La victoire et le point de bonus offensif en prime, d’un point de vue comptable la journée du XV de France est parfaite. Mais cette réussite est à nuancer par l’irrégularité des Bleus. Jamais vraiment inquiétés, mais jamais vraiment en maîtrise, telle est la vie de cette équipe encore en reconstruction.
Des fulgurances offensives
C’est un des points sur lequel, les troupes de Fabien Galthié étaient attendues : l’attaque. Face à des Italiens forcément plus faibles, ils se devaient de proposer un grand spectacle. Avec cinq essais et un point de bonus offensif assuré juste après la mi-temps, on peut dire que les joueurs français ont rempli leur contrat. Les inspirations géniales de l’intenable Antoine Dupont et l’activité incessante de Grégory Aldritt ont porté l’Équipe de France. On peut aussi s’arrêter sur la performance XXL du Rochelais : 100 mètres parcourus ballon en main (premier français), un essai, 20 ballons touchés, il dégage surtout une véritable impression de puissance en attaque. Le demi d’ouverture Romain Ntamack s’est lui aussi mis en évidence. Grâce à son coup de pied rasant, il amène le premier essai. Puis en seconde période, auteur d’un slalom dans la défense italienne il inscrit le troisième.
Un manque d’inspiration générale
Si les Français ont marqué 5 essais, deux d’entre eux sont venus d’initiatives personnelles. Ce qui pose un problème : face à une défense plus resserrée, les joueurs du XV de France pourront-ils faire la différence tout seuls ? On attendait des réponses dans ce secteur et ce match n’en a pas donné. Une statistique montre particulièrement ce manque de relief offensif : la possession. Elle est sur la totalité des matchs à l’avantage des Italiens. Plus flagrant encore, le nombre de passes effectuées est encore inférieur pour l’équipe de Fabien Galthié par rapport à la Nazionale. On peut notamment pointer l’absence de Virimi Vakatawa qui éclaire habituellement le jeu de ses passes après-contacts. Même si son jeune remplaçant, Arthur Vincent, n’a pas démérité, il souffre encore de la comparaison avec le Racingman. Le match a aussi été entaché par quelques fautes de main, notamment à la retombé des coups de pied arrêtés. Les conditions climatiques ne justifient qu’en partie ces manquements. Malgré tout, ces errements ne doivent pas cacher une prestation offensive satisfaisante pour nos Bleus. Les futurs axes de travail semblent ailleurs.
Une conquête perfectible
Si les Français se sont montrés plutôt solides en mêlée, avec une seule pénalité concédée, et des lancements de jeu propre, ce n’est pas le cas de la touche. Nul doute que Karim Ghezal, chargé de la touche française aura des mots durs pour ses hommes. On trouvait au menu des combinaisons brouillonnes, des prises de balles mal assurées et surtout trois lancers manqués consécutivement en deuxième période. Précisément au moment où les Italiens n’étaient pas loin de revenir dans le match. Les Français ont également subi dans d’autres secteurs du jeu. Notamment dans les mauls, où le XV de France a reculé de plusieurs mètres, dès que la Nazionale a utilisé cette stratégie.

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Un mur fissuré
Si la prestation défensive des Bleus avait été exceptionnelle contre les Anglais, elle fut beaucoup plus moyenne contre les Transalpins. Statistiquement, le pourcentage de réussite de 89% aux plaquages est inférieur de presque 5% au match face aux Anglais, un gouffre à ce niveau. Avec 27 plaquages manqués, on est loin des standards du top niveau mondial et des exigences de Shaun Edwards. Il est certain que le Gallois, réputé féroce dans son management, prépare un entraînement épicé aux Français. Plus que des statistiques, l’impression générale est mauvaise. Les Français ne sont pas partout les premiers comme la semaine dernière, les plaquages sont moins efficaces, et la puissance de Polledri et de Dean Budd a plusieurs fois brisé le rideau défensif français.
« On ne peut pas se satisfaire de ça. » – Romain Taofifenua sur le match du XV de France
Ce match ressemble avant tout à un avertissement sans frais avant d’aller défier les Gallois à Cardiff. Cette confrontation nous en dira certainement beaucoup plus sur les espoirs du XV de France dans ce tournoi, et éventuellement sur sa capacité à jouer la victoire finale.
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Maël Le Grouiec