s’articulera autour de trois hommes. Kevin Vermaerke, l’Américain de 20 ans, vainqueur de Liège Bastogne Liège Espoirs, qui a d’ores et déjà signé pour Sunweb. Mais également Sean Quinn, Étasunien de 20 ans également. Quinn était stagiaire chez Deceuninck Quick Step en cette fin de saison mais restera chez Axeon en 2021. Le troisième homme est Michael Garrison, 18 ans. Garrisson est décrit comme l’un des plus gros talents américains avec Matthew Riccitello. La relève promet déjà !

Comment évoquer Hagens Berman Axeon sans mentionner Chad Young et Adrien Costa ? On pourrait croire que tout sourit à l’équipe américaine, pourtant ce n’est pas le cas. En réalité, l’équipe a été impacté par une tragédie en 2017. Son coureur Chad Young s’est tué lors du Tour du Gila après une chute à haute vitesse. Héliporté, il succombait malgré tout à ses blessures cinq jours plus tard. Un an plus tard, en 2018, c’est le prometteur Adrien Costa, qui avait certes mis sa carrière entre parenthèses, qui frôle la mort. Le Franco-Américain se faisait amputé d’une partie de la jambe droite après un accident d’escalade alors qu’il grimpait le Mont Coness en Californie. Les carrières de Young et Costa ont été brutalement stoppées mais ces épreuves ont renforcé la cohésion au sein de la structure Axeon. Coureurs et staff sont plus proches que jamais. On a maintenant hâte de suivre les athlètes d’Axel Merckx en 2021.