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Ross Brawn : retour sur une utopie

Il y a une semaine, Ross Brawn, dirigeant de la Formule 1, affirmait aux micros du monde entier deux manières de reprendre la saison après la crise sanitaire. Ces jugements hâtifs de la FIA et de la F1 prouvent une nouvelle fois l’utopie et le caractère déconnecté de la discipline.

Ross Brawn, considéré comme le meilleur ingénieur de l’histoire du sport auto, est tombé bien bas. Fidèle compagnon de Michael Schumacher et Jean Todt, il décide de suivre ce dernier à la tête de la Formule 1.

Les propos de Brawnie

Lors d’une émission en direct réalisée par la chaîne britannique Sky Sports, le bras-droit de Jean Todt affirme que la saison 2020 pourrait reprendre. Pour cela, la Formule 1 aurait déjà réfléchi à deux manières de le faire. L’option de l’annulation de la saison 2020 ne serait qu’une lointaine histoire pour les dirigeants de la Fédération International de l’Automobile. La crise sanitaire pourrait prendre fin dans quelques mois. Cependant une différence est à noter avec les autres sports : des déplacements sur la majorité des continents. Le fait de reprendre une saison avec des GP à disputer sur des territoires où la crise sanitaire n’est pas contrôlée serait un peu présomptueux.

Des rêves plein la tête
Crédit Photo : Motorsport

Pour Ross Brawn et sa troupe, une des solutions envisagées serait de reprendre le championnat 2020 en juillet sur le Vieux Continent.

« Les conditions apparaissent favorables pour que le début de la saison se dispute en Europe, et cela pourrait être un événement à huis clos. Nous aurions une course sans spectateurs. Ce n’est pas l’idéal mais c’est mieux que pas de course du tout. » Ross Brawn

Le nombre de courses sur la saison 2020 serait presque inchangé avec 18 ou 19 GP en six mois. Cette situation serait possible grâce à des courses à huis-clos et des prises en charge des pilotes par avions charters. Tous les pilotes, ingénieurs et personnels du paddock seront testés efficacement chaque week-end. La F1 roulera donc dans des stades complètement vides avec tout de même un risque de diminution des équipes touchées par l’épidémie. En effet, les personnes contaminées ne pourraient pas accéder aux circuits pour protéger les différentes personnes.

La deuxième solution de Brawnie serait de commencer le championnat en octobre et ne disputer que huit courses. Ce serait l’ultime hypothèse avant l’annulation de la saison puisque ce minimum de courses est imposé par la FIA afin de décerner un champion du monde. Les huit dernières courses seront donc au programme sur trois mois. Le rythme est peut-être plus réaliste mais cette situation reste toujours spéculative.

Huis-clos, la fausse bonne idée ?

Revenons tout d’abord à l’affaire huis-clos. Nous appelons à la barre les promoteurs de Grand Prix. Comment les rémunérer s’il n’y a pas de public ? Le fait est indéniable, les promoteurs et l’organisation d’un GP survivent grâce à la billetterie. Ross Brawn voudrait donc amputer plus de la moitié des revenus d’un circuit d’une année. Les promoteurs risquent donc de ne pas survivre aux passages des F1. Prenons l’exemple du Mexique : le circuit coûte des millions de dollars à l’État, qui envisageait déjà de se retirer de la saison. Ce circuit serait donc à oublier pour la saison 2021.

La direction de la discipline pourrait donc compenser ses revenus par des aides. Mais dans une période de récession économique, ne pas avoir de public ni d’événements internes risquent de faire fuir les publicités. Une nouvelle recette la F1 qui s’envole. Comment délivrer des aides si les caisses sont vides ?

A Paul Ricard, finalement ça pourrait ne changer que très peu de choses.
Crédit Photo : France Racing

En revanche, les chaînes de télévision pourront s’en mettre plein les poches. Lorsque le public est interdit, les publicités foncent vers les chaînes de télévision. L’audience des courses pourrait tout bonnement exploser, surtout après plus de quatre mois sans le moindre programme sportif à se mettre sous la dent. Mais cela ne veut pas forcément dire que les TV donneront plus aux promoteurs. La crise est forte pour les médias également et ils voudront sans doute regonfler leurs comptes.

Le public est l’ADN de la F1 ! Même si l’ingénieur affirme qu’il vaut mieux courir, demandez à Charles Leclerc s’il préfère gagner à Monza et être un héros ou avoir un silence de mort sur le podium. Cette vidéo publiée par la F1 en dit long sur l’importance des Tifosi pour la Scuderia.

Huit courses en une année, on est plus à l’époque de Fangio !

Prenons maintenant la deuxième supposition : huit courses en une année. Aujourd’hui, la Formule 1 court plus de 20 GP chaque saison pour pimenter le championnat. On voudrait donc revenir aux bases qui sont aux antipodes des tendances actuelles. Juan Manuel Fangio, le champion argentin et pionnier de la course automobile, avait remporté ses 5 titres de champions du monde sur un total de 40 courses en 5 saisons. Mais c’était une autre époque ! Aujourd’hui, les voitures sont des bolides inarrêtables, capables de courir 22 GP. Alors oui, rien n’enlèvera la difficulté de s’imposer sur 8 courses, mais les fans auront l’impression d’un championnat biaisé.

Jouez à ce jeu, si vous soldez le championnat à la huitième course depuis 2010, les vainqueurs ne sont que très rarement les mêmes (Alonso champion chez Ferrari par exemple).

En plus, un pilote pouvait rentrer dans l’histoire cette saison 2020 : Lewis Hamilton. A son actif, il comptabilise 6 titres de champions du monde, seulement un derrière la légende Michael Schumacher. Il peut donc sur le championnat raccourci égaliser le plus grand pilote de tous les temps. Tout fans censé voudrait une bataille pour voir le Britannique entrer à l’Olympe. Mercedes et Hamilton auront forcément un avantage sur une saison car ce sont les seuls à maîtriser parfaitement leur voiture. Comment expliquer que l’histoire s’est écrite à moitié ?

Crédit Photo : Le Mag Sport

Même si le début de la saison est attendue par tous les fans, il ne semblerait pas que les suppositions de Monsieur Brawn soient utiles. La F1 doit révolutionner le championnat 2020 ou l’annuler sous peine de déceptions et faillites.

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Crédit Photo : L’Equipe
Thomas FRAISSE

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