Les deux dernières saisons de Michael Jordan aux Wizards… Tous les fans de NBA s’accordent à dire qu’elles sont catastrophiques et qu’il n’aurait jamais du revenir après sa sublime carrière aux Bulls. On adore cracher sur ces deux saisons, comme les fans de Star-Wars crachent sur la prélogie. Mais qu’en est-il réellement ? Jordan était-il devenu aussi mauvais que ça ? Si, comme moi, vous aimez les stats nous allons voir qu’il faut, en fait, nuancer ses propos quand on parle de MJ.
Jordan ? Mauvais ? Impossible me direz vous. Et pourtant, si vous parlez à n’importe quel fan de basket de Michael Jordan il omettra presque systématiquement d’évoquer les deux dernières saisons de « His Airness » aux Wizards. Je vous replace dans le contexte : Jordan a pris sa retraite au terme de l’exercice 1997/1998 après avoir gagné son deuxième three-peat. C’est une véritable icône, une légende incontestée et – pour beaucoup – le meilleur joueur de l’histoire (rien que ça). Trois ans s’écoulent et, surprise, MJ annonce en septembre 2001 qu’il revient, mais cette fois avec les Wizards de Washington dont il est devenu copropriétaire. Le microcosme de la NBA est surexcité et les fans partout autour du globe se réjouissent. Mais des doutes commencent à apparaître à son retour sur les parquets. C’est indéniable, Jordan a vieilli. Il est moins rapide, moins athlétique. Et même si l’engouement autour de lui reste énorme, de plus en plus de détracteurs apparaissent.
Crédit photo : parlons-basket.com
Jordan était devenu mauvais ?
Non. Loin de là. Évidemment, ce n’était plus le Jordan inarrêtable qui prenait un malin plaisir à ridiculiser ses adversaires pendant qu’il jouait aux Bulls. Mais le GOAT n’avait absolument pas perdu sa rage de vaincre. Grâce aux récents progrès des statistiques en NBA, on peut décortiquer de façon très précise le jeu de n’importe quel joueur. Et quand on s’attarde sur celles de Jordan pendant ses deux dernières saisons, on observe des résultats pour le moins surprenants.
Minutes jouées :
La longévité de MJ est un des aspects les plus sous-côté de sa carrière. Il a participé à un total de 1072 matchs, soit plus de 40 000 minutes. Lors de l’exercice 2002/2003, sa dernière saison, Jordan a participé aux 82 matchs et à joué 3031 minutes au total. En comparaison, la dernière fois que LeBron a joué une saison complète (2017/2018), il a accumulé un total de 3,026 minutes. Seulement, en 2017, LBJ n’avait que 33 ans. Michael, lui, à 39 ans, jouait plus de 37 minutes par match. Les seuls joueurs actuels à jouer autant sont James Harden et Damian Lillard. Le fait de pouvoir jouer autant et aussi longtemps est un exploit en lui même. Mais bien sûr, Mike n’allait pas se contenter de ça.
Points par matchs :
Cet argument n’est souvent pas pris en compte par beaucoup car ils considèrent que Jordan a passé ses deux dernières saisons à croquer et à shooter dès qu’il recevait la balle. Pour ma part, j’estime que, quoi qu’on en dise, un joueur de 38 ans qui tourne à plus de 20 points de moyenne sur ses deux dernières saisons, ça force le respect. Sur l’ensemble de sa carrière, MJ n’a pas eu une seule saison en dessous de la barre des 20 points. Mais le plus impressionnant reste son adresse presque robotique.
Quand on parle de pourcentage au shoot, il existe une statistique créée spécifiquement pour comparer les joueurs entre eux de la façon la plus précise possible. Nos amis américains l’ont nommé le « True Shooting Percentage », soit le Véritable Pourcentage au Tir. Il prend en compte l’efficacité au tir à trois points, à mi-distance et aux lancers francs en même temps. Ainsi, sur l’exercice 2001/2002, Jordan affiche un True Shooting Percentage de 46 % et même de 49 % l’année suivante. En 2001, le True Shooting Percentage moyen en NBA était aux alentours de 52%. Jordan était donc proche de la moyenne de la ligue. Bien sûr, il n’était plus aussi efficace qu’avant, mais son shoot restait régulier. Malgré toutes ces années de jeu (et de retraite) dans les pattes, MJ a su modifier son jeu pour qu’il s’adapte au mieux à la façon de jouer du début des années 2000. Statistiquement, on parle quand même de presque un shoot sur deux qui rentre.
Player Efficency Rating
La dernière stat qui permet de quantifier le réel niveau de jeu de « His Airness » aux Wizards est celle du Player Efficency Rating ou PER. Cette statistique, plutôt complexe, cherche à réduire à un seul nombre l’impact d’un joueur sur le jeu. Grâce à une formule précise, on peut ainsi noter les performances statistiques de chaque joueur. Il faut tout d’abord savoir que le PER moyen en NBA est aux alentours de 15. Les notes supérieures à 20 correspondent à des joueurs ayant un potentiel calibre d’All-Star – donc déjà très bons – tandis que l’élite de la ligue tourne aux alentours de 25 jusqu’à 35. Maintenant que l’on sait cela, quel était le PER de Jordan à Washington ? Il devait être vraiment mauvais ? Eh bien non, bien au contraire même. En 2001/2002, Mike affichait un PER de 20,7 qui a légèrement baissé au cours de sa dernière saison, passant à 19,3. Pour comparer, Allen Iverson, MVP en 2001, avait un PER de 21,9 lors de l’exercice 2001/2002. C’est donc un excellent résultat pour MJ, voire dur à croire compte tenu de son âge. Il rivalisait avec les meilleurs jeunes joueurs de l’époque.

Crédit photo : pinterest
Le talent de MJ se faisait bel et bien toujours ressentir sur le parquet. Pendant la saison 2001/2002, sur les 60 matchs auxquels Michael a participé, il en a terminé 15 avec au moins 30 points, dont une pointe à 51 points lors d’une victoire contre Charlotte. On rappelle qu’il avait 38 ans ! Au même âge, pendant la saison 2014/2015, Vince Carter tournait à une moyenne de 5,8 points par match. Il faut donc bien se rendre compte que le genre de performances que Jordan nous sortait à un âge aussi avancé (surtout pour l’époque) étaient incroyables. C’était presque du jamais vu qu’un joueur, aussi vieux, puisse encore humilier des petits jeunots dès qu’il se mettait à jouer sérieusement.
Le plus déplorable avec ces deux dernières saisons était le fait que Jordan n’ait pas fini sa carrière aux Bulls. C’est, selon moi, le seul vrai reproche que l’on peut lui faire. Néanmoins, les histoires autour de Jordan sont incalculables et la liste d’exploits qu’il a réalisé continue de s’allonger avec l’amélioration de la précision des statistiques. Alors, bien sûr, ce n’était plus le Michael qui marchait sans efforts sur la ligue, mais sa Majesté nous a prouvé à tous, que l’âge n’était pas un problème pour lui et qu’il suffisait juste de le chauffer un peu pour qu’il prouve que c’était bien lui, le meilleur joueur de l’histoire.