La vie reprend son cours ces derniers temps. Les gens ressortent, les terrasses sont en place, mais surtout, le sport est de retour ! Après le foot, c’est la Formule 1 qui redémarre le 3 juillet. À l’occasion du premier Grand Prix de 2020, les écuries se retrouvent à Spielberg en Autriche pour le début d’une saison qui s’annonce particulière.
On l’attendait depuis le 13 mars, jour où le GP de Melbourne a été annulé pour cause de coronavirus. Les pilotes, à l’image de Lewis Hamilton, avaient montré leur incompréhension à l’idée de courir en Australie alors que le monde entier se confinait. McLaren avait d’ailleurs déclaré forfait la veille après avoir détecté plusieurs cas au sein de son staff. Mais le résultat est qu’après 2 mois de mise en quarantaine, Mercedes et compagnie vont à nouveau pouvoir se tirer la bourre sur la piste !
Un calendrier inédit
Qui dit crise sanitaire mondiale, dit conséquences sur le déroulement de la saison. Si un calendrier a été publié début juin par la FIA, vous avez sûrement dû remarquer qu’il n’avait rien d’ordinaire. Sur les 8 courses annoncées, 2 auront lieu en Autriche et 2 au Royaume-Uni. La décision de doubler certains Grands Prix intervient dans le but de proposer une saison avec un nombre de courses proche de ce que l’on a d’habitude (environ une vingtaine). À noter également que ces circuits sont tous localisés en Europe. En effet, les conditions y sont plus propices qu’ailleurs.

De leur côté, les GP asiatiques continuent d’être annulés un par un. Si l’on n’en sait pas plus sur le GP du Vietnam ou sur celui de Chine (où le virus semble trouver un second souffle), on peut d’ores déjà oublier l’idée de voir les monoplaces se battre à Suzuka et à Singapour. Julien Cizabuiros (alias Hydro sur YTB), youtuber F1 et commentateur des dernières 24h du Mans virtuelles, donne son ressenti : « C’est un choix logique au vu de la situation actuelle. Il suffit de huit manches de F1 pour que le championnat soit compté comme un championnat officiel. Après, Singapour et le Japon sont deux circuits que j’adore, mais s’il faut se priver d’eux pour avoir une saison je ferai avec ». Ces circuits s’ajoutent à cette liste où l’on retrouve les GP de France, Monaco, Melbourne, Zandvoort et désormais Baku.
Plusieurs villes, prêtes à mettre à disposition leur piste, sont dans les tuyaux. Si la FIA prend ses décisions avec beaucoup de recul, nombreux sont ceux qui pensent qu’elle ne devrait pas hésiter à greffer ces nouveaux circuits. « Cette saison offre une opportunité que la F1 doit saisir. Elle doit oser se rendre sur des circuits qui, en temps normal, ne sont pas sur le calendrier. C’est une saison différente, autant en profiter pour essayer de nouveaux circuits et voir leur potentiel. Mugello est quasi confirmé, Imola est bien parti donc je suis impatient de voir ces deux courses », analyse Hydro. De leur côté, Hockenheim et Portimao sont également dans les petits papiers de la FIA, reste à voir s’ils seront confirmés.
Limite d’effectif, huis-clos et suivi des pilotes
Certes la Formule 1 reprend. Or avec des règles bien précises. Car si le confinement est levé, cela ne veut pas dire pour autant que le virus a disparu (bien au contraire). Pour lutter contre le Covid, le paddock va devoir suivre les restrictions de la FIA.
Tout d’abord, les écuries n’ont le droit qu’à 80 membres dans leur staff les week-end de courses. Cela représente une baisse de 20% par rapport au nombre habituel. Les écuries ont intérêt à faire les bons choix concernant le staff sélectionné. D’autant que les courses vont s’enchaîner, entraînant de la fatigue dans les garages. Julien est d’ailleurs réticent à ce sujet : « Trop de courses tue la course. Pareil pour les hommes qui travaillent dans le paddock. Ainsi, la saison va être extrêmement fatigante aussi bien physiquement que mentalement ». Si ce championnat s’annonce délicat pour les mécanos, il le sera tout autant pour les pilotes. Avec un nombre de courses inférieur à la normale, ils n’auront pas le droit à l’erreur s’ils veulent atteindre leurs objectifs.

