Ce dimanche, à l’occasion du Tour des Flandres, le coureur français effectuera sa dernière course sous les couleurs de l’équipe AG2R La Mondiale pour laquelle il roule depuis 2012. Retour sur le parcours et les objectifs de celui qui fut longtemps le chouchou des Français en cyclisme.
Un rêve irréalisable
Professionnel depuis 2012, Romain Bardet n’a jamais changé d’équipe, fidèle à AG2R et à son directeur sportif Gilles Mas. Il en est le leader depuis plus de cinq ans, bien qu’il n’ait toujours aucune victoire de renom à son palmarès (hormis 3 étapes du Tour de France). Après deux podiums sur le Tour en 2016 et 2017, on a longtemps cru que le grimpeur pouvait succéder à Hinault, dernier vainqueur français de la Grande Boucle en 1985. Ce rêve semble aujourd’hui bien loin… À bientôt 30 ans, Romain Bardet semblait vouloir changer d’air. Il termine seulement sixième en 2018 et meilleur grimpeur en 2019. C’est l’arbre qui cache la forêt. Ce dernier étant venu, à la base, pour le maillot jaune.

Lors du Tour 2020, Romain Bardet arrive dans l’optique d’aller chercher les victoires d’étapes. Pourtant, après 12 jours de course, le Français s’accroche aux favoris et est quatrième du classement général. Il profite du fait que les leaders le « sous-estiment » pour faire son petit bonhomme de chemin. Victime d’une chute lors de la 13e étape, une commotion cérébrale lui est diagnostiquée ce qui le contraint à abandonner pour la première fois le rêve de sa vie. Décidément, Bardet est maudit.
Le changement, c’est maintenant
« Take the risk or lose the chance », telle est la devise de l’Auvergnat. Le 10 août 2020, Romain Bardet annonce qu’il quitte l’équipe AG2R La Mondiale à la fin de l’année et rejoindra la formation allemande Sunweb pour deux ans. Il roulera aux côtés de la star montante du cyclisme, le suisse Marc Hirschi, 22 ans. Il souligne alors que quitter sa formation de toujours est « une décision mûrie au fil des années ».
Ce changement annoncerait-il un programme totalement nouveau pour la saison 2021 ? C’est en tout cas ce qui était prévu pour 2020, avant la pandémie de Covid-19. Renoncer à la Grande Boucle pour participer au Giro, à la Vuelta et aux Jeux Olympiques.
» Chez Sunweb, j’ai l’opportunité de démarrer sans attentes spécifiques ou d’objectif sur des courses précises. Nous allons d’abord nous concentrer sur les fondamentaux pour améliorer tous les domaines « , a déclaré le grimpeur dans un communiqué.
Pour sa future ex-équipe, qui deviendra AG2R-Citroën en 2021, le départ de son leader historique semble aussi être dans la continuité d’un changement de stratégie. Avec le recrutement du belge Greg Van Avermaet (35 ans), du suisse Michael Schär (34 ans) ou encore renouvellement d’Oliver Naesen, l’objectif n’est clairement plus de viser les Grands Tours mais les différentes Classiques. Ayant reposé tous les espoirs sur Bardet ces dernières années, l’équipe française en avait oublié les courses d’un jour. Enfin, le jeune Pierre Latour, maillot blanc du Tour de France 2018, n’a pas répondu aux attentes. Vincent Lavenu le voyait comme le successeur de Romain Bardet pour le classement général des Grands Tours. Cela explique cette stratégie nouvelle pour 2021. Avec un nouveau sponsor, à voir ce que cette équipe nous réservera.
Un nouveau Bardet made in Germany ?
En rejoignant Sunweb, Bardet choisi de s’exiler en Allemagne, ce choix ne semble pas anodin. En effet, en quittant une formation française, il s’enlève une pression supplémentaire. Celle du public, des médias et de sa propre équipe. Une pression que peuvent avoir certains français d’équipes nationales à l’approche d’un grand tour. La même que semble subir Thibaut Pinot avec l’équipe Groupama-FDJ .
De plus, la formation allemande n’a pas de réel leader en montagne. Elle se repose sur Hirschi pour les courses d’un jour. Le Suisse a remporté La Flèche Wallonne le mois dernier. Ainsi, dans les Grands Tours que Bardet souhaiterait découvrir (Vuelta et Giro), ce dernier aura sûrement carte blanche ainsi qu’une pression en moins. À lui de décider de se consacrer, ou non, au classement général dans une équipe très offensive comme on a pu le voir lors de ce Tour 2020. Notamment avec les 3 podiums d’Hirschi (dont un succès), la victoire de Søren Kragh Andersen. Et bis repetita sur Paris-Tours avec le succès de Casper Pedersen.

Revenu à la compétition le 11 Octobre, le Français se classe 7e d’un Paris-Tours, nouveau format plus adapté aux puncheurs. De bon augure pour dimanche, avec en ligne de mire le Tour des Flandres. Le Français abordera ce monument du cyclisme en tant qu’équipier de luxe pour Naesen. Pourquoi pas le voir créer la surprise ?
» J’ai bien aimé Paris-Tours. J’apprécie d’être sur des courses où je peux tout donner pour mes coéquipiers. Je me réjouis de disputer le Ronde pour aider Oliver Naesen »
Nul doute que le coureur, qui soufflera ses 30 bougies en novembre, a encore de belles années devant lui. Au sein de la Team Sunweb, il pourrait enfin aller chercher un Grand Tour. Il visera également un Monument comme le Tour de Lombardie, adapté à ses qualités de grimpeur, puncheur et de très bon descendeur.