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Le jour où…Ferrari décida d’un numéro 1

Maître dans les consignes d’équipe, souvent décriées, Ferrari utilise depuis la nuit des temps une hiérarchie entre ses pilotes. De Juan Manuel Fangio à Sebastian Vettel en passant par la légende Michael Schumacher, Ferrari a toujours essayé de favoriser leur premier pilote. Mais en cette année 2007, tout bascule. Massa et Räikkönen de la Scuderia se tirent la bourre alors que Hamilton et Alonso s’envolent au classement. L’équipe Rouge doit réagir en retrouvant son pragmatisme. Mais revenons un peu plus loin.

L’arrivée de Räikkönen chez Ferrari, Alonso chez McLaren

À l’orée de la saison 2007 de Formule 1, la valse des baquets débute chez les deux favoris au titre, que sont Ferrari et McLaren-Mercedes.

Après la retraite de Schumacher, Ferrari se retrouve avec une place vide aux côtés du Brésilien Felipe Massa. Ce dernier arrivé par surprise dans la voiture italienne a eu du mal à franchir un cap durant l’année 2006. En même temps prendre la place de Rubens Barrichello et rouler dans le sillage de Schumi, n’est pas une tâche aisée. Deux ans déjà que l’équipe la plus titrée n’a pas remporté un championnat du monde pilote. Dans la période post-Kaiser, les fans s’impatientent déjà. Cette année 2007 doit être synonyme de victoire pour Ferrari car Jean Todt — directeur sportif de l’équipe depuis 1993 — a annoncé qu’il prendrait ses distances en fin de saison. Pour revenir vite au sommet, les Italiens jettent leur dévolu sur le Finlandais, artiste du dépassement avec de la glace dans les veines, j’ai nommé Kimi Räikkönen. Ce dernier pilotait chez McLaren jusqu’à l’arrêt de son contrat. L’équipe veut gagner, les pilotes aussi !

Speedy vs Ice Blood
Crédit Photo : Motorsport

Pour remplacer leur pilote numéro 1, McLaren avait déjà officialisé en pleine Silly-season, période de transfert de mi-saison, l’arrivée du double champion du monde Fernando Alonso. L’Espagnol est l’un des meilleurs pilotes de sa génération, capable de rivaliser sérieusement avec Michael Schumacher, rien que ça. En second choix, le patron de l’écurie signe son petit protégé, champion de GP2 et ultra-prometteur, un certain Lewis Hamilton. L’équipe n’a pas remporté le championnat pilote depuis 1998 et compte sur Alonso pour ramener la gloire en Angleterre.

Expérience vs Rookie
Crédit Photo : Sky sports

Un début de saison en trombe

Il semblerait que McLaren se soit trompé sur le statut du jeune Hamilton. L’écurie souhaitait le développer lentement pour qu’il prenne ses marques. Mais le Britannique est prêt pour se mesurer aux plus grands et marque points après points pour se retrouver rapidement leader du championnat. Son coéquipier, furieux de ne plus être le pilote chouchou, commence à se réveiller et tire la bourre au jeune pilote. Les flèches d’argent se cherchent et se tamponnent à de nombreuses reprises. Mais l’écurie ne bronche pas et laisse la bataille. Pour le plus grand plaisir des fans. Les deux pilotes se chipent des points à chaque Grand Prix. L’épisode en Hongrie est symptomatique de la rivalité malsaine. Alonso empêche Hamilton de signer un dernier chrono en Q3 en bloquant son arrêt au stand. Scène surréaliste !

Dans tout ce remue-ménage, il ne faudrait pas oublier nos chers pilotes de Maranello. Eux-aussi sont présents aux avants-postes depuis le début de saison. Räikkönen remportant même sa première victoire lors de son premier Grand Prix. Les Ferrari, grande première dans l’Histoire de l’écurie, ont le droit de se battre sur la piste. Mais bon, cette stratégie ne ressemble pas du tout à l’histoire de l’équipe. Les pilotes perdent des points sur leur rivaux anglais. Pour finir les années Todt en beauté, il faut prendre une décision mais laquelle ? Les deux pilotes sont ultra-performants. Massa semble sorti de son anxiété en étant le pilote le plus rapide presque chaque week-end. Räikkönen, fidèle à son habitude, effectue dépassement sur dépassement sans jamais sourire. La famille Ferrari doit favoriser un pilote pour espérer gagner.

