Il y a des sportifs qui resteront à jamais dans le cœur et la mémoire des Français. Alain Mimoun fait sans aucun doute partie de ceux-là. Une légende au grand cœur qui a fait rêver plus d’un gamin. Car, avec quatre médailles olympiques dont une en or sur le marathon des JO de Melbourne en 1956, Mimoun restera pour l’éternité au Panthéon des plus grands athlètes de notre histoire. Itinéraire d’un champion hors-du-commun.
La terre algérienne comme terre d’entraînement
Alain Mimoun naît le 1er janvier 1921, dans un petit village près de Sidi-Bel Abbès dans le Nord-Est de l’Algérie. Très vite, le jeune Mimoun prend goût à la course à pied. Alors que sa mère allait chercher du bois en forêt, le jeune algérien en profitait déjà pour parcourir des dizaines de kilomètres dans les bois. Le tout à seulement 8 ans ! Sans aucun doute, c’est sur ces terres algériennes que la légende Mimoun est née. Une vraie graine de champion.
À 11 ans, Alain Mimoun, aussi bon à l’école qu’à la course à pied, se voit refuser une bourse pour les études que tout le monde lui promettait. Un terrible refus qui va l’amener à prendre une décision forte. L’Algérie n’a plus rien à lui donner, il doit quitter son pays d’origine. Son choix était fait, il devait donc rejoindre par n’importe quel moyen la France. C’était sa destinée. Et la seule option qui lui était présentée pour y parvenir, c’était l’armée. C’est ainsi, qu’à seulement 18 ans, Alain Mimoun s’engage avec l’armée française sans imaginer un seul instant ce qui l’attend derrière la Méditerranée : la guerre.

Alain Mimoun, le courageux soldat
À peine arrivée dans l’Hexagone, le soldat Mimoun est affecté au 19ème régiment. Il combat alors pendant neuf mois les Allemands à la frontière belge. À la fin de l’année 1940, il est cantonné à Bourg-en-Bresse. Au cours d’une de ses premières sorties, le « destin », comme il aime à nommer certains moments de sa vie, va lui faire un sacré clin d’œil. Alors qu’il venait de courir avec des jeunes du coin, Monsieur Vilar, responsable du club d’athlétisme local le repère et va peu à peu l’aider. Après un mois d’entraînement, et devant près de 4000 spectateurs lors des départementaux de l’Ain sur 1500 mètres, Alain Mimoun du haut de ses 19 ans va époustoufler la galerie. À la surprise générale, l’inconnu Mimoun, remporte la course et humilie le champion local.
En janvier 1944, finies les courses, retour à la guerre. Alain Mimoun devenu entre-temps caporal-chef est envoyé en Italie, près de Naples pour combattre les Allemands. Mais c’est sous la chaleur napolitaine que Mimoun va voir l’enfer. Au cours d’un assaut allemand, le futur champion olympique est percuté par un obus. Ce dernier est alors vite évacué vers un hôpital de campagne américain. Les médecins américains veulent amputer… Mais l’athlète franco-algérien est décidément né sous une bonne étoile. Il est envoyé par miracle vers un hôpital français près de Naples où un docteur sauvera ce pied qui 12 ans plus tard vaudra de l’or.

Une véritable histoire d’amour avec Zátopek
L’histoire d’Alain Mimoun avec les Jeux commence en 1948 à Londres. Un an après son titre de champion de France (en 1947), le Français parvient à décrocher une première médaille d’argent sur le 10 000 mètres. Et puis, rebelote, quatre plus tard. Mimoun décroche deux autres médailles d’argent lors des Jeux d’Helsinki en 1952 sur un 5000 mètres baptisé depuis le « 5000 du siècle » et sur 10 000 mètres. Ainsi, à la fin des années 50, le nom de Mimoun se fait connaître aux quatre coins de la France. Il était devenu le symbole du petit français fonceur et courageux qui ne lâche jamais rien. Un véritable Astérix des temps modernes.
Mais Alain Mimoun, serait-il devenu un aussi grand champion sans son ami tchèque Émile Zátopek ? Probablement non. En effet, dans les années 50, le grand tchèque, Émile Zátopek, et le petit Français, Alain Mimoun, survolaient la course de fond au niveau mondial, le premier devançant souvent le second. Une rivalité qui s’est pourtant transformée au fil du temps comme une véritable amitié. Rendez-vous compte, Alain Mimoun refusa l’aide du médecin à la fin de son marathon en 1956 car il voulait à tout prix attendre son copain tchèque. Sans aucun doute, Emile Zatopek a participé à la construction de la légende Mimoun. Quelques années plus tard, ce dernier affirmera : « Zatopek ! Un saint cet homme ! Un vrai militaire ! Zatopek, il m’a fabriqué ! »
« Zatopek, il m’a fabriqué ! »
Le sacre olympique de Melbourne
Lors de ces Jeux à Melbourne, en 1956, rien ne prédestinait pourtant le coureur français à s’aligner sur le marathon. Déjà la participation à ces Jeux était inespérée pour Mimoun. En effet, en 1955, ce dernier souffre d’une terrible sciatique qu’aucun médecin n’arrive à soigner. Désespéré, le franco-algérien se rend alors à la basilique de Lisieux (en Normandie) chercher de l’aide au près de Dieu. Et puis trois jours plus tard, miracle … Le voilà qui galope ! Il ne s’était jamais senti aussi léger. Décidément, Alain Mimoun est bien né sous une bonne étoile.
Alors qu’il n’avait fini que neuvième sur le 10 000 mètres à Melbourne, Alain Mimoun décide au dernier moment de s’aligner sur le marathon, une distance qu’il n’a jamais couru. Cette annonce en fait rire plus d’un. Pourtant, le Français était persuadé de gagner. Mimoun voyait plusieurs signes favorables à sa réussite avant la course. D’abord, il apprend la naissance de sa fille par télégramme, la veille de la course. Ensuite, les Français qui ont remporté un marathon olympique l’ont fait en 1900 et 1928, soit tous les 28 ans, donc 1956 devait confirmer le « jamais deux sans trois ». Et enfin, le jour de l’épreuve, le grand ami de Zátopek portait le numéro porte bonheur, le 13.

Au terme d’une course maîtrisée d’une main de maître, et après 2 heures et 25 minutes d’effort, Alain Mimoun devient ainsi le 1er décembre 1958, champion olympique de marathon. Malgré une chaleur insoutenable ce jour-là (36 degrés), la soif, les mirages, le coureur français réussi à dompter les éléments pour s’offrir la plus belle course de sa carrière. Une chose est sûre, celle-là il l’a méritée !
Avec 32 titres de champion de France, 12 records de France et 4 médailles olympiques dont la médaille d’or aux Jeux de Melbourne, le palmarès d’Alain Mimoun est aussi long qu’un marathon. Un palmarès unique qui a construit à coup sûr la légende Mimoun. Un sportif « exceptionnel » et d’une générosité sans égale qui a fait de ce p’tit algérien un véritable monument du sport français. Chapeau l’artiste !