Avec 3 Tour des Flandres et 3 Paris-Roubaix à son palmarès, Johan Museeuw fait sans aucun doute partie des meilleurs flandriens de l’Histoire. Du triplé de la Mapei sur le vélodrome de Roubaix en 1996 à sa dernière victoire en 2002, le Belge aura marqué les Classiques au tournant de l’an 2000.
Mapei, la machine à Classiques
Au terme de la saison 1994, Johan Museeuw rejoint l’équipe Mapei, l’ancêtre de l’actuelle Deceuninck Quick-Step. Cette équipe italienne est l’une des meilleures équipes du monde, avec dans ses rangs Tony Rominger ou encore l’iconique Frank Vandenbroucke. Dirigée par Giuseppe Saronni, la Mapei vise particulièrement les Classiques printanières. Dès la saison 1995, Museeuw remporte son deuxième Tour des Flandres, Franco Ballerini lève les bras sur l’Enfer du Nord et Frank Vandenbroucke s’impose sur Paris-Bruxelles.
Mais, c’est lors de la saison suivante que l’équipe italienne frappera un très grand coup. En effet, sur Paris-Roubaix, qui fête alors son centenaire, la Mapei réalise un exploit sensationnel. En effet, la formation de Giuseppe Saronni réalise un écrémage impressionnant afin de mettre sur orbite leur leader. Mais, sur cette course, la Mapei est véritablement seul au monde. Ce sont trois coureurs de cette même formation qui arrivent ensemble sur le vélodrome. En compagnie des Italiens Andrea Tafi et Gianluca Bortolami, Johan Museeuw s’impose au terme d’un final totalement tronqué. En effet, le leader de la Mapei va crever à 10 kilomètres mais ses deux coéquipiers vont l’attendre et ne vont pas contester sa domination sur le Vélodrome.

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Museeuw continue de briller tout au long de cette année 1996 en terminant sur le podium de l’Amstel Gold Race, mais surtout en devenant champion de Belgique puis champion du Monde. C’est donc avec le maillot arc-en-ciel que le Belge réalise une saison 1997 d’une régularité hors-pair : 13ème du Tour des Flandres, 9ème sur Gent-Wevelgem, 3ème de l’Enfer du Nord, 6ème de Liège-Bastogne-Liège et 8ème des Mondiaux.
Le coureur de la Mapei a répondu présent mais n’a pas levé une seule fois les bras sur les Classiques, une première depuis près de 10 ans ! Certains diront qu’il a subi la malédiction du maillot arc-en-ciel. Il est vrai que Museeuw n’a pas été épargné par la malchance durant les grands rendez-vous. Une chute dans le sprint final de Milan-San Remo, une autre sur le Tour des Flandres lui faisant perdre plus d’une minute, et enfin une crevaison lors de Paris-Roubaix dans le secteur décisif de Gruson donneront à cette saison un goût d’inachevé pour « le Lion des Flandres ». Il est donc impératif pour lui de remettre les pendules à l’heure lors de la saison suivante et de, de nouveau, lever les bras sur une course majeure.

