Extraordinaire, intouchable, intraitable… Voici une liste non-exhaustive des superlatifs pouvant décrire le début de saison de Tiril Eckhoff. A 29 ans, elle n’est pas débutante dans le biathlon, mais avant cette saison, était loin d’être une référence. Avec quelques faits d’arme à son actif, la Norvégienne détonne actuellement, à la plus grande surprise des observateurs. Dans la forme de sa vie, Eckhoff semble lancée comme un boulet de canon vers le Gros Globe de cristal.
Une biathlète irrégulière
Tiril est née le 21 mai 1990 à Baerum en Norvège. A l’image d’Obelix et la potion magique, elle est plongée dans le biathlon étant petite. Elle grandit dans une famille de biathlètes. Ses deux frères Stian et Kaja ont eux aussi connu le biathlon à haut niveau. C’est donc naturellement que Tiril se lance dans ce sport, très pratiqué en Norvège. Avant de devenir professionnelle, elle suit également des études d’ingénieur.
Sa carrière internationale débute en 2008 et son premier succès important arrive en 2010. Tiril est alors sacrée Championne d’Europe junior du sprint. Elle débute en Coupe du Monde en 2011 et obtient ses premiers podiums en individuel et en relais en 2013. Son premier succès arrive lors de la saison 2014-2015 avec une victoire sur le sprint d’Östersund. Avant cette saison, la Norvégienne ne connaît que six fois le succès en individuel sur la Coupe du Monde. Son meilleur classement général en fin de saison est une septième place. Tiril Eckhoff est donc une biathlète qui se range dans les rangs, trop irrégulière pour briller sur l’ensemble d’une saison. Mais elle possède des qualités connues de tous, illustrées par quelques succès notables.
Aux Jeux-Olympiques de Sotchi en 2014, la Norvégienne obtient trois médailles. Le bronze sur la Mass Start en individuel, et deux médailles en relais, dont une en or sur le relais Mixte. En 2018 à Pyeong Chang, elle obtient à nouveau le bronze sur la Mass Start et l’argent sur le relais mixte. Lors des épreuves de Championnats du Monde, Eckhoff connaît l’or en 2016 et l’argent en 2019. Ce sont ses deux seuls succès en individuel, auxquels s’ajoutent cinq médailles sur les relais, dont trois en or. Elle se distingue alors jusqu’ici plus par ses performances en équipe.

Une saison déjà record
Depuis novembre, Tiril Eckoff surprend et impressionne. Déjà dix victoires cette saison, dont six en individuel, soit autant que durant le reste de sa carrière. A noter également ses deux étapes parfaites au Grand Bornand et à Ruhpolding où elle s’impose à chaque fois sur les trois courses du week-end. Autre chiffre impressionnant, Tiril enchaîne cinq victoires entre le 14 et le 22 décembre, ne lâchant absolument rien à ses adversaires. Ajoutez à cela deux autres médailles d’argent et vous obtenez alors ce qui est la meilleure saison de la Norvégienne. Ultra précise au tir et intouchable sur les skis, elle a tout d’une machine. Première au classement général, elle fait le plein de confiance dans la quête de ce qui serait son premier Gros Globe. Elle ne veut cependant pas en entendre parler, bien que l’écart avec ses concurrentes continue à se creuser.
Quelles explications donner à ce phénomène et à cette année de rêve ?
L’irrégularité de ses adversaires permet en partie à Tiril Eckhoff de tirer son épingle du jeu. L’Allemande Laura Dahlmeier partie à la retraite, la finlandaise Kaisa Mäkäräinen sur le déclin, les cartes étaient redistribuées cette saison. Dorothea Wierer, Lisa Vittozzi ou encore Hannah Öberg étaient les favorites annoncées. La première, qui défend son Gros Globe, avait bien débuté sa saison mais n’a plus connu la victoire depuis le 13 décembre. Sa compatriote italienne Vittozzi passe elle complètement à côté de sa saison et se classe actuellement treizième. La Suédoise Öberg se classe troisième mais possède déjà 159 points de retard sur Tiril Eckhoff. Même la Française Justine Braisaz qui s’était annoncée comme une potentielle concurrente en début de saison peine à confirmer et manque de régularité chaque week-end. Eckhoff semble donc seule au monde en ce moment et écrase largement le reste du peloton.
Pointer du doigt ses concurrentes ne semble pas suffisant. Il faut aussi louer son travail car c’est surtout grâce à elle même si elle en est arrivée là aujourd’hui. On savait l’équipe de Norvège parfaitement entraînée, Tiril Eckhoff en est l’ultime exemple. L’entraîneur du tir de l’équipe norvégienne n’est autre que Siegfried Mazet, ancien entraîneur de l’équipe de France. Il réalise depuis 2016 un excellent travail et Tiril Eckhoff est cette année une des tireuses les plus précises. Sur les skis, son entraîneur est l’italien Patrick Oberegger, en poste pour sa deuxième saison. Il est selon elle la principale cause de cette réussite. Elle déclarait à la suite de l’étape du Grand Bornand « Je dois remercier Patrick Oberegger d’être à mes côtés, c’est grâce à lui que j’ai pu remporter ces victoires, nous avons tellement travaillé ».
Simple parenthèse enchantée ou alors début du renouveau pour Tiril Eckhoff ? Le plus dur est à venir pour la Norvégienne qui doit maintenant confirmer après ce début de saison en trombe.
