Clap de fin sur cette saison 2019/2020. Terminée prématurément en raison de l’épidémie du Covid-19, cet épisode nous aura tout de même offert tout le spectacle qu’on attendait. Suspense, victoires françaises, déception et même émotion, le biathlon est un sport qui offre à chaque fois son lot de surprises. Et cet hiver n’aura pas dérogé à la règle.
Si le maître Martin Fourcade a décidé de mettre un terme à sa carrière, nous ne reviendrons pas sur sa saison ici, un article lui est dédié. Bien que l’implication du septuple champion du monde sur cet hiver soit indéniable, tant d’autres moments, tant d’autres épisodes nous reviennent à l’esprit lorsque nous repensons à ces nombreux week-ends passés à encourager les biathlètes. Retour sur les moments marquants de cette saison, et à l’hiver prochain !
Le gros Globe pour Boe
Johannes Boe avait écrasé la concurrence la saison passée. Son rival depuis quelques saisons, Martin Fourcade, avait à cœur de prendre sa revanche. Cette fois-ci, le Norvégien part sur les mêmes bases mais un heureux événement l’oblige à s’arrêter pendant deux semaines. Il laisse alors ses concurrents prendre une belle avance dans la course au Globe de Cristal. Le retour de Boe est ensuite fracassant et son absence aura au moins servi à nous offrir une lutte acharnée jusqu’à la fin.
S’il ne portait pas le maillot jaune de leader au départ de la dernière course, il l’était déjà virtuellement. En effet, le règlement du classement général de la Coupe du Monde fait que les deux plus mauvais résultats de l’hiver sont retirés des comptes en fin de saison. Johannes Boe ayant manqué deux semaines, deux courses, il ne perdait alors aucun point sur ceux déjà acquis. Le Norvégien a donc pu tirer profit du règlement, mais cela n’enlève en rien son mérite.
Au départ de la dernière poursuite, Johannes Boe ne doit pas finir en deçà de la quatrième place pour être assuré de remporter le Gros Globe. Il jouera à se faire peur sur le pas de tir. Cependant, la facilité déconcertante qu’il possède sur les skis lui permet de remonter et de terminer au pied du podium, derrière trois Français. Il remporte finalement le classement général pour deux petits points devant Martin Fourcade. La saison se sera jouée à des détails, mais malgré son absence, Johannes Boe était le plus fort cet hiver.
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Crédits : AFP/Jussi NUKARI
Au final, ce seront dix nouvelles victoires en individuel, le petit Globe de la mass start et un second Globe de Cristal consécutif qui viennent garnir le palmarès de Johannes. Et comment oublier sa moisson lors des Championnats du monde à Antholz ? Six médailles, dont trois en or, tout simplement géant. Lui qui confirme être la nouvelle star de la discipline perd son principal concurrent mais n’oublie pas de le remercier. Il sera sans doute seul au monde l’année prochaine. Seul ? Pas si sûr ! Des irrésistibles Gaulois tenteront tant bien que mal de résister à l’envahisseur norvégien.
L’explosion Jacquelin, la confirmation Fillon-Maillet
Disciple de Martin Fourcade, Emilien Jacquelin n’a que 24 ans et peut venir jouer les trouble-fêtes les saisons prochaines. Il faut dire que son hiver a été plus qu’abouti, et que l’on ne l’attendait pas à ce niveau. Au delà de la vingtième place du classement général la saison passée, il termine cette fois-ci cinquième. Révélation donc pour celui qui sera apparu, tout au long de l’hiver, aux premiers rangs.
Du premier podium de sa carrière à Hochfilzen, au triplé français lors de la dernière course de la saison, il aura récolté en tout huit médailles individuelles. Huit médailles, et une en or. La première victoire de sa carrière arrive sur la poursuite des Championnats du monde. Consécration d’une saison réussie, son premier Petit Globe sur cette même discipline. Emilien a désormais de nombreux espoirs placés en lui. Cependant, et heureusement d’ailleurs, il lui reste tout de même une importante marge de progression. On l’a vu en relais notamment, le Français se déconcentre parfois. Si ses partenaires peuvent rattraper le coup, il faudra travailler sur ce point pour devenir un cador en individuel !
Troisième du général en 2019, troisième en 2020. Derrière les deux monstres de la discipline, Quentin Fillon-Maillet a une nouvelle fois prouvé qu’il était désormais un concurrent sérieux aux premières places. Toujours placé mais rarement gagnant, le biathlète aura profité de cet hiver pour remplir son armoire à médailles. Il affiche une régularité impressionnante, très bon au tir, capable de défier Johannes Boe sur les skis… Cela lui aura permis de monter à dix reprises sur les podiums. Sur ces dix podiums, une seule victoire. Mais une magnifique victoire sur l’épreuve reine de la discipline. À Polkjuka dans une course pleine de suspense, QFM résiste parfaitement à la pression et s’impose sur la mass start. À 27 ans, le Français a encore de beaux jours devant lui et il ne serait pas étonnant de le voir au premier plan l’hiver prochain.