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1998, la chute
Le premier grand rendez-vous pour Johan Museeuw est Paris-Nice. Sur la « Course au soleil », le Belge est au service de Frank Vandenbroucke, qui remporte là son premier grand succès. Puis, viennent les Flandriennes durant lesquelles le coureur de la Mapei va se montrer intraitable. Vainqueur du GP E3 et de la Flèche Brabançonne, il se présente en grand favori sur le Tour des Flandres. Grâce à une puissante attaque dans le Ten Bosse, il s’en va seul remporter un 3ème Tour des Flandres, un record. Museeuw semble avoir retrouver ses jambes des saisons 1995 et 1996 et peut prétendre à une victoire sur Paris-Roubaix et réaliser une véritable razzia printanière.
C’est sous la pluie que les coureurs disputent la 96ème édition de Paris-Roubaix. Le risque de chute est donc amplifiée et le « Lion des Flandres » va en faire les frais. Dans la Trouée d’Arenberg, le Belge chute et est obligé d’abandonner. Verdict des médecins : fracture infectée de la rotule, l’amputation est envisagée. A 32 ans, beaucoup estiment alors que la carrière de Museeuw est terminée et qu’il ne pourra pas revenir à son meilleur niveau.
Après de long mois de convalescences, Museeuw revient à la compétition et vise toujours les Classiques. Mais, désormais, il doit s’adapter avec un corps vieillissant qui a subi de nombreux traitements après sa grave chute. Prudent pour son retour, il va tout de même signer de belles places d’honneur en terminant sur le podium du Tour des Flandres et dans le Top 10 de Paris-Roubaix. Le Belge n’a pas signé de victoires majeures durant cette saison mais a montré qu’il n’était pas encore perdu pour le cyclisme.
2000, la revanche
Après un début de saison en demi-teinte, c’est tout de même dans le costume de favori que Johan Museeuw prend le départ de la 98ème édition de Paris-Roubaix. Avec Andrea Tafi, Stefano Zanini, Wilfried Peeters et Tom Steels, l’équipe Mapei peut nourrir de fortes ambitions. Mais, le « Lion des Flandres » ne va pas se reposer sur son équipe et décide de prendre lui-même les choses en main. Il attaque en solitaire à 45 kilomètres de l’arrivée. Derrière, les favoris se désorganisent et seule la Team Telekom d’Erik Zabel peut assurer un semblant de poursuite. Il est trop tard, le Belge s’en va remporter un deuxième Paris-Roubaix, 4 ans après son premier succès mais surtout 2 ans seulement après sa terrible chute qui aurait pu mettre un terme à sa carrière. En guise de célébration, le coureur de la Mapei montre son genou. Un geste fort symbolique, histoire de « remercier toutes les personnes qui ont travaillé » pour le retour du Belge. Il réussit là un des plus grands comebacks de l’histoire du sport.

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Mais, le destin ne va décidément pas épargner Johan Museeuw. Quelques mois plus tard, il est victime d’un accident de moto. Résultat : fractures du péroné, de la cheville et de la clavicule, hémorragie cérébrale et traumatisme crânien. Âgé de 35 ans, ça sent définitivement la fin de carrière pour le triple vainqueur du Tour des Flandres. Mais, le Belge va de nouveau se relever. Désormais sous les couleurs de la Domo-Farm, le Lion des Flandres va montrer qu’il ne faut jamais l’enterrer. Lors de cette saison 2001, il va se mettre au service de ses coéquipiers puisqu’il n’a toujours pas retrouvé toutes ses capacités physiques. Et ça va payer, particulièrement sur Paris-Roubaix. Deuxième de la course, c’est son coéquipier Servais Knaven qui s’impose. La nouvelle équipe Domo-Farm réalise alors une exceptionnelle performance puisqu’elle place 4 coureurs dans les 5 premiers de l’épreuve !
2002, la dernière
Même sans le moindre succès, Museeuw a montré durant cette saison 2001 que malgré ses deux graves blessures et son âge, il faut toujours compter sur lui. Troisième du GP E3, il va ensuite terminer deuxième du Tour des Flandres, victime de la très bonne tactique de la Mapei, son ancienne équipe. À 36 ans et 6 mois, c’est toujours avec la pancarte de favori qu’il prend le départ de la 100ème édition de Paris-Roubaix. Et l’histoire va se répéter pour le coureurs de la Domo-Farm. Comme en 2000, il va attaquer de loin, à plus de 40 kilomètres de l’arrivée, prenant par surprise ses principaux rivaux que sont Hincapie, Boonen et ses anciens coéquipiers de la Mapei comme Tafi. Sous la pluie, Museeuw va s’imposer en solitaire avec plus de 3 minutes d’avance, un troisième succès très symbolique.


Après avoir gagné l’édition du centenaire, puis l’édition de l’An 2000, le « Lion des Flandres » remporte la 100ème édition. C’est surtout une seconde revanche pour Museeuw après son accident de moto. Avec trois succès sur l’Enfer du Nord, il fait définitivement partie de la légende du cyclisme. Membre de la Mapei qui fut sûrement l’une des meilleures équipes sur les courses d’un jour, Museeuw s’est construit un immense palmarès sur les Classiques entre son premier Tour des Flandres en 1993 et son dernier Paris-Roubaix en 2002.