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Benoit Peschier, champion olympique de kayak : « Il y a toutes les émotions qui se mélangent »

En cette période difficile de confinement où chacun cherche la moindre activité pour occuper sa journée, les Olympistes ont tout prévu pour vous redonner le sourire. Alors que le mois d’août sera amputé des JO avec l’annonce du report en 2021 par le CIO, les Olympistes vous proposent de redécouvrir (ou découvrir) des moments inoubliables des Jeux Olympiques. Aujourd’hui, on s’intéresse à Benoît Peschier, kayakiste français, et fils de Claude Peschier (ancien champion du monde de kayak en 1967), qui nous fait le plaisir de raconter ses souvenirs olympiques et notamment sa belle médaille d’or aux Jeux d’Athènes en 2004.

Quelle a été votre préparation pour les Jeux d’Athènes ?

Je me suis énormément entraîné. J’ai posé sur le papier beaucoup de choses, j’ai écrit sur pourquoi j’avais raté en 2002, pourquoi j’avais raté en 2003 aussi car en 2003 je n’étais pas dans les trois premiers français. Je me suis fait aider par un super entraîneur qui est Sylvain Curinier et une psy qui m’a beaucoup appris à ce moment-là. C’était une période de travail, de remise en question avec aussi des études de professorat à l’INSEP.

Le 20 août 2004, vous êtes sacré champion olympique de kayak. Quels souvenirs gardez-vous de cette fabuleuse journée ?

Pleins de souvenirs ! Je retiens la médaille car c’est ce que je garde de concret de ce jour-là. C’est un ensemble de souvenirs dans la préparation de la journée, de petits détails. C’était vraiment une journée qui s’était hyper bien déroulée.

Le jour de la compétition, quelles étaient vos sensations ? Est-ce que vous pensiez au titre olympique avant de prendre le départ ?

J’y pense car je me suis préparé pour ça. À ce moment-là, j’avais vraiment travaillé avec une psy pour aborder les courses le mieux possible et ne pas penser au résultat mais plutôt sur la façon de faire. J’avais le titre olympique dans un coin de ma tête mais j’avais surtout l’envie de bien naviguer.

Benoît Peschier en plein effort durant sa course en 2004.
 Crédit Photo : Getty Images

Ce 20 août 2004, vous réalisez une course parfaite, est-ce que vous en êtes conscient pendant la course ?

J’entendais beaucoup de bruit. Je savais où étaient les chronos intermédiaires donc j’entendais qu’à chaque fois que je passais, j’avais encore de l’avance. Je n’étais pas complètement sourd à ce qu’il se passait autour. Mais j’essayais tout de même de rester concentré sur ce que j’avais à faire et ne pas me laisser déstabiliser par les informations que j’avais en dehors. J’ai senti que je n’étais pas trop mal, mais parfois on a des fausses sensations et je n’étais pas focalisé là-dessus. Quand je suis arrivé, je ne savais pas trop à quoi m’attendre.

Lors de la dernière manche, vous passez la ligne d’arrivée avec un chrono de 187 secondes ce qui vous permet de prendre la tête, mais il reste encore un concurrent en lice, le Britannique Campbell Walsh. À ce moment-là que ressentez-vous ?

C’est dur à dire car ça s’enchaîne très vite. Je vois qu’il est en avance sur les premiers chronos intermédiaires. Mais pour moi, de toute façon, j’avais réussi ma journée, j’avais fait une bonne journée et une bonne course. J’aurais fait cinquième avec cette course-là, j’aurais été aussi satisfait. Je vois qu’il passe la ligne d’arrivée derrière moi, mais il y a un petit moment de flottement car son temps a été corrigé. Donc, en slalom on reste toujours calme, méfiant avec les résultats avant qu’ils soient officiels.

La joie du kayakiste français après avoir réussi sa course.
Crédit Photo : Getty Images

Finalement, le Britannique finit derrière vous et vous êtes sacré champion olympique. Quelle a été votre première réaction après votre victoire ?

Je ne me souviens pas ! (rires). Mais c’était surtout la satisfaction d’avoir réussi une course où je gagnais de l’or, après avoir beaucoup galéré les années passées. Il y avait aussi du réconfort, de la sérénité et le sentiment de ne pas avoir fait tout ça pour rien.

Lors de la remise des médailles, j’imagine qu’entendre la Marseillaise et recevoir la médaille d’or doit procurer une certaine fierté et un mélange unique d’émotions, non ?

À ce moment-là, il y a toutes les émotions qui se mélangent. Mais on a encore du mal à réaliser. Ça va tellement vite, on n’a pas le temps de se changer correctement pour le podium. La cérémonie se faisant 20 minutes après la course, c’est hyper rapide et on ne sait plus trop ce qui nous arrive. Après j’avais beaucoup d’amis, la famille qui était présente aussi sur la rive spectateur et on commence à partager ce moment unique avec eux.

