Tennis

Open d’Australie 2020 : Nadal a éteint la dernière flamme australienne

Il aura fallu 3 heures et 38 minutes au numéro 1 mondial Rafael Nadal pour venir à bout de Nick Kyrgios. Un niveau de jeu moyen sur la Rod Laver Arena mais une ambiance électrique dans les tribunes. Et pour cause, le fantasque australien a livré une résistance combative à son adversaire. Il a même enflammé un public qui a rarement vu son protégé aussi impliqué. Ce qui aura au moins servi à crisper l’Espagnol qui a parfois semblé douter. Mais finalement, c’est bien Rafa qui gagne.

Le match

Les attentes étaient grandes autour de ce duel. Et si les joueurs n’ont pas livré leur meilleure performance raquette en main, ils ont livré une bataille sans coup bas. Après 2 sets d’observation où Rafael Nadal puis Nick Kyrgios ont dominé l’un après l’autre (6-3 puis 3-6), les protagonistes lancent la charge. Jusqu’à 3-3, ils tiennent facilement leur service mais la tension monte d’un cran quand les deux joueurs ont des occasions de faire le break.

Crédit photo : India TV

Finalement, le sort du set se décide dans un tie-break déroutant alimenté de doubles fautes, de balles flirtant avec les lignes et d’une raquette brisée, celle de Nick Kyrgios. Rafael Nadal l’emporte 8-6 à l’expérience face à l’Australien qui semble éprouvé physiquement mais impliqué et concentré. Souvent au bord de la rupture et breaké dès son deuxième jeu de service, le numéro 26 mondial parvient à emmener son adversaire au tie-break dans la quatrième manche après avoir débreaké à 5-4. Mais, le courage ne suffit pas pour vaincre le taureau de Manacor et l’Australien s’incline 7-4. Score final : 6-3, 3-6, 7-6, 7-6.

Un Rafael Nadal crispé

Le numéro 1 mondial a été moins agressif qu’à son habitude et de manière générale en-dessous de ses standards. Cette tension s’est notamment ressentie au niveau du service. Une double faute par sets et seulement 60% de réussite sur sa première balle (contre 80% pour Kyrgios), Rafa avait le bras qui tremblait. Lorsqu’il n’est pas dans sa zone de confort, l’Espagnol a un tout autre comportement. Moins de « Vamos » rageur et plus de calme. Il a même donné l’impression de chercher son jeu ravageur. Même s’il est parvenu à empocher les deux tie-breaks, il n’a conclu que 22% des balles de breaks acquises. Preuve que le feu-follet australien l’a tracassé.

Crédit photo : Sport24-Le Figaro

Mais, lorsqu’il joue en avançant, Rafael Nadal reste un joueur redoutable. Même dans un jour sans coups de folies. L’Espagnol est venu conclure plus de 50 points au filet et a réussi 10 passing shots. De quoi écœurer son adversaire. Lorsque l’échange se déroule sur la diagonale de son coup droit, il est très difficile de le déborder. Nick Kyrgios peut en témoigner. Dès que l’échange dure plus de 5 coups de raquettes, Rafa est intraitable. Il a remporté 2 fois plus de rallies (82 contre 44) que son adversaire en courant beaucoup moins. Bref, sans être époustouflant, le numéro 1 mondial a été solide et a assuré sa place en quart de finale en l’emportant à l’usure.

Un Nick Kyrgios courageux

Arrivé très marqué sur le court en portant un maillot des Lakers avec le numéro 8, Nick Kyrgios a rendu hommage à Kobe Bryant à sa manière. Combatif et presque irréprochable s’il n’avait pas cassé cette pauvre raquette dans le money-time du troisième set, Nick Kyrgios a fait honneur à son pays et à son idole. Pas affolé suite à la perte de la première manche, il est resté impliqué pour s’emparer de la deuxième. On a senti une flamme en lui qui lui a donné la rage de vaincre tout en gardant son calme. Comportement qui est rarement visible d’habitude. Il s’est battu sur toutes les balles comme si c’était la dernière sans se poser de questions. L’Australien semble nonchalant, c’est dans sa nature, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne couvre pas beaucoup de terrains et qu’il ne s’accroche pas à sa chance. Finalement, il paye les efforts de samedi (match de 4h30 contre Kachanov) et les émotions du jour mais a montré qu’il a un grand cœur sous son allure de badboy.

Crédit photo : FR24 News English

Nick Kyrgios est tombé les armes à la main. Il aura tenté mais la marche était trop haute. Très appliqué au niveau du revers, il a aussi réussi à déborder plusieurs fois Rafa avec son coup droit surpuissant. Solide au service, l’Espagnol ne l’a breaké que deux fois. Mais, l’Australien n’a gagné que trop peu de points sur sa deuxième balle (37% contre 64% pour Nadal) pour surclasser son adversaire. On a tout de même pu voir des « Kyrgiosseries » comme ces amorties feintées qui sont plutôt des balles longues ou encore les sauts de cabris pour déposer la balle juste derrière le filet. Certaines plus réussies que d’autres évidemment. Lorsque l’humain prend le dessus sur l’enfant terrible, de très belles choses sont possibles. Qui plus est avec le talent intrinsèque de Nick Kyrgios. Lui le bad boy élu athlète le plus détesté en 2019, joueur le plus clivant de sa génération, est sur la voie de la rédemption.

Crédit photo : The New York Times
Jules BOURGAT

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