France – Norvège : seuls au monde
Deux. Seulement deux victoires sur l’ensemble des courses individuelles masculines pour un biathlète ni Français ni Norvégien. Ce chiffre impressionnant reflète de la puissance et de la domination de ses deux nations désormais maîtres de la discipline. Benedikt Doll et Alexander Loginov auront été les deux seuls athlètes à briser l’hégémonie des armadas française et norvégienne. Ces deux athlètes sont également les deux seuls à s’immiscer dans le Top 10 du classement général, entourés de quatre Français et quatre Norvégiens.
Il faut dire que des deux côtés les performances collectives sont impressionnantes. À de très nombreuses reprises, deux voire trois athlètes de la même nation parviennent à monter sur le podium. Norvégiens comme Français parviennent à banaliser l’irréel. On pense notamment aux quatre premières places de l’individuel d’Ostersund en début de saison, monopolisées par les Français. On pense également au podium 100% tricolore de la dernière course de la saison. Et comment oublier ce magnifique relais bleus à Antholz ?
C’est finalement la Norvège, plus régulière sur les relais, qui termine en tête du classement des nations. Juste derrière ? La France bien évidemment. Les Norvégiens terminent également en tête du classement des relais masculins et mixtes. Le classement des nations comprend les courses individuelles et les relais, mais donne plus d’importance à ces derniers. Partie remise pour des Français qui arriveront revanchards l’hiver prochain. Sans Martin Fourcade, un tir groupé de ces deux nations reste tout à fait envisageable. Les Allemands après un hiver raté seront eux aussi à surveiller.

Crédits : Biathlonworld.com
Wierer pour un rien
Dans le tableau féminin, le suspense était lui aussi présent. Insoutenable même sur la dernière course. Dorothea Wierer, Tiril Eckhoff, deux femmes pour un titre. Après une saison pleine de rebondissements, les deux athlètes vont se livrer une terrible bataille sur la poursuite de Kontiolahti. Après un début d’hiver canon de l’Italienne Wierer, la Norvégienne Tiril Eckhoff se révèle et prend les devants. Chacune profitant des hauts et des bas de son adversaire, le chassé croisé se poursuit jusqu’à la fin de la saison.
Sur la toute dernière poursuite, Wierer se rate et passe la ligne au delà de la dixième place. Une aubaine pour sa concurrente norvégienne qui arrive en tête sur le tout dernier tir de la saison. Tiril Eckhoff a son destin au bout du pas de tir mais se rate et craque sous la pression. Elle finira finalement dixième de la course, juste devant l’Italienne. Insuffisant pour remporter le classement général car c’est finalement Dorothea Wierer qui termine sept petits points devant sa rivale. Chez les femmes aussi, la saison se sera jouée à des détails. L’Italienne remporte ,comme Johannes Boe, son second Globe de Cristal consécutif, ainsi que le Petit Globe de la mass start.
Crédits : Yahoo Sports
« Je suis contente de tout ce que j’ai réalisé mais cela ne se termine pas bien. Aujourd’hui aurait pu être ma journée et je l’ai gâchée. C’est ennuyeux de terminer comme cela, avec ce dernier tir qui ressemble à un enfer, mais l’hiver était plein de bonnes choses, et de succès », expliquait Tiril Eckhoff après cette ultime course. Déçue, la Novégienne n’est pas abattue. Après la plus belle saison de sa carrière, elle prévoit déjà de revenir plus forte l’an prochain. Il faut dire qu’à 29 ans elle aurait tort de revenir titiller les premières places. Avec plus de dix podiums dont sept victoires et le Globe de la poursuite, Eckhoff peut s’appuyer sur de nombreux signaux positifs.

Crédits : NordicFocus
À noter que le Petit Globe du Sprint est attribué à l’Allemande Denise Herrmann. Le Petit Globe de l’individuel revient à la Suédoise Hanna Oeberg.
Des Françaises décevantes
Dans l’ensemble, la saison de l’équipe de France féminine n’est pas glorieuse : deux victoires, et très peu de podiums. Alors qu’on attendait Justine Braisaz, la meilleure Française se classe huitième et s’appelle Julia Simon. C’est son meilleur classement en carrière. Julia Simon termine d’ailleurs la saison de la meilleure des manières puisqu’elle s’impose sur la dernière course. La poursuite de Kontiolahti est la première victoire de sa carrière. La biathlète de 23 ans peut nourrir de beaux espoirs pour la suite.
De son côté, Justine Braisaz termine neuvième du général. Pour elle, une victoire également, sur l’individuel de Ostersund. Mais elle, comme toutes les autres biathlètes de l’équipe, a été bien trop irrégulière sur le pas de tir pour viser plus haut cet hiver.
Derrière la Norvège et l’Allemagne, les Françaises terminent tout de même troisième au classement des nations. Avec également trois podiums sur les relais, l’équipe féminine aura quand même fait bonne figure. Il faudra revenir plus fortes l’an prochain !