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Benoît Peschier, tout sourire avec sa médaille d’or autour du cou.
Crédit Photo : Getty Images

J’imagine qu’après votre sacre olympique, la presse s’est davantage intéressée à vous. Justement, comment avez-vous géré cet afflux médiatique ?

Pas très bien. En fait, la Fédération m’a aidé mais je me suis retrouvé plutôt seul mine de rien à gérer beaucoup de choses. J’ai fait des choix qui n’étaient peut-être pas les bons et d’autres que j’assume complètement. C’est une période qui est difficile après les Jeux. On a envie d’en profiter mais on a énormément de contraintes. Et puis, je n’étais pas hyper à l’aise, j’avais l’impression de faire la potiche à certains moments.

De retour d’Athènes, vous être accueilli en héros à Vallon Pont d’Arc, votre club, est-ce que c’était davantage un moment de partage ?

C’était beaucoup plus agréable à vivre. C’était grandiose par rapport à ce que j’attendais. Je ne m’attendais pas à voir autant de monde, c’était une belle récompense après les Jeux.

Est-ce que votre échec au championnat du monde à Bourg St-Maurice en 2002 vous a aidé pour aller chercher cette médaille d’or ?

Bien sûr. Cet échec a été fondateur. En 2002, j’étais un des deux leaders avec Fabien Lefèvre et j’ai tellement mal géré ces championnats du monde que ça m’a aidé pour la suite. Et aux Jeux, j’ai justement appris la leçon de cet échec.

Je ne sais pas si vous l’avez fait, mais est-ce que la cérémonie d’ouverture des Jeux est aussi un grand moment d’émotions ?

Ah oui, c’est le meilleur moment des Jeux. C’est là que ça commence. C’est quelque chose qu’il faut absolument faire. J’ai eu la chance de le refaire à Rio en tant qu’entraîneur, c’était génial !

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Jackson Richardson, porte drapeau de la délégation française en 2004.
Crédit Photo : Paperblog

J’imagine aussi que pendant ces Jeux vous dormiez au sein du village olympique, quelle était l’ambiance au sein du village ?

Il y a 10 000 athlètes qui viennent sur les Jeux, sachant qu’ils vont avoir du mal à faire une médaille. C’est donc une ambiance assez relax. Après, il y a de tout ; il y a des athlètes qui sont concentrés sur ce qui font en essayant de ne pas se faire distraire. Tout est fait pour que ce soit hyper confortable. Il y a une ambiance qui est très sympa avec beaucoup de nations. Tout le monde est habillé avec sa tenue de délégation, on regarde quel pays, quelle star on croise.

Quel était votre « comportement » justement au village olympique ?

En fait, il y a le « avant la compétition » et le « après la compétition ». Avant la compétition, j’étais très concentré sur ce que j’avais à faire. Et après, on rencontre un peu plus de monde, on se relâche.

Si vous deviez retenir une seule chose des Jeux à Athènes, vous choisiriez quoi ?

C’est difficile de choisir. Mais je choisirais le monde qui a assisté à l’épreuve de kayak. Il y avait une tribune qui était bondée, le stade était plein alors que les stades à Athènes étaient plutôt vides dans l’ensemble, à part pour les grandes compétitions. Pour le canoë, c’était vraiment dingue avec un super bassin aussi. Courir dans des conditions comme celles-ci, c’était une grande chance.

La pratique du canoë kayak
La tribune des épreuves de canoë-kayak lors des Jeux d’Athènes en 2004. Le meilleur souvenir de Benoit Peschier.
Crédit Photo : rivières.info

En 2016, Denis Gargaud remporte une belle médaille d’or aux Jeux de Rio, est-ce que votre expérience lui a servi pour décrocher ce sacre olympique ?

Il est venu me chercher car je pouvais lui apporter cette expérience. J’ai essayé au maximum de lui faire partager ce que je connaissais que ce soit au niveau de l’entraînement mais aussi au niveau de la préparation des Jeux.

Qu’avez-vous ressenti en tant qu’entraîneur après sa victoire ?

C’est complètement différent mais c’est vraiment sympa aussi ! C’est un partage qui est différent et un sentiment différent car on n’a pas la même pression en tant qu’entraîneur. On n’a pas la pression de la course en elle-même. Une fois que l’athlète part pour réaliser sa manche on a fini le travail et on n’a plus trop cette pression.

 

Pour le plaisir, on vous remet la fabuleuse course de Benoît Peschier ! C’EST MAGNIFIQUE !

Crédit Photo : AIFCK Amicale des Internationaux français de canoë-kayak
THOUAULT Eloi

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