Si les Bleues ont été flamboyantes en Australie ce week-end du 9 Novembre pour s’adjuger la FED CUP 2019 face à l’équipe à domicile, le chemin pour en arriver là n’a pas été toujours étincelant. Des brouilles entre joueuses aux tirages difficiles, nos françaises ont su franchir chaque étape avec courage et envie pour atteindre la plus haute marche. La victoire n’en est que plus belle et le soulagement de voir le tennis français au sommet plus appréciable mais la copie aurait pu être bien plus terne sans quelques décisions capitales dans cette campagne éblouissante.
Des performances épiques en équipe
Le niveau de jeu de l’équipe de France en Fed Cup sur cette année 2019 est tout simplement remarquable. Que ce soit en simple ou en double, nos Françaises ont su hausser leur niveau de jeu face à des adversaires coriaces. D’autant plus que le contraste avec les performances sur le WTA tour est criant. Les leaders Caroline Garcia et Kristina Mladenovic ont déçues cette saison. 4ème mondiale en septembre 2018, Caroline Garcia pointe au-delà de la 40ème place mondiale à la fin d’une saison 2019 à oublier. Sur les vingt-cinq tournois qu’elle a disputé cette saison, elle a perdu douze fois d’entrée et n’a jamais remporté un tournoi. Au-delà du résultat, la manière a laissé bouche bée ses fans. Malgré une évidente volonté de bien-faire (peut-être trop), la Française a paniqué quand l’adversité est survenue. La seule performance sur laquelle elle aurait pu construire sa saison est d’ailleurs en FedCup face à Simona Halep en demi-finale. Malgré une défaite 6-7/6-3/6-4 dans un bras de fer de trois heures de jeu, elle avait trouvé son coup droit agressif qui a failli toute cette saison tout autant que son service. De son côté, Kristina Mladenovic s’est (enfin) trouvé un coach pour prendre du recul sur sa vision solitaire à laquelle elle s’était fiée depuis le début de sa carrière. Souvent dans le dernier carré des tournois auxquels elle a participé, elle n’a par contre jamais accompli de performances digne de ce nom et pointe à une 38ème place mondiale loin de ses objectifs de début de saison mais prometteuse. Le tacticien allemand lui a permis de développer sa palette de coup pour se libérer de la spirale négative qui la tourmentait depuis début 2017. Réussite à nuancer certes, mais réussite quand même.
Il n’y a donc aucune explication rationnelle au succès des Bleues en équipe de France mais c’est aussi ce qui en fait la beauté. Compétition vouée à être totalement repensée dans un futur proche, l’équipe de France en a peut-être écrit les dernières pages d’une belle manière. En quart de finale, les Françaises affrontaient la Belgique dans une affiche où elles étaient les favorites. Remise en confiance pour Caroline Garcia et Pauline Parmentier (122ème mondiale) car victoire nette et sans bavure sans concéder un seul match. C’est rassurant et surtout prometteur pour la suite. Par contre un questionnement perdure : Comment va s’organiser l’Equipe de France en double? Sans Caroline Garcia dans l’équipe depuis 2 ans, les capitaines ont enchaîné les combinaisons avec Kristina Mladenovic en point d’appui sans jamais trouver la clé. Pourtant, la Fed Cup se joue souvent sur le double décisif comme le prouve la finale perdue de 2016.
Crédit photo : Eurosport
En avril, le match face à la Roumanie de Simona Halep (n°2 mondial) s’annonce palpitant. La petite Roumaine tient son rang en remportant ses deux matchs en simple mais ses compatriotes s’inclinent face à Caroline Garcia et Pauline Parmentier. Kristina Mladenovic est préservée pour le double avec Caroline Garcia après sa défaite sèche face à la n°1 Roumaine. Malgré la perte du premier set, les Françaises ne craquent pas et renversent le sort de la rencontre, victorieuses en trois sets et 2h39 d’efforts (5-7, 6-3, 6-4). Un vrai travail d’équipe et une paire efficace pour s’offrir un ticket pour la finale à Perth, quoi rêver de mieux pour alimenter une fin de saison qui semblait fade pour le tennis féminin Français? En face, il y a l’Australie qui attend un sacre en Fed Cup depuis 45 ans. Il y a surtout Ashleigh Barty, n°1 mondiale, chez elle, à Perth, victorieuse de Roland-Garros en juin et du Masters le week-end précédent. Elle est impitoyable pour ouvrir le bal face à Caroline Garcia (6-0 6-0). Le show Mladenovic peut commencer. Elle ramène la France à un partout en toute facilité et dépasse ses limites pour vaincre Ashleigh Barty au terme d’un match légendaire (2-6 6-4 7-6). Si Pauline Parmentier ne parvient pas à conclure en simple, la paire Garcia-Mladenovic conclut une campagne qui marquera la carrière de ces joueuses. 6-3 6-4, jeu, set et merci mesdames.
Des brouilles mises de côté
Après la finale, Caroline Garcia a tenu à mettre en avant le succès hors du terrain avant tout. » On a réussi à mettre tous nos différends et nos égos de côté. » Les Françaises ont vu dans leur succès en duo un clin d’œil du destin, trois ans après avoir acté l’échec des Bleues en perdant un double décisif en finale. Il est trop tôt pour savoir si leur relation, pas toujours au beau fixe ces dernières saisons, est durablement restaurée mais le trophée qu’elles ont soulevé est rempli de promesses. A la suite de cette finale de 2016, Caroline Garcia avait annoncé qu’elle ne participerait pas à la Fed Cup en 2017 pour se « concentrer sur sa carrière en simple ». Les autres joueuses Françaises ont eu du mal à accepter cette décision. La preuve, elles ont réagi sur les réseaux sociaux en commentant « LOL » sur la publication Twitter de Caroline Garcia. Cette année, le retour de Caroline Garcia a été observé à la loupe. Si on ne peut pas dire qu’elles soient déjà meilleures amies, les françaises sont au moins complémentaires et se focalisent sur le bien de l’équipe.
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Les remplaçantes ont également fait preuve d’un état d’esprit remarquable. Réduites au rôle de joker par le retour de Caroline Garcia, Pauline Parmentier et Alizée Cornet n’ont pas contesté leur rôle et ont même contribué à la réussite de cette campagne 2019. En demi-finale, c’est Pauline Parmentier qui égalise à 2-2 avant le double décisif. A 33 ans, la Nordiste a partagé son expérience et sa sérénité pour mener cette équipe de France au sommet. « Cette épreuve, c’est un peu une bulle pour moi qui suis en fin de carrière, confie-t-elle. C’est pour ce genre d’instants que je suis encore sur le circuit même si les derniers mois ont été difficiles. Il y a un effet de groupe qui me fait du bien. » Esprit d’équipe retrouvé et envie collective de triompher, le mental de l’équipe de France était au beau fixe cette saison. La nomination de Julien Benneteau, 33 ans et récemment retraité, au poste de capitaine n’est sûrement pas un hasard à la cohésion du groupe.