Autre point important de cette reprise : les courses seront à huis clos. « J’ai hâte de voir comment la F1 va faire pour rendre les week-ends de course intéressants malgré les huit clos », déclare un Hydro impatient de revoir de la F1. Est-ce que la Formule 1 va s’inspirer des ambiances des stades de foot ? Allons-nous avoir des grosses enceintes qui lâchent des applaudissements à chaque dépassement ? On n’en sait rien pour le moment. Une chose est sûre, on peut déjà faire une croix sur les marées hollandaises et les tifosi à Monza…
Enfin, les acteurs de cet exercice 2020 vont être régulièrement soumis à des tests. Les pilotes et les membres du staff testés positifs seront isolés et remplacés. À noter, que l’entourage du staff et des pilotes sera également suivi afin de déceler les nouveaux cas.
L’essor du Twitch game
Le confinement a tissé de nouveaux liens, notamment entre les streamers et les pilotes pro. Charles Leclerc et cie, ont passé le temps en live à s’affronter sur des courses virtuelles assez mouvementées.

Le coureur Ferrari l’évoquait au cours de ses streams. Il cherche un moyen pour pouvoir diffuser son métier à sa communauté Twitch. Si streamer les courses semble impossible au niveau des droits TV, il peut toujours s’essayer sur des événements privés (karting, entraînement…). Celui qui a le mieux développé l’idée jusqu’à présent est Lando Norris. Le pilote McLaren s’est filmé en direct sur Twitch au volant d’une F3. On le voit filer à toute allure sur les courbes de Silverstone laissant résonner le doux bruit de sa monoplace.(https://www.twitch.tv/landonorris/clip/BlindingEntertainingBorkKreygasm)
Si ce coup de pub a boosté les stats de certains streamers, nul doute qu’il y aura aussi des retombées positives sur la F1. « Ça rajoute un lien que l’on pourrait qualifier de personnel avec le pilote. On le voit chez lui, pas dans son rôle habituel, on a l’impression d’être un ami proche. De l’autre côté les équipes de F1 devraient aussi profiter de ce buzz pour créer du contenu pour leurs réseaux sociaux par exemple ». Relation gagnant-gagnant, qui devrait augmenter les audiences les jours de Grand Prix.
L’instant Pronos
Hydro et les Olympistes sont unanimes. Hamilton et Mercedes restent les principaux favoris pour cette saison 2020. « Verstappen (Red Bull) en outsider et une bonne surprise avec Ocon (Renault) », ajoute Hydro. Il nous donne également les équipes qu’il va suivre attentivement : « Je vais suivre de très près Haas, McLaren et Williams qui sont dans une situation très dangereuse financièrement et ça serait un énorme choc de perdre une de ces équipes l’année prochaine ».
En effet, avec l’arrêt de la F1, nombreuses sont les équipes qui se retrouvent désormais sur la sellette. Rokit a stoppé son partenariat avec Williams et McLaren plaide pour obtenir des prêts supplémentaires à cause de gros problèmes d’argent. Face à cette instabilité financière, on peut se demander comment les écuries vont pouvoir se développer entre chaque GP. De son côté, Julien est clair : « Niveau développement c’est simple, les grosses équipes évolueront les petites non ». Les premières semaines de courses nous donneront une bonne indication d’où en sont les écuries dans leur développement. Pour l’heure, il ne nous reste plus qu’à attendre la première extinction des feux de la saison. Alors montez le volume, et rendez-vous dimanche au premier virage.
Crédits Photo : DPPI
Un grand merci à Hydro de nous avoir apporté toute son expertise sur cette reprise de la F1. Vous pouvez le retrouver sur Youtube (« Hydro ») et en live sur Twitch (« idreau_ »).
Théo Wargnier