Mercedes, l’équipe à battre depuis 2014, n’en finit plus de nous surprendre. Maîtres de la discipline en piste, dans les stands mais aussi dans les garages, rien ne semble pouvoir empêcher Hamilton et Mercedes de gagner encore et encore. Chaque année des améliorations, parfois infimes, permettent aux « flèches d’argent » de déposer leurs concurrents.
Lorsque les lumières de la Marina d’Abu Dhabi s’éteignent, mettant un terme à la saison 2019, les ingénieurs de Formule 1 débutent leur bal. Les garages de l’écurie de Daimler tournaient à plein régime durant déjà deux ans pour faire éclore le système DAS.
Une invention simple mais efficace
L’ingénieur est une personne respectée et renommée dans les paddocks. L’équipe de James Allison, chef du département d’ingénierie de Mercedes AMG F1, a prouvé depuis des années leur domination sur les autres. Cette année, à Barcelone, Lewis Hamilton et Valtteri Bottas ont joui une nouvelle fois d’un nouveau gadget.
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L’innovation DAS, Dual Axial System, agit sur le parallélisme des roues avants. Pour des monoplaces basiques, les roues forment un angle légèrement ouvert (à l’instar d’un canard) pouvant ralentir la voiture en ligne droite mais apportant de la stabilité dans les virages. Les ingénieurs Mercedes ont donc réfléchi, pendant deux longues années, à un système permettant de modifier l’angle des roues et d’être performant sans contrainte sur chaque secteur d’un circuit. C’est donc chose faite ! Lorsque Hamilton et/ou Bottas tirent leur volant, l’angle des roues est modifié pour obtenir un parallélisme parfait. « C’est un coup de génie, c’est simple sur son fonctionnement, c’est légal et efficace. À Barcelone, on parlait d’un gain de 3 dixièmes au tour. C’est l’essence même de la F1 : inventer et jouer avec les limites du règlement » affirme l’analyste F1 sur Twitter Monkey Seat.
En bref, grâce à une action simple sur le volant, les pilotes Mercedes peuvent déposer n’importe quel concurrent. Un atout en plus sur les circuits à longues lignes droites, qui pourront être présents en fin de championnat.
Une invention et plusieurs polémiques
Chaque innovation est suivie de son lot de jalousie, plaintes et doutes. Cette année, le DAS ne déroge pas à la règle car deux polémiques ont vu le jour à propos d’une potentielle illégalité et d’un manque de sécurité.
Red Bull n’a pas chaumé pour, une nouvelle fois, attaquer l’innovation au nom de l’illégalité. En effet, la firme au taureau n’est jamais à cours d’idée pour dénoncer des potentielles triches des uns et des autres. C’est encore une fois chose faite ! Deux plaintes déposées contre la voiture 44 d’Hamilton et la voiture 77 de Bottas pour le même motif. Il s’agirait selon eux d’une triche jouant sur une modification du système de suspension, qui est formellement interdit. Cependant, Mercedes exploite une zone floue du règlement et tout dépend du point de vu de chacun. Après de longues heures de réunions, la direction a officialisé un communiqué : DAS ist gut !
Cependant, malgré les plaintes de l’écurie du taureau rouge, les deux Mercedes ne semblent pas avoir utilisé le DAS lors des qualifications à Spielberg en Autriche, et très peu durant la course. Un poil décevant pour tous les observateurs qui attendaient de lancer leur chronomètre pour comprendre réellement le gain de vitesse. » J’ai moi aussi été étonné de ne pas voir Mercedes utiliser le DAS autrement que pour la gestion de température des pneus sur les tours de chauffe et derrière le Safety Car. Est-ce dû aux caractéristiques du circuit ? À leurs problèmes de boite de vitesse ? Difficile à dire mais c’est une invention qu’ils développent depuis 2 ans, je les vois mal investir autant pour si peu« .

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Un autre débat s’est ouvert concernant la sécurité entre journalistes, pilotes actuels et retraités. Jacques Villeneuve, sur les antennes de Canal+, affirmait que la position du pilote n’était pas préférentiel et pouvait engendrer des comportements et des réflexes anormaux. Pour d’autres, le débat n’a ni queue ni tête car les volants sont déjà complexes et l’activation du DAS (tirer le volant vers soi) n’est pas compliqué. Pour Monkey Seat, le DAS ne serait pas dangereux mais compliquerait la tâche du pilote.
En tout cas, les plaintes et doutes ne se répercuteront pas sur la saison 2021 car l’innovation allemande à d’ores et déjà été interdite. Et oui, tout ça pour ça ! Mais Mercedes a montré aux yeux du monde « qu’ils ont atteint un niveau de quasi perfection. Ils ont le budget, le personnel et les pilotes pour rester au top ».