4 ans après leur dernière campagne en Europa League, les soldats lillois sont repartis sur le front de l’est. À Prague, les Lillois se sont largement imposés (4-1) mais n’ont pas pour autant montré un visage flamboyant. L’animation offensive nordiste s’est montrée intéressante par séquences mais a aussi montré certaines limites.
David, la tête de Turc
Pour cette nouvelle campagne, les hommes de Christophe Galtier s’étaient mis en mode Blietzkrieg. Les Nordistes se sont créés trois énormes occasions dès le début du match. Bilan ? Aucun but et un énorme raté de Jonathan David, qui allait en amener moultes autres. Manque de confiance peut-être, mais surtout un placement qui pose question. En soutien d’un 9 à La Gantoise, Christophe Galtier place sa pépite en pointe depuis le début de la saison. Il n’est pas jaune, il n’attend pas, Jonathan n’a cessé de vouloir participer au jeu et a ainsi énormément décroché. Même à 10, la défense tchèque n’a pas eu grand mal à contenir le joueur de 20 ans en première mi-temps, trop proche de Jonathan Ikoné et Yusuf Yazici. Ces décrochages incessants de David ont quelque peu gâché le jeu de permutation entre le Français et le Turc.
Ajoutez à cela un Jonathan Bamba moins entreprenant qu’à l’accoutumée et les attaquants lillois n’ont plus que les longs ballons de Sven Botman à se mettre sous la dent.

Avec aucun tir cadré, un expected goals bien loin de la réalité (2 buts « attendus ») et à peine 50 % de passes réussies, le jeune Canadien n’est pas encore à la hauteur des attentes placées en lui. La statistique sur les expected goals n’est pas tendre avec celui qui a inscrit 7 buts en Ligue Europa sous les couleurs gantoises, car elle met en avant les défauts du joueur dans la finition. Et la très bonne performance de Yusuf Yazici contraste énormément avec la piètre performance de David.

Un missile turc
Un petit tour sur le banc a visiblement fait un bien fou à Yusuf Yazici. Désormais cantonné à des bouts de match, le Turc a su saisir l’opportunité tendue par l’entraîneur lillois. Le joueur de 23 ans a débloqué la première mi-temps d’un missile qui ferait frémir les Grecs. Très disponible, le Lillois s’est aussi attelé à un pressing intense tout au long du match sur Matej Hanousek, le latéral droit du Sparta Prague. Ce pressing organisé des Nordistes a poussé à deux reprises les Tchèques à la faute. Résultat ? Une occasion ratée pour Jonathan David, un but pour Yusuf Yazici, un bilan très révélateur.
Si le score peut paraître lourd, l’attaque lilloise n’a pas réalisé un match plein, brillant par intermittence. Les phases de construction et de mouvement ont été trop rares. Les deux premiers buts de Yazici sont le résultat justement de combinaisons audacieuses, durant lesquelles les Nordistes ont alterné jeu court et long. Mais ces combinaisons n’ont pas toujours été de rigueur chez les Dogues.

Si Yusuf Yazici a su saisir sa chance, ce n’est pas le cas de tous les habituels remplaçants titularisés ce soir. Christophe Galtier a effectué 5 changements par rapport au XI qui a battu Lens. La paire Boubakary Soumaré-Xeka n’a pas été aussi ambitieuse qu’elle aurait dû l’être. Face à une équipe réduite à dix et souvent coupée en deux, les passes verticales ont terriblement manqué, au profit des passes latérales. Conclusion, les ailiers, notamment Jonathan Bamba, se sont retrouvés balle au pied loin du but adverse. Ceci explique la position moyenne très basse du Français lors de la 1ère mi-temps (voir ci-dessus).
Soumaré n’est pas innocent sur le but encaissé en début de seconde mi-temps, sûrement limité physiquement à cause de son maigre temps de jeu. Mais l’international Espoir s’est rattrapé après l’heure de jeu, mettant en avant sa qualité de passe (2ème meilleur passeur du match), offrant un caviar sur le but de Jonathan Ikoné.

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Il a donc fallu une heure pour voir des passes verticales amenant une différence notable et une animation offensive digne de ce nom. Face à une équipe pragoise en manque de rythme (aucun match officiel depuis le 3 octobre à cause de la situation sanitaire) et réduite à 10 pendant 70 minutes, les Lillois ont été très attentistes, attendant l’erreur adverse au lieu de créer l’occasion.
Un rouge qui change tout
En face, les joueurs de Vaclav Kotal n’ont pas montré grand chose. Le bloc médian mis en place au début du match a vite montré ses limites, notamment sur les transitions rapides lilloises. Kotal avait décidé de changer son système habituel, abandonnant ainsi son 3-4-1-2 pour un 4-2-3-1 puis un 4-4-1. Pour son retour au Sparta Prague, David Pavelka a été très convainquant. Le milieu défensif a pris la place de l’expulsé Ladislav Krejci en défense central et a causé de sérieux problèmes aux attaquants lillois, remportant 75 % de ses duels. Pas verni par l’arbitrage, le Sparta n’a jamais inquiété grandement Mike Maignan, ne cadrant que 2 tirs. Un carton rouge très sévère et un penalty peut-être oublié sur une faute de Bradaric ont bien évidemment compliqué la tâche du Sparta Prague.

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On pourra regretter la non-titularisation surprenante d’Adam Hlozek. La pépite de 18 ans a inscrit 4 buts en 6 matchs de championnat mais n’est entré qu’à la mi-temps, offrant une passe décisive dès son entrée après la mi-temps. Il se dit qu’au pays de Pavel Nedved, un successeur serait déjà trouvé. Son habituel compère en attaque, Lukas Julis, meilleur buteur du championnat tchèque, n’a pas pesé sur la rencontre cédant sa place à la mi-temps et ne touchant aucun ballon dans la surface de Mike Maignan.
La victoire lilloise marque donc la fin de deux longues séries des deux côtés. Les Nordistes se réjouissent de remporter leur premier match européen depuis plus de 6 ans (10 défaites et 7 nuls depuis) et de prendre la tête du groupe H. À l’inverse, les Tchèques n’avaient perdu qu’un seul de leurs 13 derniers matchs européens à domicile. Prochain match européen jeudi prochain, le Sparta Prague ira défier l’AC Milan, tandis que les Nordistes recevront le Celtic Glasgow.
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Matthieu Heyman