La décision de Monza

Comment choisir alors ? Facile, la direction décide que sur son circuit national de Monza, le pilote Ferrari ayant le meilleur résultat sera avantagé pour le reste de la saison. Le deal est passé, les pilotes l’ont accepté. L’écurie ne décidera de sa hiérarchie qu’au milieu de saison, mais décidera quand même. Une saison avec des pilotes à égalité, impensable en Italie.

La bataille promettait d’être épique entre Felipe Massa et Räikkönen. Mais sur leurs propres terres, Ferrari n’est pas capable de se battre avec McLaren qui réalise un doublé. Massa parti en troisième position, après des qualifications rondement menées, fait plusieurs erreurs avant d’abandonner à cause d’une casse moteur.

Une image qui se répète souvent en 2007, McLaren vs Ferrari
Crédit Photo : Motorsport

La décision est prise, l’écurie favorisera le pilote finlandais au grand désarroi du Brésilien. Mais l’accord de principe doit être tenu. Ferrari demandera donc, comme à son habitude, de :

« Let Kimi pass for the championship » consigne d’équipe un peu déformée.

Une stratégie payante ?

Massa tiendra sa parole dans les quatre derniers Grand Prix du championnat. En Belgique, puis au Japon, Massa laissera passer Räikkönen tout en essayant de bloquer le plus possible les McLaren. Et bien évidemment, la technique marche. Les McLaren continuent de se voler des points alors que Ferrari concentre ses points sur son premier pilote. Le Finlandais reprend son retard et le championnat se jouera sur le circuit brésilien d’Interlagos.

Hamilton, Räikkönen et Alonso peuvent prétendre à la victoire finale à l’issue de la dernière étape du championnat. Il s’agit du championnat le plus serré jusqu’à maintenant (ça va être encore plus palpitant en 2008). Pour que Hamilton soit champion, il doit finir au minimum sixième. Le pilote espagnol peut briguer un triplé en finissant deuxième si Räikkönen gagne et Hamilton septième. Enfin le Finlandais doit gagner la course et espérer une troisième place et septième  place maximum pour Alonso et Hamilton respectivement. Devinez ce qu’il s’est passé ! Massa en pôle position laisse passer amèrement son coéquipier tout en bloquant les pilotes McLaren. Quel travail d’équipe ! Après plusieurs erreurs, Hamilton détruit son rêve d’être champion lors de sa première année en finissant septième. Alonso reste bloquer derrière Massa et finit troisième derrière les deux Ferrari. L’Italie entière est championne du monde à travers le surnommé Ice Blood. Ferrari réalise même le doublé en étant sacré champion du monde constructeur. En effet, les deux pilotes McLaren comptabilisent plus de points que les Italiens mais se font disqualifier pour une sombre histoire de tricherie. Les pilotes conservent leurs points individuels mais sont disqualifiés en équipe.

Crédit Photo : Tuxboard

Le pari Ferrari a marché. Respecter la hiérarchie n’est pas toujours très louable auprès des fans, mais cette année, ce fût la meilleure solution. Après cette victoire du Finlandais, Ferrari reconduit ses deux pilotes en inversant la hiérarchie en moitié de saison prochaine. En 2008, la priorité est donnée à Massa mais sans grand succès. De son côté McLaren resigne Hamilton en mettant fin à la guerre des égos avec Alonso. Ce dernier retourne chez Renault, qui a perdu pas mal de niveau.

Kimi champion, Kimi apprend à sourire
Crédit Photo : La Dépêche

Pour finir sur une note d’humour, cette saison a été également marquée en Chine par la sortie de piste d’Hamilton alors qu’il rentrait aux stands. Cette erreur lui coûtera la victoire et de précieux points au classement. Mais par dessus tout, le Grand Prix était commenté en direct par le trio magique de RMC nous offrant un moment exceptionnel.

Crédit Photo : MaxF1
Thomas FRAISSE

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